Rêves d'Espace

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L’actualité spatiale de la semaine des 1er et 8 janvier 2018 : Zuma et Falcon 9, Long March x3, PSLV et 31 satellites, Dragon CRS-13

La première semaine de janvier ayant été plutôt calme côté spatial, a contrario de la seconde, voici le résumé des 15 derniers jours.

Premier lancement de l’année pour Falcon 9

Alors que la Falcon 9 est le lanceur ayant effectué le plus de vol en 2017, c’est elle qui a inauguré l’année 2018.

Un lancement très secret toutefois car la charge utile de ce décollage répondait au nom de Zuma, mais à part qu’elle a été construite par Northrop Grumman et qu’elle devait être mise sur orbite basse, on n’en sait pas plus. Même l’agence NRO (National Reconnaissance Office) habituée aux satellites secrets a déclaré qu’il n’était pas à elle. Son lancement était prévu initialement en 2017, mais avait été reporté en raison d’investigations sur la coiffe. Pas plus d’éléments de SpaceX de ce côté-là non plus.

Le décollage a eu lieu le lundi 8 janvier à 1h00 UTC depuis le pas de tir LC-40 de Cap Canaveral. Après quelques minutes de vol, c’est « silence radio » sur la suite de la mission.

Zuma Mission

Décollage Falcon 9 / Zuma le 8/01/2018 (credit SpaceX)

Entre temps, le premier étage a réussi son atterrissage retour sur Terre en « Landing Zone 1 » (LZ1), la separation du second étage ayant eu lieu à 2 minutes et 19 secondes de vol.

Zuma Mission

21e atterrissage réussi pour le premier étage Falcon 9 le 08/01/2018

Depuis le lancement, plusieurs rumeurs et déclarations sur internet et Twitter laissent entendre que Zuma serait perdu. SpaceX a déclaré que sa Falcon 9 a fonctionné correctement. Le constructeur de Zuma, Northrop Grumman, n’a fait aucun commentaires à cause du caractère secret de la mission.

La Chine démarre 2018 avec 3 lancements

La semaine chargée de la Chine a commencé mardi 9 janvier avec le décollage d’une Long March 2D depuis le Taiyuan Satellite Launch Centre à 3h24 UTC.

Décollage de Long March 2D / Superview-1 03/04 du 09/01/2018 (credit Xinhua/Cao Yang)

Deux satellites d’observation de la Terre, SuperView-3 et 4 ou Gaojin-3 et 4 selon la dénomination, ont été mis sur orbite basse à environ 530 km d’altitude. Ils vont rejoindre les satellites lancés en décembre 2016, pour constituer à terme une constellation dénommée « 16 + 4 + 4 + X » de télédétection civile, qui devrait être au final composée de seize satellites de résolution optique de 0.5m, quatre satellites optiques haut de gamme, quatre satellites radar à ouverture synthétique et des satellites supplémentaires en capacité vidéo. Les satellites « SuperView » sont conçus pour recueillir des images en noir et blanc avec une résolution de moins de 50 centimètres (2 mètres pour les images en couleurs), faisant d’eux les satellites d’observation de la Terre civils de la plus haute résolution lancés par la Chine.

Ce lancement aurait dû avoir lieu plus tôt mais l’échec partiel du lancement précédent ayant diminué la durée de vie des 2 premiers satellites, le tir a été décalé de mi-2017 à début 2018.

Le second lancement a eu lieu le jeudi 11 janvier à 23h18 UTC (vendredi 12 à 7h18 heure locale) depuis le centre de lancement des Satellites de Xichang.

Décollage Long March 3B / Beidou-3 du 11/01/2018 (credit (Xinhua/Liang Keyan)

Deux nouveaux satellites de navigation BeiDou, l’équivalent chinois du GPS, ont été lancés par une Long March 3B. Il s’agissait des 26 et 27e satellites de la constellation sur 35 prévus. La Chine a prévu de lancer 16 autres Beidou en 2018.

Des images du lieu de retombée d’un booster du lanceur ont été publiées sur les réseaux sociaux depuis un village à environ 700 km de la base de lancement. Il n’est pas rare que des morceaux de lanceurs chinois retombent non loin d’habitations en raison de la localisation des zones de lancements. C’était même voulu en temps de Guerre Froide pour éviter que la technologie ne retombe dans des « mains » hostiles. Même si les autorités chinoises préviennent les habitants concernés, ceux-ci s’approchent pourtant des résidus fortement toxiques (mélange de gaz dont de l’hydrazine brûlée, fortement cancérigène). La nouvelle base de lancement de Wenchang située en bord de côte permet d’éviter ces risques.

https://twitter.com/cnspaceflight/status/951700575015419904

Le 3e lancement en 5 jours s’est produit avec une Long March 2D et le satellite LKW-3 le 13 janvier à 7h10 UTC depuis le centre de lancement des satellites de Jiuquan, 3e base de lancement chinoise.

Décollage Long March 2D / LKW-3 le 13/01/2018 (credit Xinhua/Wang Jiangbo)

LKW-3 a été placé sur une orbite héliosynchrone, et serait le 3e satellite pour « l’exploration par télédétection des ressources terrestres« selon les médias officiels, après les 2 premiers lancés les 3 et 23 décembre dernier.

https://youtu.be/hUgSJMJUKu4

L’Inde lance son 100e satellite

Quatre mois après un échec, le retour en vol du lanceur indien PSLV (Polar Satellite Launch Vehicle) était attendu. Succès au rendez-vous ce 13 janvier avec le décollage à 3h59 UTC depuis le Satish Dhawan Space Center (Sriharikota).

Décollage le 12/01/2018 de PSLV et de 31 satellites dont Cartosat-2F (credit ISRO)

Le satellite Cartosat-2F, le 7e d’une constellation pour l’observation de la Terre avec des applications militaires et civiles, a été placé sur orbite basse.

Il y avait aussi 30 co-passagers, 4 microsatellites et 26 nanosatellites provenant du Canada (1), de la Finlande (1), de la France (1), de la Corée du Sud (5), du Royaume-Uni (1) et des États-Unis (19) ainsi que de l’Inde (2) (détails dans la brochure de la mission PSLV C-40).

Mise sous coiffe des 31 satellites de la PSLSV C-40 (credit ISRO)

Parmi eux, le cubesat 3U français PICSAT, développé à l’Observatoire de Paris, est un mini-télescope pour étudier en continu l’étoile Beta Pictoris, son exoplanète et son disque de matière. A découvrir ici : À l’assaut des mystères du système de Beta Pictoris.

Le lancement et le déploiement des satellites avec une caméra embarquée :

Encore un satellite NROL

Un nouveau satellite pour la NRO (National Reconnaissance Office), le NROL-47, a été placé sur orbite le 12 janvier par une Delta IV qui avait décollé de la base Air Force de Vandenberg en Californie (USA) à 22h11 UTC., après plusieurs jours de report.

Lancement Delta IV / NROL 47 le 12/01/2018 (credit ULA/Jeff Spotts)

On sait très peu de chose sur le satellite NROL-47. Il servira probablement à faire de l’imagerie par tous temps pour les forces armées américaines. La trajectoire de la Delta 4 vers le sud-ouest suggérait qu’il était destiné à une orbite rétrograde à inclinaison élevée inhabituelle qui permettrait au satellite de voler dans la direction opposée de la rotation de la Terre.

Trois lancements Delta IV sont prévus d’ici la fin de l’année dont le lancement le 31 juillet de la sonde Parker Solar Probe avec une Delta IV Heavy.

Les flammes le long du lanceur au décollage sont très impressionnantes. Si vous voulez en savoir plus, je vous recommande cette vidéo :

Départ du cargo Dragon CRS-13 de l’ISS

Samedi 13 janvier, le cargo de ravitaillement dragon CRS-13 a terminé sa mission à la Station Spatiale Internationale. Il était arrivé le 17 décembre à l’ISS. Il a été désamarré le vendredi par le bras robotique Canadarm, piloté pour la première fois pour cette opération depuis le sol et non par les astronautes à bord de l’ISS.

A 9h58 UTC le samedi, il a été libéré et a commencé son vol libre puis propulsé vers la Terre.

https://youtu.be/MujT405LjzY

Contrairement aux autres cargos de ravitaillement, le Dragon est le seul qui est récupéré à ce jour. Il a amerri dans l’Océan Pacifique à 15h36 UTC à environ 625 km des côtes californiennes.

Il ramène sur Terre près de 1850 kg de fret dont 913 kg d’expériences réalisées à bord de l’ISS qui nécessitent d’être analysées en laboratoires. Un groupe de 20 souris, bénéficiant d’un système pour les maintenir en vie à l’intérieur du Dragon, sera notamment étudié après avoir bénéficié en orbite d’un nouveau médicament pour ralentir et/ou inverser l’atrophie musculaire, phénomène observé chez certains malades ou chez les astronautes subissant un vol spatial de longue durée. Un deuxième groupe de souris poursuit actuellement son séjour à bord de l’ISS mais n’aura pas de billet retour.

Il s’agissait du 2e vol pour ce cargo Dragon numéro C108.2 qui avait déjà été utilisé lors de la mission CRS-6 en avril 2015.

En bref

  • Le 5 janvier, la Chine a fêté les 20 ans de la formation de son corps d’astronautes. Seuls les 11 taïkonautes ayant déjà volé étaient présents sur les photos officielles.
Les 11 astronautes chinois ayant réalisé au moins un vol dans l’espace lors de la célébration des 20 ans de la formation du corps des astronautes à la Cité de l’Espace de Pékin en janvier 2018 (credit Chinanews)
  • LinkSpace Aerospace Technology Group, une entreprise chinoise privée, a réalisé un premier décollage et atterrissage captif de sa petite fusée réutilisable le New Line 1 dont le vol inaugural est prévu en 2020.

  • L’avion spatial SpaceShipTwo « VSS Unity » de Virgin Galactic a réalisé un septième vol libre, sans propulsion, le 11 janvier. Ce vol plané a testé la performance, la stabilité et le contrôle du vol transsonique. Le VSS Unity a accéléré jusqu’à Mach 0,9, la vitesse maximale sans allumage du moteur de la fusée. Il semblerait que le premier vol avec propulsion ne soit plus très loin.

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3 réflexions sur “L’actualité spatiale de la semaine des 1er et 8 janvier 2018 : Zuma et Falcon 9, Long March x3, PSLV et 31 satellites, Dragon CRS-13

  • Michel Clarisse

    NB : LKW = Ludi Kancha Weixing = Land Surveillance Satellite.

    NB : NROL-47 serait Topaz-5 également dénommé FIA-Radar 5 (FIA = Full Imagery Architecture).
    Les Topaz-1 à 4 sont les NROL-41, 25, 39 et 45 (lancés dans cet ordre), autrement dit les USA-215, 234, 247 et 267.

    NB : le 1er groupe de taïkonautes (taikongren / yuangyuan) chinois fut constitué officiellement le 5 janvier 1998. Ils étaient 14 parmi lesquels deux instructeurs, Wu Jie et Li Qinglong, déjà sélectionnés le 19 novembre 1996 (voire dès 1994…).
    Ceci dit, il s’agissait en réalité du 4e voire du 5e groupe de taïkonautes, le 1er ayant été constitué en mai 1971 pour le programme Shuguang qui fut abandonné suite au soi-disant coup d’état manqué de Lin Biao. Il comprenait de 18 à 20 taïkonautes et je connais les noms de 18 d’entre eux.
    Un 2e groupe avait été formé à la fin des années 70 puis un 3e en 1986 et, je le suppose, un 4e en 1995-96 (les deux instructeurs susnommés en faisant partie). Certains de ceux du groupe formé « à la fin des années 70 » auraient dû voler en 1981, c’est-à-dire la même année que la navette spatiale US. Ils restent toujours inconnus, près de 40 ans après, contrairement à ceux du groupe « Shuguang ».
    Il faut donc croire que la Chine a appliqué en la matière le principe bien connu « Du passé, faisons table rase ! » (autrement dit : « Cong guoqu rang women yi sao yi sao ! »)
    Actuellement, 13 taïkonautes sont en activité : 6 du groupe du 5 janvier 1998 et les 7 (dont 2 femmes) du groupe du 8 mars 2010. Le 3e groupe (officiel) de taïkonautes sera formé cette année. Il devrait comprendre de 8 à 10 membres dont 2 femmes (ce qui en fera 4).

    NB : pour le vol du 11 janvier, les deux pilotes du VSS « Unity » étaient Mark P. « Forger » Stucky et Michael « Sooch » Masucci.
    Stucky avait fait partie des finalistes (présélectionnés) des groupes 13, 14 et 15 de la NASA (en 1990, 92 et 94). Je suppose que Masucci fit lui aussi partie des candidats astronautes. A vérifier.

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  • Hmmm… Tu es sûre que c’était la première fois que le SSRMS était piloté depuis le sol ? Il me semble que c’est toujours le cas pour les largages de vaisseaux Dragon ou Cygnus.

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    • idariane

      Cela a été annoncé par la NASA sur Twitter et dans son blog sur l’ISS : « Acaba and Tingle will monitor Dragon’s departure Saturday morning from inside the cupola as controllers on Earth release a cargo craft remotely from the space station for the first time.« .

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