SpaceX : l’atterrissage vertical du premier étage de la Falcon 9 a réussi
Historique ! SpaceX et son fondateur Elon Musk en avaient rêvé, ils l’ont fait : faire atterrir sur Terre le premier étage d’un lanceur orbital.

Le premier étage s’est posé après 10 minutes de vol
Mardi 21 décembre à 01h29 UTC (ou lundi 20 à 20h29 local), une fusée Falcon 9 a décollé de Cap Canaveral en Floride.

Après environ 2 minutes et 20 secondes de vol, à une altitude d’environ 72 km et à une vitesse à Mach 4,85, le premier étage cessait de fonctionner et se séparait du second étage qui continuait sa mission principale de mise sur orbite de 11 satellites de télécommunications Orbcomm ; ce qu’il a réalisé avec succès.
Bien qu’à vitesse élevée, les propulseurs du premier étage ont été rallumés et réorientés pour le ramener vers le sol de Floride. Après 3 allumages successifs, le déploiement des quatre jambes d’atterrissage et des ailettes de stabilisation, le premier étage s’est posé verticalement environ 10 minutes après le lancement.
Le lanceur s’est posé à 9 kilomètres au sud de la zone de lancement, sur un pas de tir réaménagé cette année par SpaceX. Ce pas de tir désaffecté depuis 2005 a été utilisé la première fois en Août 1958 par Atlas 3B, le deuxième vol du missile Atlas-B, puis pour des lancements d’Atlas-E et Atlas-F, et également pour des Atlas-Agena jusqu’en 1978.
Live video from LZ-1 pic.twitter.com/Ve6gEXfOdh
— Elon Musk (@elonmusk) December 22, 2015
4 objectifs réussis en 1 seul lancement
Ce lancement est un énorme succès pour Space X pour plusieurs aspects :
- le retour en vol de son lanceur Falcon 9 après l’échec du 28 juin, soit moins de 6 mois après cette défaillance, alors que le lanceur Antares d’Orbital, par exemple, n’est pas revenu en vol plus d’un an après son échec.
- la mise sur orbite du plus grand nombre de satellites pour une Falcon 9 avec 11 satellites Orbcomm
- le lancement réussi de sa Falcon 9 en version améliorée avec des performances accrues : 90 700 kg de poussée en plus, soit l’équivalent d’un moteur Merlin en plus (la Falcon 9 est équipée de 9 moteurs Merlin) et une capacité de remplissage de carburant augmentée. Cette dernière évolution permettra de mettre sur orbite des charges utiles plus lourdes ou bien permettra d’envisager quasiment à chaque fois l’atterrissage retour du premier étage. Ce lanceur amélioré comprend également un nouveau système d’oxygène liquide maintenant refroidi à -207ºC (-183ºC avant) qui augmenterait la performance globale du système.
- le retour sur Terre du premier étage d’une fusée orbitale.
La voie vers une fusée complètement réutilisable ?
Elon Musk n’a jamais caché son ambition de faire des lanceurs totalement réutilisables. Cette première étape, après seulement 3 tentatives, est prometteuse. En effet, n’oublions pas que les 2 premières tentatives sur une barge sur l’Océan ont été presque réussies [lire Un succès presque total pour SpaceX, son Dragon et sa Falcon et Un Dragon SpX6 livré à l’ISS et un atterrissage retour presque réussi]. De là à faire des lancement réutilisables à chaque fois, SpaceX n’a plus qu’à le démontrer.
L’objectif est de faire des lanceurs plus économiques. C’était aussi l’objectif dans les années 80 de la Navette Spatiale américaine (Shuttle), mais à l’usage, la récupération des boosters dans l’Océan, puis leur remise en état, ainsi que la maintenance de la Navette elle-même se sont avérées très coûteuses.
Affaire à suivre…
A lire absolument sur Challlenge : Le lanceur spatial réutilisable de SpaceX? Une équation économique incertaine pour Arianespace
Un succès plus retentissant que celui de Blue Origin ?
Très certainement. En effet SpaceX a réalisé cet exploit en direct devant des milliers de spectateurs pour commencer. Donc le « buzz » sur Internet est énorme, relayé notamment par la NASA elle-même sur Twitter avec plus de 13 millions d’abonnés.
Congratulations @SpaceX on your successful vertical landing of the first stage back on Earth! https://t.co/Zw3LR8fPTI
— NASA (@NASA) December 22, 2015
Rappelez vous, le 23 novembre dernier, Blue Origin de Jeff Bezos réalisait le premier atterrissage vertical de son lanceur New Shepard. Mais le comparatif s’arrête rapidement car :
- La Falcon 9 est une fusée pour des missions orbitales et non juste suborbitales.
- La Falcon 9 fait au moins 2 fois la hauteur du New Shepard.
- Le premier étage de la Falcon 9 atteint l’altitude de 200 km environ alors que New Shepard a atteint 105 km d’altitude.
- La vitesse atteinte par Falcon 9 se situe entre Mach 5.5 et 7.5 alors que New Shepard atteint « seulement » Mach 3.
- Falcon 9 est également orientée complètement différemment au moment de la descente. Elle est dans une configuration horizontale par rapport à la Terre, ce qui signifie qu’elle doit faire une manœuvre de bascule compliquée pour l’atterrissage vertical. La New Shepard reste essentiellement verticale pour l’ensemble de son vol.

Cet atterrissage va donc sensiblement marquer les esprits et surtout, continuer à faire « bouger les lignes » des concurrents de SpaceX. La conquête spatiale est en pleine ébullition !
CEO Tom Enders: Congrats to #SpaceX for historic & successful Falcon 9 launch and landing attempt. Well done! @elonmusk
— Airbus Newsroom (@AirbusPRESS) December 22, 2015
La vidéo complète du lancement et de l’atterrissage :
Ping : Allgemeines Live-Blog vom 20. bis 22. 12. 2015 | Skyweek Zwei Punkt Null
Comme quoi la réalité va bientôt dépasser la fiction !… en tout cas pour des vols automatiques. Maintenant, pour des vols « habités » (pilotés), ce n’est pas encore demain la veille !