L’actualité spatiale de la semaine du 18 juin : ISS, RemoveDebris et tempête martienne
Pour cette semaine, pas de décollage de fusée, à moins que la Chine n’ait lancé une Long March ce dimanche comme prévu par certains experts, mais ce n’est pas encore officiel à l’heure où j’écris.
Mais il se passe toujours quelque chose dans l’espace !
RemoveDEBRIS sur orbite
Remove Debris est un satellite de 100 kg construit par SSTL pour le compte de l’Université du Surrey en Grande-Bretagne et pour l’ESA. Il a décollé à bord du cargo de ravitaillement CRS-14 début avril. Mercredi 20 juin, le satellite a été lancé dans l’espace à partir du module japonais JEM (Japanese Experiment Module) grâce au système de déploiement Kaber (Kaber Microsatellite Deployer) [lire Cubesat, c’est quoi ? ça sert à quoi ?].
C’est le plus grand satellite à ce jour déployé depuis l’ISS.
RemoveDEBRIS en fait 3 satellites en 1 : RemoveSAT, le vaisseau porteur et deux DebrisSAT, 2 cubesats 2U.
En octobre prochain, DebrisSAT-1 doit être largué puis capturé au moyen d’un filet à une distance entre 5 et 7 mètres, et ensuite il dérivera jusqu’à sa désorbitation.
DebrisSAT-2 servira de cible pour un système de navigation optique (Vision Based Navigation – VBN), pour tester des techniques de rendez-vous en orbite avec les débris spatiaux. Il s’agit d’un système d’une caméra 2D et d’un LIDAR (Light Detection and Ranging) 3D.
En février 2019, un harpon sera lancé à une vitesse de 20 m/s vers un panneau composite déployé depuis RemoveSAT au bout d’une perche de 1,5m de long. Il devrait le pénétrer et permettre la capture de ce débris simulé.
A la fin de vie de RemoveSAT, une voile solaire (dragsail) sera déployée afin de désorbiter plus rapidement le satellite. La voile se compose de 2 parties: un déployeur gonflable qui éloigne la voile de la plate-forme (empêchant la voile de heurter tout matériel en surplomb de la plateforme, par exemple des antennes) et un mécanisme d’extension qui utilise un moteur pour déployer les membrures de voile. Le déployeur est un mécanisme gonflable qui se déploie sur une longueur de 1 m et s’auto-durcit. Le mécanisme d’extension se compose de quatre flèches roulées dans un distributeur central qui permet un déploiement contrôlé de la voile.
RemoveDEBRIS est une coopération internationale incluant l’université de Surrey, Airbus Defence and Space, ArianeGroup, Surrey Satellite Technology Ltd, Innovative Solutions In Space, le CSEM (Suisse), l’Inria (Institut National de Recherche en Informatique et Automatique, France) et l’université de Stellenbosch (Afrique du Sud). Le déploiement du satellite à partir de l’ISS a pu être réalisé grâce à NanoRacks et à l’accord spatial conclu avec les laboratoires nationaux de la NASA (communiqué Airbus DS).
On suivra avec attention cette expérience de grande importance dans la lutte contre les débris spatiaux qui représentent un risque non négligeable vis-à-vis des satellites opérationnels et des missions habitées. [Un jour, je vous ferai un article complet sur les débris spatiaux…].
Nouvelle réhausse de l’orbite de l’ISS
L’orbite de l’ISS a été relevée le 23 juin à 08h15 UTC d’environ 2 km en utilisant les moteurs du cargo Progress MS-08 pendant 208 secondes, d’où une accélération de 0,42 m/s. Cette réhausse permet une orbite favorable à l’arrivée du cargo de ravitaillement Progress MS-09 dont le lancement est prévu le 9 juillet prochain.
L’orbite de la Station est désormais : altitude minimale 403,7 km, altitude maximale 421,2 km, période orbitale 92,60 minutes et inclinaison de l’orbite à 51,66°.
La tempête sur Mars est devenue globale
La tempête de poussière martienne a encore pris de l’ampleur et est officiellement devenue un événement «planétaire» (ou «global») », selon la NASA. La dernière tempête de cette intensité remontait à 2007.
Les ingénieurs au sol n’ont plus de communication depuis le 10 juin avec le rover Opportunity qui tire son énergie de panneaux solaires qui doivent être désormais couverts de poussières martiennes. Il avait résisté à la tempête de 2007 mais survivra-t-il à celle-ci ?
14 days … 14 agonizing days since last contact with Opportunity. This dust storm is pushing both the spacecraft and engineering team to their respective limits. We are doing everything we can to reestablish contact with the rover, but the prolonged absence of a signal only adds pic.twitter.com/ZJBiFzdKEv
— Michael Staab (@AstroStaab) June 25, 2018
Pour le rover Curiosity doté d’un moteur nucléaire, les activités scientifiques continuent. Ses observations et son dernier « selfie » en date du 20 juin montrent que la tempête s’est épaissie et que la visibilité se trouve réduite.
Ryugu de plus en plus précis
La sonde japonaise Hayabusa-2 se rapproche de sa cible l’astéroïde Ryugu. Les dernières photos ont été publiées ce 25 juin. A suivre dans un article à venir.
Retrouvez les images de la semaine dernière : Hayabusa-2 : Ryugu de plus en plus précis