L’actualité spatiale de la semaine du 4 juin : Falcon 9 et SES-12, Long March et Fengyun-2H, ISS Expedition 56 et Hayabusa
Une semaine bien active côté spatial : 3 lancements dont celui de 3 nouveaux membres d’équipage pour la Station Spatiale Internationale.
Le plus grand satellite électrique actuel mis sur orbite par une Falcon 9
Lundi 4 juin à 4h45 UTC, une Falcon 9 a décollé depuis Cap Canaveral en Floride, emportant le satellite de télécommunications tout électrique SES-12.
Selon le communiqué d’Airbus Defence and Space, constructeur du satellite, l‘économie de masse grâce à la technologie EOR (Electrical Orbit Raising) entièrement électrique de SES-12 permet de combiner deux missions de grande capacité, équivalentes à deux charges utiles conventionnelles, dans un seul satellite. Pour remplir sa double mission, SES-12 propose à la fois des faisceaux larges et des faisceaux ponctuels à haut débit pour répondre à divers besoins de connectivité. Le satellite fournira une capacité d’extension et de remplacement pour desservir les secteurs des données fixes, de la mobilité, du gouvernement et de la vidéo dans les régions du Moyen-Orient et de l’Asie-Pacifique. SES-12 fonctionnera dans les bandes Ku et Ka avec un total de 76 transpondeurs actifs et huit antennes. Pesant 5.400 kg au lancement, il a une puissance électrique de 19 kW et fonctionnera en orbite géostationnaire à l’emplacement 95 ° Est pour une durée de service prévue de plus de 15 ans. »
Le premier étage utilisé est une version ancienne «Block 4» qui a volé en septembre 2017 pour la mise sur orbite de l’avion spatial X-37B de l’US Air Force. Il n’a donc pas été récupéré.
SpaceX n’a actuellement pas de navire sur la côte Est équipé d’un système de récupération de la coiffe comme celui de M. Steven [lire Une coiffe de Falcon 9 presque réutilisable]. Cependant, son navire de récupération GO Pursuit avait quitté Port Canaveral le jour du lancement selon Nasaspaceflight. Une tentative de récupération de la coiffe après amerrissage dans la mer a peut-être été effectuée par SpaceX mais il n’y a pas d’informations officielles à ce jour.
Et de 17 pour Long March !
La Chine a lancé mardi 5 juin un nouveau satellite météorologique, Fengyun-2H, pour améliorer la précision des prévisions météorologiques et fournir de meilleurs services météorologiques pour au moins 4 ans, notamment pour surveiller les cyclones tropicaux et autres phénomènes météorologiques en Afrique et en Asie.
Le Fengyun-2H a été lancé sur une fusée Long March 3A à 13h07 UTC depuis le centre de lancement des Satellites de Xichang, dans le sud-ouest de la Chine, sur une orbite de transfert géostationnaire.
Second objectif du vol de mardi, l’étage supérieur de la Long March 3A a conduit une expérience pour étudier le comportement des propulseurs cryogéniques liquides et oxygène liquide dans l’espace, rassemblant des données pour les ingénieurs chinois qui conçoivent des fusées cryogéniques pouvant effectuer des missions de plus longue durée selon la CALT. C’était la première fois qu’une fusée chinoise effectuait une telle expérience en orbite avec du carburant cryogénique, ont indiqué les responsables de la CALT dans un communiqué de presse.
Un dix-septième lancement orbital réussi pour la Chine en 2018 sur les 40 prévus.
L’Expedition 56 démarre à l’ISS
A (re)lire ici : ISS : démarrage de la mission Horizons
Hayabusa-2 entre en phase finale d’approche
Depuis le 10 janvier, la troisième et dernière phase de l’exploitation des moteurs ioniques de la sonde japonaise Hayabusa-2 était en cours. Elle s’est terminée le 3 juin après environ 2 426 heures de fonctionnement pour permettre l’approche de la cible de la sonde : l’astéroïde Ryugu [lire Hayabusa-2 : l’explorateur d’astéroïde japonais]. Désormais, la détermination orbitale précise de l’engin spatial et de l’astéroïde sera faite par radio et navigation optique.
A cette occasion, une photo de l’astéroïde a été prise le 6 juin par la caméra optique ONC-T (Optical Navigation Camera – Telescopic) alors que la sonde était à environ 2600 km de Ryugu.
Sur la première image, un pixel est d’environ 22 secondes d’arc. Sur la seconde image, la longueur d’un pixel serait d’environ 0,3 km, donc impossible encore de connaître la forme de l’astéroïde.
L’altimètre laser (LIDAR) mesurant la distance jusqu’à la cible a été allumé avec succès le 6 juin, pour la première fois depuis 2 ans pendant environ 5 heures. Mais la distance est encore trop grande pour mesurer précisément la distance d’avec l’astéroïde.
Une première manoeuvre de correction de la trajectoire (TCM01) a été effectuée le 8 juin. En utilisant ses propulseurs, Hayabusa-2 a été accéléré de ~ 24 cm/s (-x), 5 cm/s (-y), 14 cm/s (z). La distance entre l’engin spatial et l’astéroïde était d’environ 1900 km et la vitesse relative après TCM01 était d’environ 2,35 m/s.
Vu la distance entre Hayabusa-2 et la Terre, à environ 1,9 UA (Unité astronomique, soit environ 284 millions de km), toutes les télécommandes ou télémesures prennent actuellement 32 minutes aller-retour.
En bref
Réveil de New Horizons
La sonde américaine New Horizons était en mode d’hibernation depuis le 21 décembre. Elle a été réveillée le 5 juin par une télécommande automatique à plus de 6 milliards de kilomètres de la Terre. New Horizons est maintenant à environ 262 millions de kilomètres, moins de deux fois la distance entre la Terre et le Soleil, d’Ultima Thule, un objet de la Ceinture de Kuiper, dont elle devrait s’approcher le 1er janvier 2019.
Report du lancement de ICON
Le lancement du satellite de la NASA, ICON pour Ionospheric Connection Explorer, dédié à l’étude de l’influence de la météo terrestre sur l’ionosphère, prévu initialement le 14 juin (après un premier report de décembre 2017), est une nouvelle fois reporté.
Selon un communiqué, « Northrop Grumman, en collaboration avec la NASA, a pris la décision de reporter le lancement de la fusée Pegasus XL le 14 juin, transportant le vaisseau spatial ICON. Pegasus retourne à la base aérienne de Vandenberg pour effectuer des essais de la fusée après avoir vu des données non nominales pendant le vol de transfert. Après un nouvel examen des données, les équipes travailleront pour déterminer une nouvelle date de lancement. »
Annonce de la NASA sur les découvertes de Curiosity
Dans la semaine, la NASA a annoncé qu’il avait été découvert une variation saisonnière des niveaux de méthane dans l’atmosphère martienne grâce aux analyses du rover Curiosity et aussi des molécules complexes. J’y reviendrai prochainement dans un article sur cette découverte.
La détection de méthane n’est pas nouvelle [lire Dernières découvertes de Rosetta et de Curiosity : eau, méthane et molécules organiques !] mais c’est cette variabilité qui est nouvelle.
A lire : Vie sur Mars, Curiosity fait 2 découvertes capitales par le CNES.
Le résumé en vidéo :
Disponible lundi 11 juin à 18h
Dans cette semaine spatiale, il y a eu aussi d’autres événements. J’ai eu l’occasion de rencontrer Thomas Pesquet, au big bang festival de Saint Médard en Jalles. Et j’ai pu échanger quelques mots avec Jean François Clervoy, que vous devez connaître, pour avoir fait un vol à Mérignac, près de chez moi. Ces 2 rencontres m’ont ébloui.
Ce n’est effectivement qu’une sélection. Il m’est difficile de trouver le temps de tout écrire.