Dernières découvertes de Rosetta et de Curiosity : eau, méthane et molécules organiques !
L’eau est au centre des dernières annonces des différentes agences spatiales suite aux données recueillies par la sonde Rosetta ou le rover martien Curiosity, mais aussi le méthane et les molécules organiques pour le rover.
- L’ESA a dévoilé le 10 décembre les premiers résultats de l’instrument ROSINA à bord de Rosetta : le rapport deutérium/hydrogène (D/H) de la comète 67P/ Churyumov-Gerasimenko est 3 fois plus élevé que celui de l’eau terrestre.
C’est quoi le rapport D/H ?
Le rapport entre la quantité de deutérium (D) et d’hydrogène (H) contenu dans l’eau (H2O) détermine la « signature isotopique en hydrogène » de cette eau.
Qu’est-ce que cela veut dire ?
Le rapport D/H présente de grandes variations dans les objets du système solaire ce qui en fait un traceur unique. Plus D/H augmente, plus il semble que l’origine ces composés est éloigné de notre soleil. Donc le D/H de la comète 67P étant très éloigné de celui de la Terre, l’eau terrestre ne peut donc pas provenir en abondance de ce type de comète.
Dorénavant les scientifiques orientent davantage leurs hypothèses que les astéroïdes seraient le principal mécanisme de livraison de l’eau des océans de la Terre.
De plus, la comète 67P viendrait désormais de la ceinture de Kuiper, et non du nuage de Oort.
- Arrivé au pied de sa destination, le Mont Sharp, le rover Curiosity a déjà démontré que Mars a été habitable, mais cette fois-ci les données recueillies indiquent que le Mont Sharp a été construit par les sédiments déposés dans le lit d’un grand lac sur des dizaines de millions d’années.
Le Mont Sharp serait les restes des sédiments des lacs successifs qui ont rempli le cratère, probablement sur des dizaines de millions d’années. Plus tard, les vents ont creusé une plaine circulaire exposant les 5 km du sommet que nous voyons aujourd’hui.
Cela implique que Mars devait avoir été beaucoup plus chaude et plus humide dans ses deux premiers milliards d’années que ce qui est coutume de penser. Selon les scientifiques, la Mars antique doit avoir bénéficié d’un cycle hydrologique global vigoureux, impliquant pluies ou neiges, pour maintenir ces conditions humides. Une conséquence de cette hypothèse est la possibilité que la planète pourrait avoir eu un océan quelque part sur sa surface.
« Nous avons trouvé des roches sédimentaires suggestives de petits deltas anciens empilés l’un sur l’autre » a déclaré un membre de l’équipe scientifique de Curiosity, Sanjeev Gupta, de l’Imperial College de Londres. «Dans son parcours sur la planète, Curiosity est passé d’un environnement dominé par les rivières à un environnement dominé par les lacs. »
« Comme Curiosity montera plus haut sur le mont Sharp, nous aurons une série d’analyses pour déterminer comment l’atmosphère, l’eau et les sédiments interagissent. Nous pourrons voir comment la chimie a changé dans les lacs au fil du temps » a déclaré le responsable scientifique du projet John Grotzinger de l’Institut de Technologie de Californie à Pasadena.
Il y a encore beaucoup de questions en suspens. Mais selon Grotzinger, ces découvertes n’auraient pas pu être faites depuis une sonde en orbite. Concernant l’atmosphère de Mars dans le passé, une partie des réponses pourra peut être venir de la sonde MAVEN actuellement en orbite autour de Mars.
Pour les anglophones, un résumé dans cette vidéo : [youtube=http://youtu.be/oS99yR1cooE]
- Cette semaine, Chris Webster du Jet Propulsion Laboratory (JPL) et ses collègues, ont publié un article dans le magazine Science dans lequel ils indiquent que les concentrations de méthane dans l’atmosphère martienne sont généralement un peu inférieures à celles rapportées dans les études précédentes, mais que le rover Curiosity a observé au cratère Gale des pics soudains de rejet de méthane, à partir de sources locales non identifiées, qui ont duré 2 mois puis ont disparu.
Cette information est d’autant plus étonnante, que l’an dernier, ils avaient annoncé l’absence de méthane détecté par Curiosity, alors que du méthane avait été identifié dans l’atmosphère martienne, à des concentrations allant jusqu’à quelques dizaines de parties par milliard, par plusieurs groupes de recherche, qui ont utilisé des télescopes terrestres ou les sondes en orbite martienne comme Mars Express de l’ESA.
Les mesures de Curiosity montrent des concentrations de méthane en niveau de fond à une faible concentration de 0,7 partie par milliard. Les pics observés ont multiplié cette concentration par 10.
« Cette augmentation temporaire de méthane, en hausse et chute rapides, nous dit qu’il doit y avoir une source relativement localisée », a déclaré Sushil Atreya de l’Université du Michigan, Ann Arbor, un membre de l’équipe scientifique de Curiosity. « Il existe de nombreuses sources possibles, biologiques ou non biologiques, telles que l’interaction de l’eau et de la roche. »
L’impact d’un astéroïde ou d’une comète dans le cratère Gale ne peut pas être la source, parce qu’un tel événement aurait été observé par les sondes en orbite autour de Mars. D’autres processus géologiques et atmosphériques tels que l’altération des minéraux, la dégradation des matières organiques, l’érosion des roches contenant du méthane, ou des sources géothermiques peuvent être une explication à la concentration de 0,7 ppb, mais ceux-ci sont peu susceptibles de provoquer des pics vus par Curiosity. La source du méthane est difficile à localiser sur le terrain. Elle pourrait être soit à proximité et faible, ou plus lointaine et très forte. A suivre…
- Curiosity a également détecté différentes molécules organiques martiennes dans un échantillon de poudre suite au forage d’un rocher surnommé Cumberland au SOL 279, la première détection décisive de matières organiques dans les matériaux de surface de Mars. Ces molécules organiques martiennes pourraient soit s’être formées sur Mars ou avoir été amenées sur Mars par des météorites.
A souligner, ces mesures ont été réalisées par l’instrument SAM qui comprend une participation française (voir article CNES)
Les molécules organiques, qui contiennent du carbone et de l’hydrogène, sont en général des blocs de construction chimiques de la vie, même si elles peuvent exister sans la présence de la vie. Les conclusions de l’analyse des échantillons de l’atmosphère et de la poudre de roche ne révèlent pas si Mars a jamais abrité des microbes vivants, mais les résultats font la lumière sur une planète Mars actuelle chimiquement active et des conditions favorables à la vie sur la Mars du passé.
Pour les anglophones, un résumé dans cette vidéo :[youtube=http://youtu.be/UN0Zj4SIz1A]
Sources principales de l’article :
- « Comment sait-on que l’eau de la comète Tchouri est différente de celle que l’on trouve sur Terre ? » de Sciences et avenir
- « Rosetta, ROSINA et l’eau de la Terre » du CNES
- « Rosetta fuels debate on origin of Earth’s oceans » de l’ESA
- « NASA’s Curiosity Rover Finds Clues to How Water Helped Shape Martian Landscape » du Jet Propulsion Laboratory
- « NASA Rover Finds Active and Ancient Organic Chemistry on Mars » du JPL
- « NASA Goddard Instrument Makes First Detection of Organic Matter » on Mars de la NASA
NB : cf. « la bataille de l’eau lourde » à Rjukan (Norvège) durant la 2e GM.
C’est grâce aux Polonais, Français, Norvégiens et Britanniques que les Allemands (et leurs amis japonais) n’ont pas pu mettre au point leur bombe atomique avant les Américains… Sinon, ils ne se seraient pas fait prier pour l’utiliser, vous pensez bien !… Les Allemands disposaient d’installations nucléaires dans la montagne du Harz (entre autres) et les Japonais dans ce qui deviendra la Corée du Nord, eh oui !… d’où son occupation par les Soviétiques… en août 45 !
NB : à noter que l’agglomération d’Ann Arbor – Ypsilanti est une « sous-agglomération » de la conurbation de Detroit – Warren – Flint – Windsor (USA – Canada).