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Nouveau report pour le Starliner de Boeing

Après un premier vol réussi en mai 2022 du vaisseau Starliner de Boeing à destination de la Station Spatiale Internationale, sans équipage, le premier vol habité est très attendu. Mais il faudra encore attendre car de nouvelles anomalies perturbent encore le planning.

Le dernier planning prévoyait un vol CFT-1, Crew Flight Test 1, au 21 juillet, mais coup de tonnerre, la NASA et Boeing annoncent ce jeudi 1er juin un nouveau report, et sans donner de date prévisionnelle. En cause, 2 grosses anomalies décelées ces dernières semaines et le planning des réparations n’est pas encore connu.

2 anomalies de sécurité

Lors d’une revue avant l’autorisation de charger en carburant le vaisseau Starliner, la NASA et Boeing ont revu les points ouverts et les anomalies. Ils ont décidé de reporter le lancement prévu le 21 juillet car 2 anomalies ont été déclarées critiques. Cependant, 95% des sujets soumis à certification pour des vols habités étaient terminés.

Problème avec le système de parachutes

Des tests et des analyses récents lors de la certification finale du système de parachutes du Starliner ont révélé que les lignes reliant les trois parachutes principaux à la capsule de l’équipage ne sont pas aussi robustes que prévu. Ils ne seraient pas en capacité de supporter 2 fois la charge attendue, ce qui pourrait être le cas lors du non déploiement d’un parachute sur les 3 (cas dégradé).

Boeing Orbital Flight Test-2 Landing (NHQ202205250013)
Atterrissage sous parachutes du Starliner OFT-2 en mai 2022 (crédit NASA/Bill Ingalls)

Les techniciens de Boeing devront probablement retirer les parachutes de la capsule Starliner, les obligeant à retirer le bouclier thermique avant. Sachant qu’elle était déjà connectée au module de service, un découplage sera alors nécessaire.

Le Starliner CFT-1, après la fixation du module d’équipage avec le module de service plus tôt cette année (crédit : Boeing / John Grant)

A moins que la NASA et Boeing réévaluent les marges du système de parachutes du Starliner sur la base de nouvelles revues des données de certification.

Une protection inflammable

Il a été découvert qu’une protection de câbles, le P-213 de 3M, contient un adhésif inflammable dans certaines conditions de vol. Cet adhésif, utilisé pour protéger des dizaines de câbles contre les frottements, est couramment utilisé dans le spatial. La NASA et Boeing sont en train d’évaluer les risques.

Le CST-100 Starliner de Boeing, le premier à transporter un équipage, en construction chez Boeing au Kennedy Space Center de la NASA à Cap Canaveral, en Floride en août 2018 (crédit : Space.com/Amy Thompson)
On voit bien une partie du câblage

En complément, les équipes doivent remplacer une valve sur le système de commande thermique actif, qui est situé dans le module de service Starliner et est utilisé pour faire couler du liquide de refroidissement dans le système pour refroidir l’avionique embarquée. Cette valve limitait le débit de l’une des deux boucles redondantes. Ce remplacement n’a pas d’impact sur le planning général selon le communiqué de la NASA.

Un programme mis à mal par énormément de retards

Sélectionné en 2010 par la NASA avec SpaceX et son Crew Dragon, Boeing Space a développé un vaisseau de nouvelle génération, le Starliner, pour transporter des astronautes de l’agence spatiale américaine et de ses partenaires vers l’orbite basse. En décembre 2019, le premier essai sans équipage à bord, l’OFT-1 (Orbital Flight Test), est un échec vis-à-vis de l’objectif : le vaisseau n’atteint pas l’orbite et ne peut rejoindre l’orbite de l’ISS et s’y amarrer. Ce sont des anomalies logicielles multiples qui en sont la cause. Le premier vol réussi, l’OFT-2 a lieu près de deux ans et demi après l’OFT-1, et ça c’était il y a plus d’un an.

De son côté, Crew Dragon en est déjà à son 6e vol commercial (Crew-6) à destination de l’ISS (plus Demo-2), et à déjà emmené 3 équipages pour des vols 100% privés (Inspiration4, Ax-1 et Ax-2), soit 38 astronautes transportés. La mission Crew-7 doit décoller en août. Et aucun astronaute à ce jour pour Boeing… SpaceX hérite toutefois de l’expérience du cargo Dragon pendant plusieurs années alors que Boeing partait presque de 0.

En raison d’un contrat à prix fixe avec la NASA, Boeing est responsable des dépassements de coûts et des pertes dues aux retards persistants. Et donc cela doit coûter cher à l’entreprise.

Selon Ars Technica, Boeing se retrouve face à 3 options :

  • Obtenir la certification de la NASA avec un premier vol de démonstration habité, CFT-1, comme prévu.
  • Arrêter le programme Starliner et rembourser en partie la NASA des fonds alloués pour le développement du vaisseau
  • Doubler l’investissement pour effectuer le vol rapidement et assurer les 6 vols commerciaux contractualisés avec la NASA et produire d’autres vaisseaux pour des missions 100% privées (il n’y a que 2 vaisseaux développés actuellement).

Boeing fait face à une difficulté supplémentaire : l’arrêt des lanceurs Atlas V après les 6 missions commerciales, et le retard du lanceur Vulcan d’ULA qui ne sera pas certifié de suite pour du vol habité. Il faut donc aussi que Boeing trouve un nouveau lanceur pour son vaisseau.

Malgré les retards, la NASA a toujours un “engagement indéfectible envers le programme Starliner“, a déclaré Steve Stich, directeur du programme Commercial Crew (CCP) de la NASA. “La NASA a désespérément besoin d’un deuxième fournisseur pour le transport de l’équipage“.

A suivre… Suni Williams et Butch Wilmore vont devoir patienter encore.

Une réflexion sur “Nouveau report pour le Starliner de Boeing

  • Michel Clarisse

    Certes, Boeing partait presque de zéro pour le Starliner mais cette société bénéficie tout de même indirectement de l’expérience de North American qui fut le constructeur des capsules Apollo.

    En effet, North American devint North American Rockwell en 1967 (l’année de l’accident d’Apollo-1…) puis Rockwell International en 1973 et finit par être absorbé par Boeing en 1996.

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