Rêves d'Espace

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ISS, CSS & vols habités en orbite basseLa Chine spatialeLancements

L’actualité spatiale de la semaine du 29 janvier au 4 février : Falcon 9, Soyouz, Long March, EVA russe, SS-520

Une semaine encore bien active côté lancements et un nouveau record en sortie spatiale à l’ISS.

Falcon 9 décolle malgré les préparatifs de la Falcon Heavy

Bien que les yeux des passionnés de lancements soient tournés vers le décollage annoncé ce 6 février de la Falcon Heavy, SpaceX ne continue pas moins les lancements commerciaux de sa Falcon 9.

Une Falcon 9 (à gauche) et une Falcon Heavy pour la première fois sur leurs pas de tir respectifs au Kennedy Space Center en Floride (credit Ken Kremer)

Mercredi 31 janvier, une Falcon 9 a décollé du Kennedy Space Center en Floride à 21h25 UTC.

GovSat-1 Mission

Lancement Falcon 9 / GovSat-1 du 31/01/2018 (credit SpaceX)

Le lancement a eu lieu après un report de 24 heures dû à la détection d’une anomalie

C’est la 6e fois que SpaceX utilisait un booster ayant déjà volé auparavant. Cette fois-ci, le booster 1032 avait été utilisé lors du lancement de NROL-76 du 1er mai 2017. Il n’était pas prévu de récupérer une seconde fois le booster. Le premier étage était toutefois équipé de pieds d’atterrissage et d’ailerons, et a effectué une rentrée atmosphérique contrôlée avec forte poussée de 3 de ses moteurs. Contre toute attente, l’étage ne semblait pas s’être abîmé en mer finalement :

Le booster 1032 dans l’Océan Atlantique après son vol du 31/01/2018 et dont la récupération n’était pas prévue sur la barge-drone de SpaceX (credit SpaceX)

GovSat-1, ou SES 16, construit par Orbital ATK mis sur orbite de transfert géostationnaire, devrait commencer à être actif sur son orbite définitive d’ici mi-février. Il fournira pendant 15 ans minimum des communications cryptées et inviolables pour les institutions gouvernementales européennes et les membres de l’OTAN à travers l’Europe, l’Afrique, le Moyen-Orient et de vastes étendues des océans Atlantique et Indien.

Soyouz réussit à nouveau depuis Vostochny

Le 1er février à 2h07 UTC, une Soyouz 2.1A a décollé depuis le Cosmodrome de Vostochny. Il s’agissait du retour en vol du lanceur depuis ce nouveau centre de lancement (seulement 3 décollages à son actif avec ce dernier) depuis l’échec de novembre 2017.

Lancement Soyouz / Kanopus 3&4 et autres petits satellites le 01/02/2018 (credit Roscosmos)

L’étage supérieur Fregat a mis sur orbite sans anomalie les 2 satellites russes Kanopus-V No. 3 et 4 ainsi que 9 charges utiles secondaires. Kanopus 3 et 4 sont des satellites d’observation de la Terre pour le gouvernement russe pour la gestion des catastrophes, la cartographie, la détection des incendies de forêt et la surveillance des ressources. Deux autres satellites devraient être lancés dans l’année pour compléter la constellation de ces satellites sur des plans orbitaux différents.

Les satellites Kanopus 3 et 4 et les 9 autres charges utiles sur l’étage supérieur Fregat avant mise sous coiffe (credit Roscosmos)

Les 9 autres passagers étaient constitués de 4 microsats S-NET de L’université technique de Berlin, 4 cubesats Lemur-2 pour Spire Global et un cubesat 3U D-Star ONE v1.1 Phoenix de German Orbital Systems.

Sixième lancement chinois en 2018

Et encore un lancement pour la Chine. Cette fois-ci, la Long March 2D a décollé le 2 février à du centre de lancement des satellites de Jiuquan.

Lancement Long March 2D / et charges utiles secondaires le 02/02/2018 (credit Xinhua/Wang Jiangbo)

La principale charge utile de ce lancement est le satellite Zhangheng-1, ou CSES pour China Seismo-Electromagnetic Satellite, d’après le nom de Zhang Heng (78-139), un grand penseur chinois, astronome et sismologue pionnier. Ce satellite construit en collaboration entre l’administration nationale spatiale chinoise (CNSA) et l’agence spatiale italienne (ASI), va surveiller les phénomènes électromagnétiques et atmosphériques, et permettre des études pour la corrélation de ces phénomènes avec l’apparition d’événements sismiques.

Les 2 cubesats GomX-4A et GomX-4B, construits par l’entreprise danoise GomSpace ont aussi fait partie du lancement. Le premier servira à récolter des données sur les mouvements d’avions et de navires dans la région arctique pour le gouvernement danois, et le second est un satellite expérimental pour l’ESA.

ÑuSat 4 et ÑuSat 5, surnommés Ada et Maryam d’après la mathématicienne et écrivaine anglaise Ada Lovelace, célèbre pour ses contributions précoces à l’informatique, et Maryam Mirzakhani, mathématicienne iranienne récemment décédée, étaient également passagers du lanceur. Ces satellites argentins de Satellogic vont rejoindre 3 précédents satellites lancés en mai 2016 et juin 2017 pour la constellation d’observation de la Terre Aleph-1.

Fengmaniu-1 et Shaonian Xing (« satellite de la jeunesse ») ont complété les charges utiles secondaires, respectivement comme cubesat 3U de démonstration pour Linkspace et cubesat 2U construit selon les suggestions de jeunes écoliers chinois.

Record de durée dans l’espace pour deux cosmonautes

Le 2 février, Alexander Misurkin et Anton Shkaplerov ont réalisé un nouveau record de durée en sortie spatiale à la Station Spatiale Internationale avec 8 heures et 13 minutes.

A lire dans ISS : un nouveau record pour 2 cosmonautes

Image de la sortie spatiale russe du 02/02/2018 via le forum Nasaspaceflight.com
Image de la sortie spatiale russe du 02/02/2018 via le forum Nasaspaceflight.com

SS-520, la plus petite fusée orbitale au monde, réussit son second lancement

Après un premier échec en janvier 2017, c’est le succès pour la plus petite fusée orbitale au monde. SS-520, une fusée-sonde japonaise reconvertie, a décollé le 3 février à 5h03 UTC depuis le Uchinoura Space Center. Cette petite fusée de 9,5 m de haut et d’environ 52 cm de diamètre a été principalement développée pour le lancement de cubesats, marché en pleine émergence [lire Cubesat, c’est quoi ? ça sert à quoi ?].

Lancement SS-520 / Tricom-1R du 03/02/2018 (credit JAXA)

TRICOM 1R a été mis avec succès sur orbite basse environ 191 km x 2010 km x 30,9°. Il s’agit de la réplique du cubesat perdu lors du précédent vol, et emporte une radio de communication et de transmission et une caméra d’imagerie de la Terre.

En bref

Décès du premier cosmonaute ukrainien

Le 31 janvier, le premier cosmonaute ukrainien Leonid Kadenyuk est mort à l’âge de 67 ans.

L’équipage de Columbia STS-87 (De gauche à droite) Takao Doi, Kalpana Chawla (décédée dans l’accident de Columbia le 1er février 2003), Steven W. Lindsey, Leonid Kadenyuk, Kevin R. Kregel (le commandant de la mission) et Winston E. Scott (credit NASA)
Il avait été sélectionné dans 3 groupes successifs : TsPK / VVS-6 en août 1976, groupe spécialement formé en vue du programme de navette spatiale russe Buran (Bourane), puis transféré au groupe GKNII-1 en octobre 1988, affecté au programme « Soyuz-TM-Spasatel » (Soyouz de sauvetage) de novembre 1990 à mai 1992, puis au groupe ukrainien NKAU-1 en mars 1996, pour une mission à bord de navette spatiale américaine Columbia STS-87 / USMP-4 avec laquelle il vola pendant 2 semaines du 19 novembre au 5 décembre 1997. Il devint à cette occasion le 266e homme de l’espace (vols orbitaux seuls). Sur les 553 hommes de l’espace (vols orbitaux seuls) ayant volé à ce jour, il est le 92e à être décédé. [Merci Michel C. pour les informations]

A lire : Vol dans l’espace du premier astronaute de l’Ukraine Leonid Kostiantynovich Kadenyuk – Comment c’était? et Rencontre avec le cosmonaute Leonid Kadeniouk

IMAGE, un satellite ressuscité

La plasmasphère terrestre et son panache mesurés par l’imageur ultraviolet d’IMAGE (Credits: Sandel, B. R., et al., Space Sci. Rev., 109, 25, 2003)
Le 20 janvier, Scott Tilley, un astronome amateur et « traqueur de satellite », à la recherche de la charge utile secrète Zuma lancée début janvier par une Falcon 9, reçoit un signal radio étrange. Il recherche l’origine de ce signal et pense au satellite IMAGE qui a cessé d’émettre officiellement depuis le 18 décembre 2005.
La NASA a confirmé le 30 janvier qu’il s’agit bien de son satellite scientifique IMAGE (Imager for Magnetopause-to-Aurora Global Exploration). Douze ans après « sa mort », le Johns Hopkins Applied Physics Lab dans le Maryland a réussi à recevoir à nouveau de la télémétrie du satellite confirmant l’identité du satellite : ID 166, l’ID pour IMAGE. L’équipe de la NASA a été en mesure de lire quelques données de base suggérant qu’au moins le système de contrôle principal est opérationnel. D’autres analyses des données sont en cours.
IMAGE se trouve dans une orbite polaire elliptique de 1460 x 45410 km x 94,0 degrés. Pendant les 5 ans de sa mission, les données recueillies ont conduit à une quarantaine de nouvelles découvertes sur la magnétosphère et la plasmasphère terrestres.
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Une réflexion sur “L’actualité spatiale de la semaine du 29 janvier au 4 février : Falcon 9, Soyouz, Long March, EVA russe, SS-520

  • Michel Clarisse

    NB : en réalité, le premier cosmonaute ukrainien fut Pavel R. Popovich mais il était alors considéré comme soviétique. Il fut suivi de beaucoup d’autres. Pour ma part, j’en recense 21 qui sont soit ukrainiens, soit nés en Ukraine, plusieurs d’entre eux ayant en fait la nationalité russe, ce qui est source de complications, vu les « tensions » pour ne pas dire la guerre entre ces deux pays…

    Ces 21 cosmonautes (parmi ceux qui sont allés dans l’espace) ukrainiens ou nés en Ukraine (y compris en Crimée…) sont : Popovich, Beregovoy (devenu russe en 91), Shonin, Dobrovol’skiy, Zholobov, Lyakhov, Popov, Kizim, Volk, Vasyutin, Aleksandr A. Volkov, Levchenko, Artsebarskiy, Tsibliyev, Malenchenko, Gidzenko, Onufriyenko, Kadenyuk (le 18e), Kotov, Sergei A. Volkov et Shkaplerov.

    On pourrait y ajouter l’Américaine Heidemarie Stefanyshyn-Piper qui est d’ascendance ukrainienne. En ce cas, elle serait, juste après Kadenyuk, la 19e sur 22.

    Toujours est-il que Leonid K. Kadenyuk est bien le seul à avoir volé en tant qu’Ukrainien et, qui plus est, en tant qu’astronaute !…

    ***

    A noter que, suite à de nouveaux changements dans la composition des équipages, ceux des missions Soyuz MS-08 à 15 sont désormais les suivants :

    – Soyuz MS-08 / ISS 55-56 : Oleg G. Artem’yev (2e vol) – Andrew J. Feustel (3e vol) – Richard R. Arnold II (2e vol) ;
    – Soyuz MS-09 / ISS 56-57 : Sergey V. Prokop’yev (1er vol) – Alexander Gerst (2e vol) – Serena M. Aunon-Chancellor (1er vol) ;
    – Soyuz MS-10 / ISS 57-58 : Aleksey N. Ovchinin (2e vol) – Nikolay V. Tikhonov (1er vol) – Tyler N. Hague (1er vol) ;
    – Soyuz MS-11 / ISS 58-59 : Oleg D. Kononenko (4e vol) – David Saint-Jacques (1er vol) – Anne C. McClain (1er vol) ;
    – Soyuz MS-12 / ISS 59-60 : Oleg I. Skripochka (3e vol) – Andrey N. Babkin (1er vol) – Shannon B. Walker (2e vol) ;
    – Soyuz MS-13 / ISS 60-61 : Aleksandr A. Skvortsov, Jr. (3e vol) – Luca S. Parmitano (2e vol) – Andrew R. Morgan (1er vol) ;
    – Soyuz MS-14 / ISS 61-62 : Andrey I.Borisenko (3e vol) – Nikolay A. Chub (1er vol) – Christina M. H. Koch (née Hammock) (1er vol) ;
    – Soyuz MS-15 / ISS 62-63 : Sergey N. Ryzhihov (2e vol) – Jessica U. Meir (1er vol) – Soichi Noguchi (3e vol).
    (sous réserves car sources contradictoires)

    On remarquera que, outre Jeanette Epps, au moins trois Russes qui avaient été affectés précédemment à de futurs vols ne figurent plus dans cette liste. Il s’agit de Sergey V. Kud-Sverchkov, Denis V. Matveyev et Ivan V. Vagner. Que deviennent-ils ?

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