Ultime mission réussie pour Vega : Le satellite Sentinel-2C rejoint la constellation Copernicus
Le lancement du satellite Sentinel-2C ce 5 septembre est remarquable à 2 titres : le renforcement du programme d’observation de la Terre européen Copernicus avec un nouveau satellite et le dernier vol de Vega.
Dernier vol de Vega après 21 lancements
Ce 5 septembre, Vega VV24 a décollé du Centre Spatial Guyanais pour son dernier voyage dans cette version du lanceur léger construit par l’italien Avio et exploité par Arianespace.
Le développement de Vega a été approuvé par l’Agence spatiale européenne (ESA) en 1998. Son pas de tir dédié au Centre Spatial Guyanais a débuté en 2004. Et finalement, le premier vol de Vega a eu lieu le 13 février 2012, emportant le satellite géodésique à rétro-réflecteurs LARES et 8 petits satellites.
Vega [Vettore Europeo di Generazione Avanzata, pour Transporteur européen de génération avancée] est un lanceur léger conçu pour placer des charges utiles de 1,5 tonne en orbite basse. Il est composé de 3 étages à propergol solide et d’un étage supérieur à ergols liquides appelé AVUM. Son premier étage utilise un moteur dérivé des propulseurs d’appoint d’Ariane 5.
En 12 ans d’exploitation, Vega a effectué 21 lancements, dont 2 échecs (VV15 en 2019 et VV17 en 2020). L’essentiel des lancements a été dédié à des satellites d’observation de la Terre dont les 3 satellites Sentinel-2 (juin 2015, mars 2017 et ce dernier en août 2024). Parmi les autres lancements, on pourra noter celui du démonstrateur IXV en 2015, le démonstrateur scientifique Lisa Pathfinder en 2015, ou le satellite Aeolus de l’ESA en 2018.
Ce dernier lancement aura été retardé en raison de la destruction accidentelle de 2 des 4 réservoirs de carburant de l’étage supérieur Avum (ils ont été mis au rebut par erreur…). Au final, Avio a utilisé des réservoirs dédiés initialement à l’étage supérieur AVUL+ de Vega C pour ce dernier lanceur Vega [source].
Vega aura donc eu une carrière relativement courte avec un succès plutôt bon, permettant à l’Europe de se doter d’un lanceur léger complémentaire d’Ariane 5. Toutefois, les 2 échecs quasi consécutifs ont laissé une mauvaise image sur le lanceur.
Vega est remplacé par une version améliorée appelée Vega-C. Vega-C a effectué son premier vol réussi en juillet 2022, mais a connu un échec en décembre 2022. Le retour en vol de Vega-C est prévu d’ici la fin de l’année 2024.
Sentinel-2C rejoint la constellation Copernicus pour la surveillance de l’environnement
À bord de ce lancement Vega VV24, le satellite d’observation de la Terre Sentinel-2C pour l’Agence Spatiale Europénne et le programme Copernicus de l’Union Européenne.
Les satellites Sentinel-2 capturent des images avec des résolutions de 10 m, 20 m et 60 m de toutes les principales surfaces terrestres, zones côtières et eaux intérieures de la Terre tous les 5 jours.
Sentinel-2C va remplacer d’ici quelques mois le satellite 2A lancé en 2015. Tout comme le 2A, il volera à une altitude à 786 km, sur la même orbite que le satellite Sentinel-2B (qui sera remplacé dans quelque temps par Sentinel-2D) mais séparés par 180° les uns des autres.
Les Sentinel-2 ont un large champ de vision (ou largeur de fauchée) de 290 km, et grâce à leur imageur multispectral capturent des données sur 13 bandes spectrales différentes.
Les satellites Sentinel-2 ont été construits sous la maîtrise d’œuvre d’Airbus Defence and Space, sous la direction de l’Agence spatiale européenne.
Les Sentinel-2 et les autres satellites Sentinel d’observation de la Terre sont la composante spatiale du programme Copernicus de l’Union Européenne.
De multiples applications ont été développées à partir des données des satellites Sentinel pour surveiller l’utilisation et les changements des terres, l’imperméabilisation des sols, la gestion des terres, l’agriculture, la sylviculture, les catastrophes naturelles (inondations, incendies de forêt, glissements de terrain et érosion) et pour aider les missions d’aide humanitaire. L’observation de l’environnement dans les zones côtières fait également partie de ces activités, tout comme la surveillance des glaciers, de la glace et de la neige.
Quelques exemples donnés par Airbus :
- Perspectives agricoles : Sentinel-2 peut surveiller la santé des plantes et contribuer à améliorer les méthodes agricoles. Les images de l’instrument multispectral du satellite permettent de distinguer différents types de cultures et de déterminer de nombreux indices végétaux tels que l’indice de surface foliaire, la teneur en chlorophylle foliaire et la teneur en eau foliaire.
- Réponse aux catastrophes : Les données Sentinel-2 soutiennent une réponse rapide lors de catastrophes naturelles, fournissant des informations essentielles pour gérer les inondations, les incendies de forêt et autres situations d’urgence. La cartographie rapide fournit des informations sur le niveau des dommages ainsi que sur l’étendue et l’impact pour les services de secours.
- Aider à lutter contre la déforestation : La province de Stung Treng au Cambodge est connue pour sa riche biodiversité et ses vastes forêts. Ces dernières années, il est également devenu un haut lieu de la déforestation. Ces deux images montrent l’ampleur du problème. L’image de gauche montre une région encore largement boisée (2018). En revanche, la bonne image (2024) montre des zones importantes où les forêts ont été défrichées, une indication du taux rapide de déforestation, une information vitale pour ceux qui luttent contre la déforestation.
Depuis le début des observations de Sentinel-2A, ce sont 1,5 téraoctet de données qui sont produites chaque jour, accessibles aux scientifiques, aux entreprises et au public via l’écosystème spatial de données Copernicus.
Sources sur Sentinel 2C : site Airbus DS et ESA