L’actualité spatiale de la semaine du 24 au 30 septembre : Ariane 5, HTV 7 et Kuaizhou-1A
Une belle semaine pour l’Europe et le 100e décollage d’Ariane 5, un nouveau cargo pour l’ISS et un lancement chinois pour continuer.
100e lancement réussi pour Ariane 5
Une belle réussite ce 25 septembre pour le lanceur européen Ariane 5 qui a mis sur orbite de transfert géostationnaire 2 satellites de télécommunications.
Détails sur ce VA243 un peu spécial dans Nouveau succès pour Ariane 5 pour son 100e lancement
HTV-7, le nouveau cargo japonais arrivé à l’ISS
Jeudi 27 septembre, le cargo HTV-7 ou Kounotori-7, qui avait décollé le 22 septembre a été capturé par le bras robotique Canadarm2 de l’ISS à 11h36 UTC, manipulé par le commandant de l’expédition 56, Drew Feustel, et l’ingénieur de bord Serena Auñón-Chancellor.
Capture du cargo HTV-7 pour le bras robotique Canadarm de l’ISS (credit NASA)
My crew mates @Astro_Feustel and @AstroSerena manually grappled the #HTV7 cargo vehicle with the #Canadarm robotic arm in free flight, which was then docked to #ISS. Not an easy task. pic.twitter.com/8jsz3uHfwV
— Alexander Gerst (@Astro_Alex) September 28, 2018
« Mes équipiers @Astro_Feustel et @AstroSerena ont saisi manuellement le cargo # HTV7 avec le bras robotisé #Canadarm en vol libre, qui a ensuite été amarré à #ISS. Pas une tâche facile. »
Ensuite, des contrôleurs au sol ont commandé l’amarrage de l’HTV-7 au module Harmony. Le HTV-7 a été amarré à l’ISS avec succès à 16h08 UTC.
Un peu plus de 6 tonnes de cargaison ont été amenées par le HTV-7 à l’équipage de la Station.
Près de 4 tonnes de matériel ont été stockées dans la partie pressurisée du cargo, ou Pressurized Logistic Carrier (PLC), dont de gros équipements nécessaires aux expériences à bord de l’ISS :
[ma sélection]
- Une boîte à gants pour les sciences de la vie ou Life Sciences Glovebox (LSG). Ce sera la deuxième plus grande boîte à gants de l’ISS destinée aux expériences scientifiques et elle sera installée à bord du module japonais Kibo.
- Le Life Support Rack (LSR) de l’ESA, également appelé ACLS pour Advanced Closed Loop System (système avancé à boucle fermée), a été développé par Airbus pour l’ESA en tant que démonstrateur technologique, pour permettre de purifier l’air et de produire de l’oxygène pour l’ISS. L’air de la Station a une teneur en dioxyde de carbone supérieure d’environ 0,4% à celle de la Terre. L’ACLS fournira au système actuel d’assistance à la vie de l’ISS une capacité supplémentaire pour éliminer le dioxyde de carbone de l’air de l’ISS. Le système produit de l’oxygène (O2) à partir de l’eau (H2O) par électrolyse et convertit également l’hydrogène produit (H2) par réaction de Sabatier avec ce dioxyde de carbone (CO2) absorbé par de l’Astrine (une résine d’amine solide), en méthane (CH4) et sous-produit (H2O), qui est ensuite recyclé pour l’électrolyse.
L’astronaute Alexander Gerst devrait installer le rack dans le module Destiny le 2 novembre prochain. Après l’installation, une équipe opérationnelle ACLS (OPS), créée dans les installations d’Airbus à Friedrichshafen en Allemagne, effectuera une phase de mise en service de six semaines pour tester le nouvel équipement. Une fois mis en service avec succès, le système sera opérationnel dans l’ISS jusqu’à la fin de 2019. Cette technologie constitue une étape cruciale vers un système de survie en boucle fermée, nécessaire aux vols spatiaux humains de longue durée (informations Airbus).
- la HTV Small Re-Capsule ou HSRC. Il s’agit d’un démonstrateur d’une nouvelle technologie de rentrée atmosphérique et de récupération de cargaison depuis l’ISS. La capsule avec des échantillons expérimentaux à bord sera fixée par l’équipage sur la trappe de la partie pressurisée du cargo (PLC) avant que celui-ci ne soit désamarré de l’ISS. La HSRC sera séparée du HTV-7 après la désorbitation du cargo, rentrera dans l’atmosphère terrestre, puis descendra sous parachute pour être récupérée après son amerrissage (voir figure ci-dessous).
Cette capsule de taille modeste, 84 cm de diamètre sur 66 cm de hauteur, avec un poids de moins de 180 kg à vide, pourrait permettre le retour sur Terre d’échantillons de l’ordre d’une masse de 20 kg ou d’un volume de 30 litres environ. A ce jour, seuls les cargos Dragon font du retour d’échantillons scientifiques sur Terre (plusieurs centaines de kg) et les Soyouz habités quelques kilos seulement.
- Trois cubesats qui seront déployés dans l’espace à partir de l’ISS :
- SPATIUM-I (Space Precision Atomic-clock TIming Utility Mission-I) de l’Institut de technologie de Kyushu (Japon) et de l’Université technologique de Nananyang de Singapour. Le cubesat 2U effectuera une mission visant à démontrer la technologie visant à mesurer la densité électronique et à cartographier en trois dimensions la ionosphère et à utiliser une horloge atomique de la taille d’une puce.
- RSP-00 (Ryman Satellite Project). Il s’agit d’un cubesat 1U éducatif qui lancera des messages collectés auprès du public en « Digitalker » ou en Morse qui seront captés par des radioamateurs et des écoles. Un cours de science spatiale sera organisé en utilisant des images prises par sa caméra.
- STARS-Me (Space Tethered Autonomous Robotic Satellite-Mini Elevator) par l’Université de Shizuoka. Deux cubesats 1U effectueront une démonstration à petite échelle d’un ascenseur spatial. STARS-Me se compose de deux CubeSats dotés de fonctions de base indépendantes et chaque satellite communique indépendamment avec la station au sol. L’un d’eux s’appelle CV, l’autre s’appelle HT et sont reliés par une longe rigide. CV possède un « ascenseur » et environ 3 m de câble. HT dispose d’un mécanisme de déploiement de câble d’environ 11 m. L’ensemble comprend donc un total de 14 m de câble. Les 2 satellites sont d’abord fixés ensemble et mis en orbite. Par la suite, ils seront débloqués. Chaque satellite déploiera simultanément son antenne. À une commande de la station au sol, les deux satellites déploieront leur longe à l’aide de moteurs. Après confirmation que les 2 cubesats se sont bien séparés, l’ascenseur traversera le câble, une fois déverrouillé du cubesat CV. L’ascenseur communiquera par Bluetooth avec le CV. Le mouvement de la boîte motorisée « ascenseur » sera surveillé avec des caméras dans les cubesats. Si tout se passe bien, cette expérience fournira une preuve du concept d’ascenseur spatial inventé dès le début du XXe siècle par Constantin Tsiolkovski.
De nouvelles batteries lithium-ion ont été installées dans la partie non pressurisée du cargo (Unpressurized Logistic Carrier – ULC), donc à l’extérieur, pour renouveler les batteries vieillissantes de l’ISS. Seul le HTV est capable de délivrer six Orbital Replacement Units (ORU) à la fois. Le HTV-6 avait déjà amené des ORU et ce sera le cas également pour les HTV-8 et 9.
Dès le lendemain de l’arrivée du cargo, le déchargement du matériel a commencé :
Hatch open for #HTV7. At first ingress, crew has to wear protection gear, for the unlikely case of air contamination. Lots of new experiments for @ISS_research including the new @ESA Life Support System #LSR! pic.twitter.com/ikBaUtILmi
— Alexander Gerst (@Astro_Alex) September 28, 2018
« Sas ouvert du # HTV7. À la première entrée, l’équipage doit porter un équipement de protection, dans le cas peu probable d’une contamination de l’air. Beaucoup de nouvelles expériences pour @ISS_Research, y compris le nouveau système @esa Life Support System #LSR! »
26e lancement chinois de l’année par Kuaizhou-1A
En plus des fusées d’état Long March, il faut désormais compter aussi avec le lanceur léger Kuaizhou-1A qui vient d’effectuer avec succès son 2e lancement orbital après celui de janvier 2017.
Kuaizhou-1A a décollé le 29 septembre à 4h13 UTC depuis le centre de lancement des satellites de Jiuquan.
Un petit satellite, Centispace-1-s1, ou Xiangrikui 1, de 97 kg développé par l’Académie d’Innovation pour les microsatellites de l’Académie chinoise des sciences, a été placé sur orbite basse vers 700 km d’altitude. Selon le communiqué officiel, il s’agit d’un satellite d’expérience technologique pour l’amélioration de la navigation en orbite basse développé par Beijing Future Navigation Technology Co. Ltd.
Un prochain lancement de ce lanceur dérivé d’un missile est déjà prévu d’ici la fin de l’année. D’autres lanceurs orbitaux privés chinois devraient faire leur apparition dans les prochains mois car des lancements suborbitaux ont déjà eu lieu [lire Décollages en rafales sur le blog d’Eric].
En bref
La phase d’approche a commencé pour Insight
Après un décollage le 5 mai dernier, et une phase de croisière, la phase d’approche vient de commencer pour la mission Insight à 60 jours de l’atterrissage sur Mars.
Durant cette phase, les ingénieurs de la NASA et du JPL (Jet Propulsion Laboratory) vont effectuer les dernières manœuvres de correction de trajectoire, envoyer les télécommandes pour la phase de rentrée dans l’atmosphère martienne et la séparation de l’étage de croisière, programmer le logiciel de vol pour la phase de descente et d’atterrissage du satellite (car ces opérations se feront en mode automatique). Atterrissage prévu le 26 novembre !
Tous les articles sur Insight : #Insight
Le nom de la prochaine mission de Luca Parmitano dévoilée
« Beyond » (au-delà) est le nom de la seconde mission dans l’ISS prévue en 2019 de l’astronaute italien de l’Agence Spatiale Européenne, Luca Parmitano. Détails à venir dans un prochain article.
La vidéo résumé de la semaine :
Peut être bientôt en ligne…
Quand aura lieu l’EVA-52 (Feustel – Gerst) initialement prévue le 30 septembre ?
Ce sera la 10e de Feustel (3 / HST et 7 / ISS) et la 2e de Gerst.
Les 2 sorties spatiales sont prévues à ce jour pour les 19 et 25 octobre mais sans Drew Feustel qui rentre sur Terre le 4 octobre. A voir ici https://reves-d-espace.com/calendrier-des-lancements-a-travers-le-monde/
NB : Kuaizhou = vaisseau rapide ; Xiangrikui = tournesol.