L’actualité spatiale de la semaine du 7 au 13 janvier : Long March, Falcon 9 et Iridium Next, et Dragon CRS-16
Ça y est, les lancements de l’année ont repris ! Et c’est la Chine, championne du nombre de lancements en 2018, qui a débuté le bal, suivie par le 2e sur le podium, SpaceX. La course continue !
En Chine, le premier décollage de l’année
La Chine ne connaît pas les fêtes de fin d’année. Alors qu’elle assurait le dernier vol de 2018 (son 39ème, un record), la Chine a assuré le premier tir orbital de 2019 en tirant une Long March 3B avec à bord le satellite de télécommunications chinois Zhongxing-2D le jeudi 10 janvier à 18h11, heure de Paris (le vendredi à 01h11, heure de Pékin). Le tir a eu lieu depuis le centre de lancement des Satellites de Xichang et est un succès. Ce tir était le 298ème pour une fusée Long March.
Le satellite, aussi connu sous le nom de ChinaSat-2D, est selon Nasaspaceflight.com considéré comme un satellite de communication destiné à un usage militaire alors que Xinhuanet le suppose comme un satellite de télécommunications pour la radio d’état ainsi que la télévision. On n’en sait pas plus sur la mission du satellite, développé par la CAST et la CASC.
Iridium-Next complètement déployé
La dernière grappe de 10 satellites Iridium-NEXT a été lancée avec succès depuis la la base Air Force de Vandenberg en Californie par une Falcon 9 le vendredi 11 janvier à 15:31:33 UTC précise. La fenêtre instantanée était nécessaire pour une insertion sur orbite très précise dans le plan n°3, l’un des six plans orbitaux dans lesquels se trouve la constellation Iridium.
Décollage Falcon 9 / Iridium-8 le 11/01/2019 (credit SpaceX)
Pendant que le second étage poursuivait son vol pour mettre sur orbite les 10 satellites, le premier étage réussissait son atterrissage retour sur la barge Just Read The Instructions au large des côtes californiennes. Il n’y a pas eu de tentative de récupération des demi-coiffes.
Le premier étage était le Core B1049.2, auparavant utilisé lors du lancement de Telstar 18 Vantage le 10 septembre 2018. Il s’agit de la 19e réutilisation d’un premier étage de Falcon 9.
Ce 11 janvier marque le 8e lancement de satellites Iridium-NEXT construits par Thales Alenia Space. La constellation est désormais complètement déployée en orbite basse. La constellation fonctionnera avec 66 satellites vers 780 km d’altitude, répartis en 6 plans orbitaux de 11 satellites chacun. 9 satellites de rechange se trouvent en orbite de parking et 6 satellites additionnels sont prêts à être lancés si besoin.
Les satellites avaient été auparavant intégrés en série sur le site de Northtrop Grumman Corporation (auparavant Orbital ATK), sous-traitant de Thales Alenia Space, à Gilbert en Arizona.
Selon le communiqué de Thales Alenia Space, Iridium-Next offre une couverture terrestre globale et une indépendance par rapport à tout segment sol puisque chaque satellite est relié aux 4 autres satellites les plus proches, devant, derrière, à droite et à gauche. Quelle que soit la position de l’utilisateur sur la Terre, il aura donc toujours au moins 1 satellite en visibilité au-dessus de lui, lui permettant d’établir une communication. Cet accès direct au satellite, que cela soit à l’émission ou à la réception d’une communication, permet de fournir des communications à tout moment même en cas de catastrophes naturelles, de conflits, ou encore dans des environnements isolés et de délivrer des télécommunications sécurisées avec une protection contre les risques d’intrusion et de piratage. Ce routage en orbite, complètement piloté par logiciel est assuré par des logiciels à bord des satellites, téléchargeables à partir du sol, pour des mises à jour si nécessaire.
Les activités de mise à poste et de tests en orbite sont assurées par les équipes de Thales Alenia Space à partir du Centre de Contrôle satellite d’Iridium à Leesburg (Virginie), proche de Washington DC. Les satellites sont lancés par grappes de 10 et, compte tenu de l’orbite LEO, la visibilité des satellites à partir des stations sol pour envoyer des télécommandes n’est que de 10 min par orbite. Les satellites sont ensuite placés un par un à leur bonne position orbitale avant que le contrôle ne soit transféré aux équipes d’Iridium pour les activités de slot swap, c’est-à-dire le remplacement de l’ancienne génération des satellites Block One d’Iridium, sans interruption de service pour l’utilisateur.
Départ du Dragon CRS-16 de l’ISS
Le cargo Dragon CRS-16 amarré à l’ISS avant le 13/01/2019 (credit NASA)
Arrivé le 8 décembre à la Station Spatiale Internationale, le cargo de ravitaillement Dragon CRS-16 est revenu sur Terre ce dimanche 13 janvier.
L’équipage de l’ISS a fermé la trappe du Dragon le dimanche au matin. Les contrôleurs du bras robotique Canadarm ont ensuite commandé celui-ci pour détacher le cargo du module Harmony vers 20h UTC. Le départ de l’ISS était prévu initialement le 10 janvier mais avait été repoussé au dimanche 13 pour cause de mauvaise météo sur la zone d’amerrissage.
Le CRS-16 a été largué ce dimanche à 23h33 UTC et après quelques orbites terrestres, il a amerri dans l’océan Pacifique au large de la côte sud de la Californie vers 5h15 UTC ce lundi.
Le personnel de SpaceX a ensuite récupéré le cargo pour le ramener à terre, où les ingénieurs de la NASA extrairont les expériences ramenées de l’ISS pour les envoyer aux laboratoires chargés des analyses complémentaires sur Terre. Des échantillons de sang et d’haleine des astronautes de l’ISS de l’expérience canadienne MARROW seront par exemple analysés au Canada.
Mais aussi :
Les images de Chang’e-4
Cette semaine, la CLEP (China’s Lunar and Deep Space Exploration Program, branche de la CNSA) a fourni de nouvelles images de la mission Chang’e-4. L’atterrisseur et le rover Yutu-2 fonctionnent bien mais, la nuit étant tombée sur le cratère Von Kàrmàn, les deux sont passés en mode repos et seront à nouveau opérationnels dans 14 jours. Selon la CNSA, Chang’e-4 s’est posé sur une légère pente au milieu de quatre cratères d’impacts de météorites. La CNSA avait utilisé des données du Lunar Reconnaissance Orbiter (LRO) de la NASA pour anticiper la descente de l’atterrisseur, celui-ci avait aussi utilisé une caméra de descente pour distinguer les obstacles dans le site de descente. Maintenant la CNSA prépare les futurs trajets de Yutu-2, et visent semble-t-il le nord-ouest.
Les dernières images à (re)voir : La Chine sur la Lune : plus d’images !
La CNSA n’en restera pas là, quatre autres missions Chang’e sont déjà à l’étude ou en développement. On en parle très vite dans ce qui nous attend dans l’espace en 2019 [Que va-t-il se passer en 2019 dans l’espace ?].
Le télescope spatial russe Spektr-R ne répond plus totalement
On connaît évidemment le télescope spatial Hubble mais on connaît moins celui de la Russie : Spektr-R lancé en 2011 pour une durée de vie initiale de 5 ans.
Spektr-R est un radiotélescope équipé d’une antenne parabolique réceptrice d’un diamètre de 10 mètres, placé en orbite elliptique avec un apogée à plus de 200 000 km de la Terre, pour écouter les signaux radio de l’Univers afin de mieux comprendre les problèmes fondamentaux de l’astrophysique et de la cosmologie, notamment la structure des galaxies, les formations stellaires, les trous noirs, la matière noire et l’espace interstellaire. Il est utilisé conjointement avec des télescopes terrestres pour former un grand « télescope virtuel ».
Mais depuis le 12 janvier, il n’est plus possible d’envoyer des télécommandes au télescope. Il continue toutefois à envoyer des télémesures et des données au sol. Les spécialistes du programme tentent de rétablir la communication avec le satellite lorsqu’il se retrouve en visibilité des antennes de communication russes, mais sans succès pour l’instant. Le télescope connaît des problèmes d’émission des données scientifiques depuis juin 2018. Bientôt la fin ? Son remplaçant, le Spektr-RG, devrait être lancé en avril 2019.
Panne de caméra sur Hubble
Le 8 Janvier, la caméra grand champ 3 (Wide Field Camera 3) du télescope spatial Hubble a montré des tensions trop fortes par rapport aux marges de sécurité et s’est donc mise automatiquement en veille. La NASA a réuni une équipe d’ingénieurs et concepteurs de l’instrument pour enquêter sur cette panne. En collectant les données de la mémoire de la caméra, ils espèrent y trouver la raison de ce survoltage. Si le problème vient de l’électronique, la redondance des circuits de l’instrument devrait permettre aux ingénieurs de contourner le problème et remettre la caméra en état.
Les autres caméras fonctionnent normalement et le télescope reste opérationnel selon la NASA. Le pilotage du télescope est une des activités de la NASA qui, à titre d’exception, ne sont pas interrompues par le shutdown. Cependant, les ingénieurs opérant Hubble ne sont pas payés depuis plus de trois semaines.
Le télescope Hubble, qui devait fonctionner initialement 15 ans, en est à sa 28ème année d’activité, malgré les pannes et les exceptionnelles interventions d’astronautes avec les missions STS des Navettes Spatiales américaines. Le télescope vieillissant avait déjà souffert en octobre dernier d’une panne de gyroscope, le condamnant à suspendre ses activités et à passer en mode sans échec pendant des semaines.
NB : Article écrit à 4 mains avec Daniel.
NB : cette année, le Nouvel An chinois aura lieu le 5 février (ça change tous les ans) ; ce sera l’année 4717, celle du Cochon (et de la Cochonne ?)…
NB : CLEP = Chinese Lunar Exploration Program.
Si CLEP signifie China’s Lunar and Deep Space Exploration, ce devrait être CLDSE. Aussi, je suppose que son sigle a changé récemment ; à vérifier. En chinois, c’est « Zhongguo Tànyuè ») (je n’arrive pas à faire les caractères spéciaux).
NB : cet astronaute est, soit John Grunsfeld, soit Andrew « Jay » Feustel le 14 mai 2009, lors de la mission STS-125 (Atlantis F-30) / HST-SM-04.
Ce fut la 5e et dernière « Hubble Space Telescope servicing mission » après les HST-SM-01, 02, 03A et 03B.
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Et alors, ce shutdown, ça va durer encore longtemps ?
Tous les empires qui ont créé des murs pour se défendre se sont écroulés et ont disparu dans les poubelles de l’Histoire.