Retour sur la conférence de S. Maurice du 3 décembre sur Mars Curiosity
Le 3 décembre dernier, Sylvestre Maurice, planétologue à l’IRAP (Institut de Recherche en Astrophysique et Planétologie) de Toulouse nous a donné une très bonne conférence sur la mission martienne du rover Curiosity.
S. Maurice revenait du JPL (Jet Propulsion Laboratory) où il a suivi les 100 premiers jours de la mission en tant que co-responsable d’un des instruments du rover : ChemCam
La conférence a été présentée par Alain Gaboriaud du CNES, le coordinateur des participations françaises à Curiosity. Nous avons pu revoir les 7 minutes de terreur de l’atterrissage de Curiosity.
Pour cette mission, le JPL a beaucoup innové sur l’atterrissage et a pris de gros risques, notamment avec le “sky crane”, le système de largage du rover.
S. Maurice est revenu sur l’histoire de la planète Mars afin de nous expliquer l’objectif de la mission. Aujourd’hui Mars et froide et sèche avec de la glace d’eau, surtout aux pôles. Curiosity recherche les conditions d’habitabilité sur Mars, pas la vie elle-même.
Le site d’atterrissage de Curiosité a été choisi au niveau du cratère Gale car géologiquement il pourrait répondre à cette question de l’habitabilité : vérifier la présence d’argile qui pourrait contenir des molécules organiques, signes d’un début de vie passée. Il est situé à la limite des hautes terres de l’hémisphère Sud et des basses plaines de l ‘hémisphère Nord (Mars présente 2 hémisphères très différents en topologie). Il correspond aussi à un site propice à un atterrissage sans crainte d’un relief trop important.
Le 6 août dernier à 7h32 (heure française), Curiosity a donc réussi son atterrissage sur Mars.
La précision d’atterrissage n’a jamais été égalée : 10 km après près de 465 millions de km parcourus.
Le site d’atterrissage avait été quadrillé en zones. Curiosity s’est posé dans le quadrant 51. Les fans de science-fiction aimeront l’allusion à “area 51”, la zone d’atterrissage des E.T. aux Etats Unis (Roswell ?)…
Lors de l’atterrissage, environ 400kg de cailloux ont été projetés en l’air et sur le rover. Un des instruments espagnols a été endommagé et ne pourra pas faire les mesures de vent attendues.
Juste après l’atterrissage les premières photos ont été disponibles. Elles sont d’une excellente qualité. Pour les voir, rendez-vous sur le site de la NASA : http://www.nasa.gov/mission_pages/msl/index.html
La recette du rover (ou “commissioning”) est prévue sur 90 jours, pendant laquelle le JPL teste tous les instruments.
Sur les 900kg du rover, il y a 80 kg d’instruments et 17 caméras. Parmi ces instruments, 2 ont été réalisés en coopération avec les Américains par des laboratoires français : ChemCam et Sam.
Présentation de ChemCam. Au 3 décembre, ChemCam avait réalisé 17 000 tirs de lasers.
A ce jour, seule la foreuse n’a pas été testée car elle présentait des défaillances au sol que le JPL est en train de corriger sur un rover en Californie, copie conforme de celui sur Mars.
Une vidéo résumé de la conférence sur le site Enjoy Space.
A l’issue de la Conférence, j’ai pu poser quelques questions à Sylvestre Maurice et Alain Gaboriaud, qui ont reconnu que la coopération avec le JPL n’a pas été facile au début et qu’ensuite lorsque la confiance s’est installée a été très riche en enseignements de part et d’autre.
La soirée s’est terminée par une visite privée de l’exposition sur Mars à la Cité de l’Espace :
J’ai pu assister aux interviews de S. Maurice par Gizmodo notamment.
NB : l’area 51 existe bien. C’est Groom Lake, une annexe de Nellis AFB, Nevada. L’USAF y teste ses appareils les plus secrets (dont le fameux “Aurora”, successeur du SR-71 et toujours sujet à polémiques et controverses depuis des années et des années…).
Quant à l’histoire de Roswell, ce n’était qu’un ballon-sonde équipé d’un mannequin… Maintenant, pourquoi un mannequin ? That is the question !