Les lancements du 15 au 21 décembre : Proton, GSLV, Soyouz, Strela
Une semaine chargée en cette fin d’année et c’est pas fini !
Le lancement majeur de cette semaine est sans aucun doute celui de la fusée indienne GSLV même si pour les autres, la « routine » n’est jamais facile.
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Lundi 15 décembre à 0h16 UTC, une fusée Proton a décollé du Cosmodrome de Baikonour en emportant un satellite de télécommunications russe Yamal-401
La séparation du satellite a eu lieu à 9H17 après un vol sans anomalie de l’étage supérieur Briz-M.
Ce lancement était opéré par ILS (International Launch Services).
C’était le 400e lancement d’une fusée Proton depuis 1965. Mais le lanceur Proton est voué à disparaître pour être remplacé par la fusée Angara 5 dont une première campagne d’essai a eu lieu en juillet dernier et le prochain vol d’essai est prévu le 23 ou le 25 décembre 2014 selon les sources, avant d’entrer en service régulier d’ici 2020.
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Le jeudi 18 décembre, l’Inde a réussi le vol inaugural de son lanceur lourd GSLV Mark 3 et de sa capsule habitable CARE
A 4h00 UTC, la fusée s’est élancée de son pas de tir.
A T+5 minutes et 17,62 secondes le premier étage a cessé de fonctionner comme prévu. 2,8 secondes plus tard, le premier étage s’est séparé du second, une maquette. Onze dixièmes de seconde après, simulation de l’arrêt du deuxième étage et séparation de la charge utile quatre secondes plus tard.
Au moment de la séparation, le GSLV avait accéléré la charge utile, la caspule de test CARE (Crew Module Atmospheric Reentry Experiment), à une vitesse d’environ 5,3 km par seconde et à une apogée de 126 kilomètres, plus ou moins un kilomètre. Immédiatement après la séparation de la fusée, CARE a activé ses systèmes de contrôle pendant 2 minutes et 11 secondes, avant qu’ils soient désactivés lors de l’entrée de la sonde dans l’atmosphère dans une descente balistique non guidée.
Le déploiement des parachutes de CARE s’est produit à T+9 minutes et 40 secondes, à une altitude de 15,4 km. Les stabilisateurs ont ralenti la capsule lors de la descente, jusqu’à ce que les parachutes principaux aient été déployés 202 secondes plus tard, à 3 kilomètres d’altitude au-dessus de l’océan Indien.
L’amerrissage s’est produit à environ 180 kilomètres au sud des îles d’Andaman et Nicobar, où CARE a été récupéré par les gardes-côte indiens.
La mission entière a duré dix-neuf minutes du décollage à l’amerrissage.
Pour connaitre les enjeux et les objectifs de ce vol GLSV MK3 / CARE, lisez l’article « Vol d’essai du lanceur indien GSLV-MkIII et de sa capsule CARE prévu le 18 décembre«
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Le 18 décembre à 18h37 UTC, la fusée Soyouz VS10 a décollé pour son 10e vol depuis le Centre spatial Guyanais et a mis sur orbite 4 satellites de la constellation O3b.
A T+2h22, la séparation des 4 satellites a été confirmée par les télémétries des satellites eux-mêmes et pas par le dernier étage Fregat comme attendu. Cela a amené à une certaine confusion lors du direct, compte tenu de l’échec précédent de la mise sur une orbite correcte des 2 satellites Galileo lors de VS09.
Les 4 satellites O3B vont rejoindre les 8 satellites lancés en juin 2013 (VS05) et en juillet 2014 (VS08) pour former la constellation de satellites d’accès internet haut débit pour les pays en voie de développement.
Des images techniques impressionnantes prises au plus près du lanceur :
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A 4h43 UTC, vendredi 19 décembre, une fusée Strela russe a mis sur orbite le satellite Kondor-E
Ce lancement a eu lieu depuis un silo du Cosmodrome de Baïkonour au Kazakhstan avec 2′ heures de retard par rapport à la date annoncée préalablement. Strela ou « стрела », qui signifie « flèche » en russe, est basée sur le missile balistique intercontinental UR-100N, tout comme le Rockot mais en moins modifié. Ce lancement n’était que le 3e de ce lanceur depuis son premier vol en 2003.
L’étage supérieur de Strela a libéré le satellite Kondor-E environ 25 minutes après le décollage sur une orbite à environ 500 kilomètres d’altitude, inclinée à 75°. Kondor-E est un satellite radar militaire pour les agences de défense et de sécurité de l’Afrique du Sud, pour la surveillance des eaux sud-africaines d’activités illégales potentielles, pour l’aide dans les opérations militaires dans les territoires voisins et l’aide à la collecte de renseignements.
Plus de détails sur le lanceur Strela ou le satellite Kondor-E sur nasaspaceflight.com, spaceflight101.com ou russianspaceweb.com
Ceci clos la semaine du 15 au 21 décembre, le lancement du cargo Dragon spX5 par une Falcon 9R ayant été retardé en janvier 2015, au plus tôt au 6 janvier
NB n° 1 : quand on pense que c’est une fusée russe (Soyouz) qui permet la mise sur orbite d’un satellite militaire sud-africain (Kondor-E), on se dit que décidément le monde a bien changé !…
NB n° 2 : ne pas confondre les deux programmes argentin (ou franco-argentin…) « Condor » et sud-africain « Kondor ».
Amitiés,
Michel