Rêves d'Espace

Un site sur l'actualité spatiale : les vols habités, les lancements, l'exploration de l'espace, les grandes missions actuelles et futures

Actualités spatialesLancementsLuneMars

Actualités spatiales du 18 au 24 février : le retour des lancements !

Une semaine spatiale comme on les aime : des lancements, la préparation des vols touristiques et une mission d’exploration époustouflante !

Soyouz : grosse frayeur pour le premier lancement russe de l’année

Jeudi 21 février une Soyouz-2.1b équipée d’un étage supérieur Fregat a décollé et mis en orbite le satellite d’observation EgyptSat-A. Le décollage a eu lieu à 17h47 heure de Paris (21h47 heure locale) de Baïkonour. C’était le premier tir Soyouz de l’année et le vol ne s’est pas entièrement déroulé comme prévu.

Décollage de la Soyouz-2.1b et de EgyptSat-A, à ce moment-là tout va bien. (crédit Roscosmos)

Décidément la Russie spatiale connaît bien des déconvenues ces dernières années. 2019 est maintenant la troisième année consécutive qui ne fait pas le sans-faute. Le lancement commençait pourtant de manière nominale. Le premier étage et les quatre boosters auxiliaires fonctionnaient normalement (en novembre 2018 un vice de production avait provoqué une mauvaise séparation des boosters et entraîné la redescente balistique du vaisseau Soyouz MS-10 et de ses passagers). C’est le troisième étage de la Soyouz-2.1b qui, neuf minutes après le décollage, a placé le Fregat et son passager sur la mauvaise orbite. En effet, selon l’agence de presse russe Tass, le Fregat a été détecté à une hauteur inférieure à celle attendue (650km en orbite polaire) et c’est le Fregat qui a dû compenser la défaillance pour finalement placer EgyptSat-A sur son orbite. Les officiels russes ont indiqué que EgyptSat-A fonctionnait nominalement après cette correction de mise en orbite et que ses panneaux solaires se sont déployés juste après.

Le troisième étage d’une Soyouz comporte plusieurs versions (ici avec Venus Express comme passager) (crédit ESA)

Que s’est-il passé ? Pourquoi cette défaillance de l’étage supérieur du Soyouz ? Selon Kosmonavtika, les deux premiers étages ont fonctionné normalement mais pas le troisième qu’on appelle le Bloc I. Il y a deux versions du Bloc I : la normale pour la Soyouz-2.1a avec 4 moteurs RD-0110 d’une poussée de 298 kN, et la version améliorée pour la Soyouz-2.1b utilisant 4 moteurs RD-0124 de 320 kN de poussée. Cependant ce dernier a déposé le Fregat 57 kilomètres sous l’orbite attendue. Pourquoi ? Selon Kosmonavtika, une analyse a révélé une erreur de configuration : les capteurs de niveau des réservoirs de kérosène et d’oxygène ont été inversés. Du coup l’hydrogène a été chargé dans le réservoir d’oxygène et vice-versa. Et comme le réservoir de kérosène est initialement plus petit, le Bloc I s’est retrouvé avec trop peu d’oxygène, et un surplus d’hydrogène. Il manquait encore quelques précieuses secondes de propulsion quand le Bloc I avait utilisé tout son oxygène et que le commande d’arrêt d’urgence des moteur fût émise pour « réservoir vide ». On pourra toutefois noter le bon fonctionnement du Fregat qui a su très vite se rendre compte qu’il était à la mauvaise altitude et compenser cela en allongeant sa propulsion de 17 secondes.

Les différents Bloc I des Soyouz U/FG et 2.1, on voit bien la différence entre les volumes d’oxygène et de kérosène (crédit Starsem)

Comment un tel vice de configuration a-t-il pu passer ? Le contrôle qualité du lanceur était-il défaillant ? Kosmonavtika rappelle que la Soyouz était à deux mois de sa « date de péremption ». Ce sont aujourd’hui des questions encore sans réponse alors que ROSCOSMOS a affirmé qu’aucune commission d’enquête ne serait créée pour régler cette anomalie. Deux tirs Soyouz importants sont pourtant prévus dans la prochaine quinzaine : le tir OneWeb depuis Kourou avec une Soyouz ST-B qui utilise le même Bloc I que la 2.1b a été décalé de 24 heures pour permettre aux ingénieurs d’avoir plus de temps pour étudier les données de l’anomalie (on vous en parlera la semaine prochaine), et le tir Soyouz-FG de la mission MS-12 pour ISS qui aura notamment à bord les deux malheureux passagers du vaisseau Soyouz MS-10.

EgyptSat-A, vue d’artiste (crédit NARSSS)

EgyptSat-A est donc un petit chanceux qui a pu bénéficier des bonnes performances du Fregat. C’est un satellite d’observation égyptien posé sur une orbite polaire de 650 km d’altitude. Il remplace EgyptSat 2 qui était tombé en panne en 2015, un an après sa mise en orbite. Son financement a donc été assuré par l’assurance de son prédécesseur, pour un total de 100 M$, selon Tass. EgyptSat-A pèse plus d’une tonne et est censé fonctionner pendant au moins 11 ans. Comme son prédécesseur, il a été construit par la compagnie russe RSC Energia. EgyptSat-A peut fournir des images d’une précision d’un mètre. Ces images seront bien sûr utilisées d’abord par les militaires égyptiens, mais aussi des civils comme les gestionnaires d’urgences, ou les secteurs agricole ou environnemental.

Sources : SpaceflightNow, Kosmonavtika

VSS Unity, cinquième vol à la limite de l’espace

Nouveau vol avec nouveau record d’altitude et de vitesse pour le VSS Unity !

Pour plus d’informations regardez ici : VSS Unity : un premier passager en microgravité

 

Falcon 9 : lancement de Beresheet, le premier lander lunaire privé

Dans la nuit de jeudi 21 à vendredi 22 février, une Falcon 9 a décollé de Floride avec à bord le premier lander lunaire privé Beresheet ainsi que deux autres passagers. Le décollage a eu lieu jeudi à 20h45 heure locale (vendredi 2h45 heure de Paris) à Cap Canaveral. Le décollage a été nominal, tout comme la récupération du premier étage.

Nusantara Satu Mission

Lancement de Nusantara Satu/Beresheet/S5 à Cap Canaveral (crédit SpaceX)

C’est le second tir Falcon 9 de 2019. Quelques minutes plus tard, le premier étage s’est posé au large de la Floride sur la barge « Of Course I Still Love You ». C’était le 34ème posé d’un premier étage. Le second étage s’est ensuite inséré sur une orbite très elliptique dont l’apogée était à plus de 60 000 km, pour larguer en premier le lander israélien Beresheet 33 minutes après le décollage. Le satellite de communication indonésien Nusantara Satu a été largué 11 minutes plus tard. Le premier étage qui a porté ce vol était le B1048, et c’était son troisième vol, ce qui fait de lui le second objet à être allé trois fois dans l’espace, après l’autre premier étage de Falcon 9 B1046 en décembre lors de la mission SSO-A. Le B1048 est un bloc 5 qui a volé pour la première fois le 25 juillet 2018 pour le tir Iridium Next 7, puis une seconde fois le 9 octobre pour lancer SAOCOM-1A. Le B1048 a donc été reconditionné et requalifié deux fois en moins de sept mois (contre six pour le B1046).

Nusantara Satu Mission

Le B1048 sur la barge « Of Course I Still Love You » juste après son atterrissage (crédit SpaceX)

L’un des passagers de la Falcon 9 était l’atterrisseur lunaire privé israélien Beresheet. Détails sur la mission de l’atterrisseur Beresheet dans : Beresheet : la première sonde privée vers la Lune

SpaceIL indique que que le lander lunaire Beresheet a nominalement exécuté ses premières manœuvres : son orbite est actuellement de 123000x600km. (crédit SpaceIL)

Le second passager était en fait le passager primaire, bien que Beresheet ait attiré un peu plus l’attention des gens. Il s’agit du satellite de télécommunications indonésien Nusantara Satu, de la compagnie PT Pasifik Satellite Nusantara (PSN). Le satellite pèse 4100 kilos et est censé couvrir tout l’archipel indonésien pendant 15 ans. Ses transpondeurs émettent en bandes C et Ku. Nusantara Satu est le premier satellite de télécommunications indonésien à haut débit, ce qui fait de lui un élément important dans le développement du pays. Le satellite a été développé par SSL en Californie.

Le dernier passager est le smallsat S5, de l’US Air Force. La charge utile du smallsat de 60 kilos développé par Blue Canyon Technologies a été fournie par Applied Defence Systems. La mission de S5 est de tester sa capacité à trouver des objets en orbite géostationnaire, ce qui permettra à la Défense US de mettre à jour sa base de données déjà alimentée par les entreprises commerciales ainsi que par différentes agences spatiales. S5 fait partie des premiers petits satellites envoyés en orbite géostationnaire. Actuellement S5 est encore attaché à Nusantara Satu. Il s’en détachera juste avant que celui-ci n’atteigne son orbite.

Beresheet, S5 et Nusantara Satu empilés à côté de la coiffe de Falcon 9 avant le lancement. Beresheet est sous couvertures thermiques dorées au sommet, suivi de S5 et du grand satellite Nusantara Satu (credit SpaceIL)

La mise en orbite des satellites a été opérée conjointement par SpaceX et la société Spaceflight Co. spécialisée dans le lancement multiple. Spaceflight avait déjà opéré la mise en orbite de tous les passagers du SSO-A en décembre 2018, c’est la première fois que la compagnie américaine organise un vol en orbite géostationnaire.

Sources : SpaceX et SpaceflightNow.

Hayabusa-2 : la folle récolte de poussière d’astéroïde

Hayabusa-2 a réussi sa première récolte d’échantillons de poussières à la surface de Ryugu.

pour plus d’informations regardez ici : Hayabusa-2 : collecte d’échantillons réussie sur Ryugu

Le « Touch and Go » de Hayabusa 2 (crédit JAXA, University of Tokyo, Kochi University, Rikkyo University, Nagoya University, Chiba Institute of Technology, Meiji University, University of Aizu, AIST)

En bref :

Thomas Pesquet lance le concours étudiant Génération ISS

Jeudi 21 février, lors de sa visite à l’université Toulouse III Paul Sabatier, l’astronaute Thomas Pesquet a lancé, en compagnie de la ministre Frédérique Vidal, le concours génération ISS pour que les étudiants français proposent des expériences à faire lors de son prochain vol.

Pour plus d’informations regardez ici :

Thomas Pesquet lance le concours étudiant Génération ISS

Lancement de la plateforme d’accélèration ArianeWorks

Jeudi 21 février, juste avant le lancement du concours Génération ISS, Jean-Yves Le Gall (DG du CNES), André-Hubert Roussel (président exécutif d’ArianeGroup) et la ministre Frédérique Vidal ont lancé ArianeWorks, une plateforme de travail pour préparer les lanceurs du futur (post Ariane 6). Le but de la plateforme est de réunir tous les acteurs du spatial français et européen « dans la même pièce » pour accélérer l’innovation en vue de développer une nouvelle génération de lanceurs. C’est une réponse directe au rapport de la Cour des Comptes sur le Newspace, qui disait grosso-modo qu’Ariane 6 paraissait déjà obsolète avant même de faire son premier décollage, et qui préconisait de continuer son développement pour la rendre plus innovante. La ministre et ArianeGroup avaient d’emblée répondu non à cette demande, fixant la priorité à la mise en service d’Ariane 6 en 2020. Du coup pour la suite, ce qu’on appelle Ariane Next, soit les démonstrateurs Themis et Callisto, la plateforme ArianeWorks est censée donner un coup de pouce à leur développement.

is_arianeworks_210219.jpeg
JY Le Gall, F Vidal, et AH Roussel signent le protocole d’accord de la mise en place de la plateforme (crédit CNES/Sébastien Godefroy)

Opérations scientifiques à l’arrêt pour Curiosity

Le rover Curiosity de la NASA sur Mars est passé en mode sans échec après une erreur lors d’une réinitialisation ponctuelle le 15 février. Le rover a été sorti de ce mode le mardi 19 février et fonctionne normalement, après avoir démarré avec succès plus de 30 fois sans autre problème. Par prudence, les opérations scientifiques resteront en suspens jusqu’à ce que la cause de cette panne soit mieux comprise.

Le rover Curiosity a pris cette image avec sa Mastcam le 10 février 2019 (Sol 2316). Le rover explore actuellement une région du mont Sharp surnommée « Glen Torridon », riche en minéraux argileux. Crédit d’image: NASA / JPL-Caltech / MSSS

Une nouvelle image plus détaillée d’Ultima Thule par New Horizons

Le 22 février, la NASA a dévoilé la photo composite de neuf images probablement les plus résolues jamais obtenues d’Ultima Thule, l’objet de la Ceinture de Kuiper survolé le 1er janvier 2019 par la sonde New Horizons :

Image composite traitée combinant neuf images individuelles prises avec l’imageur LORRI, chacune avec un temps d’exposition de 0,025 seconde. La photo a été prise à 05h26 TUTC le 1er janvier 2019, alors que la sonde était à 6 628 kilomètres d’Ultima Thule et à 6,6 milliards de kilomètres de la Terre. L’angle entre la sonde, Ultima Thule et le Soleil, appelé «angle de phase» – était de 33 degrés (Credits: NASA/Johns Hopkins Applied Physics Laboratory/Southwest Research Institute, National Optical Astronomy Observatory)

Article fait à 4 mains avec Isabelle.

Publicités

Une réflexion sur “Actualités spatiales du 18 au 24 février : le retour des lancements !

  • Michel Clarisse

    A rajouter : le 19 février, annonce faite par Roscosmos et Space Adventures de l’envoi de deux « astronautes non professionnels » (américains ?) ainsi que, bien entendu, un « cosmonaute professionnel », à bord d’un Soyouz MS dont le lancement est prévu pour la fin 2021.

    Répondre

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.