L’actualité de la semaine du 23 janvier : H2A, HTV6, Soyouz et Apollo 1
Pour cause de déplacement professionnel et de préparation du SpaceUp Toulouse, vous n’avez pas eu le droit la semaine dernière à d’articles sur le site. Retrouvez toutefois ici, une sélection de nouvelles sur l’activité spatiale de la semaine dernière.
Un satellite militaire japonais en orbite
Un satellite de télécommunications militaire japonais, DSN-2, a été mis sur orbite de transfert géostationnaire le mardi 24 janvier.
En raison du caractère militaire du satellite, peu d’informations sont disponibles, mis à part qu’il s’agit d’une charge utile en bande X.
https://youtu.be/vdUpgAVrV_g
Départ du cargo HTV-6 de l’ISS
Arrivé à l’ISS le 13 décembre, le cargo HTV-6 a terminé sa première partie de mission le 27 janvier.
A 11h00 UTC, la séparation du cargo de la Station a été réalisée. Le bras Canadarm piloté par Thomas Pesquet a ensuite placé le cargo à bonne distance de l’ISS pour une séparation effective à 15h46 UTC.
Le cargo HTV-6 est agrippé par le bras robotique Canadarm-2 avant d’être libéré (credits NASA)
Le cargo HTV-6 est agrippé par le bras robotique Canadarm-2 avant d’être libéré (credits NASA)
Le cargo HTV-6 commence la dernière partie de sa mission de manière autonome, séparé de l’ISS (credits NASA)
Kounotori 6, l’autre nom du cargo, a été rempli auparavant des poubelles de la Station (matériel usagé, vêtements sales des astronautes, etc…) mais aussi d’une partie des batteries usagées remplacées lors des sorties spatiales des 6 et 13 janvier.
La mission du cargo HTV-6 n’est toutefois pas terminée. L’expérience KITE (Kounotori Integrated Tether Experiment) va tester un filin électrodynamique expérimental dans le but d’aider à terme à réduire les débris spatiaux. Ce filin de près de 700 mètres de long, fait de brins en aluminium et en fil d’acier inoxydable, pourrait offrir un moyen de désorbiter les étages de lanceurs abandonnés et les satellites vieillissants sans dépenser de carburant. L’interaction entre une sangle électrodynamique et le champ magnétique de la Terre devrait générer suffisamment d’énergie pour changer l’orbite d’un objet, pour brûler ensuite dans l’atmosphère (plus d’informations sur Kite).
Les scientifiques surveilleront le comportement de l’expérience pendant environ sept jours. Les contrôleurs japonais vont rompre le filin depuis la Terre ensuite pour l’empêcher d’interférer avec la désorbitation finale du HTV, qui sera guidé par ses propulseurs conventionnels.
Premier lancement Soyouz de l’année depuis la Guyane
Le seizième lancement d’une Soyouz depuis le Centre Spatial Guyanais a eu lieu le 28 janvier à 01:03:34 UTC.
Lancement Soyouz VS16 / Hispasat W361 le 28/01/2017 (credit ESA/CNES/ARIANESPACE-Optique Video du CSG)
Lancement Soyouz VS16 / Hispasat W361 le 28/01/2017 (credit : ESA-Stephane Corvaja)
Le satellite Hispasat 36W-1 est un petit satellite de télécommunications d’un peu plus de 3 tonnes pour fournir des services au-dessus de l’Europe, l’Amérique du Sud et les îles Canaries sur une position à 36° ouest en orbite géostationnaire, d’où son nom.
Hispasat 36W-1 est le premier satellite construit à partir de la plateforme européenne géostationnaire «SmallGEO», développée par OHB System AG (Allemagne) dans le cadre du programme ARTES (Advanced Research in Telecommunications Systems) de l’ESA.
Pour ce premier décollage de l’année pour Soyouz en Guyane, c’est la charge utile la plus lourde en orbite géostationnaire jamais lancée.
Triste anniversaire : Apollo 1
Il y a 50 ans, le 27 janvier 1967, le premier vol d’essai d’un équipage Apollo n’allait pas avoir lieu comme prévu. Lors d’une répétition générale avant lancement sur le pas de tir, les astronautes Virgil « Gus » Grissom, Ed White et Roger Chaffee trouvent la mort dans l’incendie de la capsule.
Le lancement est prévu le 21 février pour la première mission Apollo. Mais lors de ce test avant lancement, les ennuis s’enchaînent. Il y a des problèmes de communication entre les astronautes et le contrôle au sol. «Comment allons-nous arriver à la lune si nous ne pouvons pas parler entre deux ou trois bâtiments » a même déclaré Gus Grissom. Puis il y a les alarmes sur la pression en oxygène de la capsule et une augmentation inhabituelle du débit d’oxygène des scaphandres de l’équipage. Quatre secondes plus tard, l’un des astronautes, probablement Chaffee, prononce ces mots « Feu. Je sens le feu ». Deux secondes après, Ed White dit « feu dans le cockpit ! « .
En théorie, l’équipage devait pouvoir ouvrir de l’intérieur en 90 secondes la trappe de la capsule. Mais le feu a augmenté si rapidement, en commençant sur le côté gauche de la capsule près de Grissom, que l’équipage n’a jamais eu une chance. L’équipage au sol a tenté de combattre le feu depuis l’extérieur, mais ce fut fini en cinq minutes.
Les investigations ont déterminé que la cause la plus probable de l’accident était due à un arc électrique provenant d’un câblage défectueux, qui a enflammé l’oxygène pur de la capsule. La NASA a alors complètement révisé le vaisseau spatial Apollo. La capsule redessinée, avec une trappe à dégagement rapide, a permis ensuite d’amener 24 hommes vers La lune dont 12 d’entre eux ont marché sur sa surface.
50 ans après le drame, la NASA dévoile pour la première fois au public la capsule au Centre spatial Kennedy en Floride. Pendant des années, cette pièce clé de l’histoire du vol spatial a été maintenue derrière des portes closes du Centre de recherche de Langley en Virginie, bien que la veuve de Grissom ait demandé à l’exposer il y a plus de 20 ans en mémoire des astronautes disparus.
A lire : The hell of Apollo 1: Pure oxygen, a single spark, and death in 17 seconds
Pour mémoire, les 24 hommes qui ont tourné autour de la Lune sont :
Frank Borman (Apollo 8), James Lovell (Apollo 8 et 13), William Anders (Apollo 8), Thomas Stafford (Apollo 10), John Young (Apollo 10 et 16), Eugene Cernan (Apollo 10 et 17), Neil Armstrong, Michael Collins et Edwin « Buzz » Aldrin (Apollo 11), Charles « Pete » Conrad, Richard Gordon et Alan Bean (Apollo 12), John Swigert et Fred Haise (Apollo 13), Alan Shepard, Stuart « Smooky » Roosa et Edgar Mitchell (Apollo 14), David Scott, Alfred Worden et James Irwin (Apollo 15), Thomas « Ken » Mattingly et Charles Duke (Apollo 16), Ronald Evans et Harrison « Jack » Schmitt (Apollo 17).
Les 12 « moonwalkers » sont – comme chacun sait :
Armstrong, Aldrin, Conrad, Bean, Shepard, Mitchell, Scott, Irwin, Young, Duke, Cernan et Schmitt.
A ce triste anniversaire d’Apollo-1 (cette mission ne s’appelait pas ainsi à l’époque), on peut en rajouter deux autres qui lui sont désormais indissociables, à savoir ceux de « Challenger » F-10 / STS-51L (28 janvier 1986) et de « Columbia » F-28 / STS-107 (1er février 2003).
Ainsi, cette période maudite (pour les Américains mais pas seulement) du 27 janvier au 1er février n’est pas sans rappeler le triste anniversaire du 24 octobre (1960 et 63) pour leurs concurrents de l’autre côté du rideau de fer, les Soviétiques, devenus depuis lors leurs meilleurs amis ou ennemis, on ne sait plus très bien, l’avenir le dira.