Rêves d'Espace

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Tianzhou-1 le premier ravitailleur spatial chinois

Pour la première fois de son histoire, la Chine a envoyé un cargo ravitailleur à destination de son laboratoire spatial actuellement en orbite, Tiangong 2.

Le cargo chinois Tianzhou-1 en cours d’assemblage (credit CCTV)

Tiangong 2, lancé le 15 septembre 2016, en orbite à 390 km d’altitude, n’est pas tout à fait une station spatiale car elle ne compte qu’un module en permanence en orbite et n’est pas constamment habitée. Deux taïkonautes y ont séjourné à l’automne dernier pendant 1 mois seulement [lire Shenzhou 11 et ses 2 taïkonautes revenus sur Terre].

Un lancement sur la 2e fusée Long March 7

Le décollage du cargo nommé Tianzhou-1, le « navire céleste », a eu lieu le 20 avril à bord d’une fusée Long March 7 depuis la base de lancement de Wenchang. Il s’agissait du second vol de la Long March 7 et seulement du 3e décollage depuis la base de Wenchang inaugurée en juin 2016.

Tianzhou-1 est la plus grosse charge utile jamais lancée à ce jour par la Chine avec 12910 kg pour le cargo (Tiangong-2 ne pèse que 8 600 kg).

Lancement Long March 7/ Tianzhou-1 le 20/04/2017 (credit Xinhua)

Le cargo a été rapidement mis sur orbite après seulement 10 minutes de vol.

Amarrage automatique réussi

Le samedi 22 avril, l’amarrage du cargo Tianzhou-1 a été réalisé de façon automatique, sous la surveillance de contrôleurs au sol depuis Pékin.

L’amarrage automatique de Tianzhou-1 à Tiangong-2 expliqué : rencontre, capture, amarrage, fermeture et verrouillage (credit Xinhua)

L’amarrage complet a eu lieu à 4h23 UTC. Sa mission principale de ravitaillement devrait commencer dès le 23 avril.

Approche du cargo chinois Tianzhou-1 au laboratoire spatial Tiangong-2 (credit Xinhua/Wang Sijiang)
Amarrage réussi du premier cargo chinois Tianzhou-1 au laboratoire spatial Tiangong-2 (credit Xinhua/Wang Sijiang)

Ravitailler mais aussi des expériences

Les principaux objectifs de la mission de Tianzhou-1 sont la livraison autonome de fret et le test du transfert de carburant propulseur liquide au laboratoire spatial Tiangong-2 en microgravité, un processus et une technologie cruciaux pour la maintenance et l’approvisionnement de la future station spatiale chinoise.

Tianzhou est capable de transporter près de 6,5 tonnes de cargaison, y compris deux tonnes de carburant. Le ravitaillement devrait prendre plusieurs semaines.

Animation du cargo Tianzhou-1 ravitaillant le laboratoire spatial chinois Tiangong-2 (credit CMSA).

Tianzhou-1 se séparera une première fois du port arrière de Tiangong-2 et ensuite ira s’amarrer sur le port avant afin de tester les 2 ports du laboratoire. 

Puis les 2 modules seront à nouveau séparés et les deux engins spatiaux auront une orbite séparée pendant trois mois, au cours desquels le cargo effectuera ses propres expériences scientifiques.

A bord du cargo, des charges utiles scientifiques incluent un bioréacteur cellulaire pour tester l’influence de la microgravité sur les cellules de mammifères, y compris le développement de différentes cellules souches embryonnaires et un instrument pour observer la gestion des fluides en impesanteur.

Une vue de l’intérieur du cargo chinois Tianzhou-1 et sa cargaison en orbite (credit Framegrab / CCTV)

Le cubesat Silk Road-1 (丝路 一号) fait également partie de la mission Tianzhou-1, mais on ne sait pas quand il sera lancé. Le satellite de télédétection de 4,5 kg a été développé par l’Institut Xi’an d’arpentage et de cartographie. Silk Road-1 est conçu pour être un pionnier pour une constellation d’environ 30 satellites fonctionnant à travers une variété de longueurs d’ondes.

Après cette période de trois mois, Tianzhou-1 et Tiangong-2 feront un nouvel amarrage pour tester une capture en mode rapide dans les 6 heures après le lancement, pour à terme, réduire le temps de voyage des taïkonautes vers la future station spatiale chinoise. A ce jour, les taïkonautes mettent 2 jours.

Une fois la mission terminée d’ici 5 mois, Tianzhou-1 sera désorbité et brûlera dans l’atmosphère.

La Chine poursuit son programme spatial pas à pas et vient donc d’en franchir un nouveau. [A(re)lire : La Chine spatiale : les programmes habités à venir]

 

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Une réflexion sur “Tianzhou-1 le premier ravitailleur spatial chinois

  • Michel Clarisse

    NB : on peut dire de Tianzhou que c’est l’équivalent chinois de l’ATV européen (qui n’est malheureusement plus en service depuis 2014 mais dont une version évoluée constituera le module de service du vaisseau spatial Orion de la NASA suite à un accord établi en 2011 entre les deux agences spatiales que sont la NASA et l’ESA).

    La future station spatiale chinoise, Tiangong-3, sera bien évidemment constituée de plusieurs modules. Le premier d’entre eux sera Tianhe-1 qui sera lancé par une LM-5 (ou CZ-5 en chinois) en 2018. Il sera suivi de Tianzhou-2 (qui sera lancé par une LM-7 / CZ-7) et de Shenzhou-12. Suivront plusieurs autres modules qui devraient être lancés de 2019 à 2022.

    Lorsqu’elle sera achevée en 2022, la station spatiale chinoise Tiangong-3 pourra accueillir jusqu’à 6 taïkonautes et sera donc l’équivalente chinoise de l’ISS (dont l’exploitation vient d’être prolongée de 2024 à 2028… j’aurai alors 80 ans… et ça ne nous rajeunit pas).

    A noter que le concepteur en chef (chief designer) de Tianzhou-1 à la CASC (China Aerospace Science and Technology Corp.) est Bai Minsheng tandis que Wang Jianshe est le directeur adjoint (deputy director) de la Commission de la Science et de la Technologie à l’Académie Chinoise de la Technologie de la Propulsion Aérospatiale (China Academy of Aerospace Propulsion Technology, CAAPT ou AAPT) qui dépend elle-même de la CASC.

    A noter aussi que l’on ne connait toujours pas à ce jour les noms des « doublures » de Jing Haipeng et Chen Dong qui ont effectué la mission Shenzhou-11 / Tiangong-2 en octobre-novembre 2016.

    Il avait été question à l’origine d’un équipage de 3 taïkonautes, à savoir Liu Boming (dont ça aurait été le 2e vol), Pan Zhanchun et Deng Qingming.

    Pan Zhanchun et Deng Qingming n’étant plus « en activité », ils ne pourront donc pas, bien évidemment, effectuer la mission Shenzhou-12. Ils ne seront donc jamais allés dans l’espace… alors qu’ils se sont entraînés pendant une vingtaine d’années, un vrai supplice chinois !…

    Il avait été aussi question d’une EVA qui serait effectuée en cette année 2017 par 2 taïkonautes dont une femme (qui ne pourrait être que Liu Yang ou Wang Yaping vu que ce sont les deux seules à avoir été sélectionnées en mars 2010) mais, du fait qu’il ne devrait pas y avoir de Shenzhou lancé cette année, ce sera forcément pour 2018, peut-être sur Shenzhou-13.

    Un nouveau groupe de taïkonautes sera formé en 2017-18. Il devrait lui aussi comprendre quelques femmes. Idem pour le futur groupe 22 de la NASA ainsi que pour le futur groupe de la RKA.

    Pour l’instant, il en reste 13 en activité :
    – 6 sur les 14 du groupe de 1995-96 : Jing Haipeng (3 vols), Nie Haisheng (2 vols), Liu Boming, Liu Wang, Zhai Zhigang et Zhang Xiaoguang (1 vol chacun) ;
    – les 7 du groupe de 2009-10 (dont 2 femmes) : Liu Yang, Wang Yaping et Chen Dong (1 vol chacun), Cai Xuahe, Tang Hongbo, Ye Guangfu et Zhang Lu (qui attendent tous les 4 d’effectuer leur 1er vol spatial).

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