L’actualité de la semaine du 16 au 22 juillet : New Shepard et Falcon 9
Une semaine marquée par un neuvième lancement test de Blue Origin et le second vol d’une Falcon 9 Block 5.
Et de 9 pour New Shepard !
Blue Origin, la société fondée par le milliardaire Jeff Bezos qui veut rendre l’espace accessible à « tous » [lire articles précédents], a réalisé un nouveau lancement de sa New Shepard un peu moins de 3 mois après le précédent, afin de tester rigoureusement le lanceur avant d’y mettre des passagers.
Mercredi 18 juillet, la New Shepard a décollé à 15h11 UTC du West Texas suborbital launch site.
La séparation de la capsule inhabitée a eu lieu après environ 2 minutes et 40 secondes de vol.
Environ 20 secondes après la séparation, la capsule a mis à feu son moteur d’éjection à propergol solide pour un test prévu de sa performance à haute altitude. Le moteur de secours a poussé le vaisseau spatial à une altitude record de 119 km, plus haut dans l’espace qu’il ne l’avait jamais été auparavant.
Les ingénieurs de Blue Origin voulaient savoir si les propulseurs du système de contrôle de la réaction (RCS) de la capsule pouvaient stabiliser l’engin spatial dans l’environnement spatial et cela semble réussi. Après environ 11 minutes de vol, la capsule est retournée sur Terre sous parachutes.
La fusée avait aussi fait un bon retour sur Terre quelques minutes auparavant.
C’était au moins la quatrième fois que la compagnie mettait la fusée ou la capsule dans un scénario extrême, non-nominal, comme la simulation d’un parachute défaillant. Jusqu’à présent, New Shepard et la capsule ont très bien réussi à chaque fois.
C’était le troisième vol d’affilée à la fois pour l’étage principal et la capsule. Le mannequin d’essai instrumenté « Skywalker » était de nouveau à bord, son troisième vol, afin de recueillir des données à la place d’un astronaute. Selon Blue Origin, il a subi 3G lors de la montée, est allé en apesanteur à MECO (Main Engin Cut Off, arrêt du moteur principal), puis a subi au plus 10G pour le tir du moteur d’évacuation.
Plusieurs charges utiles commerciales étaient également à bord de la capsule (la 3e fois), ainsi que diverses expériences scientifiques et éducatives pour la recherche en microgravité (détails) :
- «Mu Space-1» est un assortiment d’articles scientifiques et médicaux thaïlandais dont plusieurs matières textiles qu’ils prévoient d’utiliser sur leur future combinaison spatiale.
- Plusieurs charges utiles de la NASA, comme SFEM-2, qui a permis d’enregistrer la pression de la capsule, sa température, le CO2, les conditions acoustiques et l’accélération.
- Une série de charges utiles provenant des employés de Blue Origin, dans le cadre du programme interne «Fly My Stuff» de la société.
Le prochain vol devrait voir une capsule en configuration « de vol » avec l’aménagement intérieur pour les futurs vols commerciaux.
Dans le communiqué de Blue Origin, il est annoncé : « nous commençons à croire que des vols d’essai humains sont possibles d’ici la fin de l’année« . Blue Origin devrait vendre prochainement ses premiers vols suborbitaux à des touristes spatiaux pour vivre 7 minutes de vol en micro-gravité, mais le tarif est inconnu à ce jour. Blue Origin pourrait aussi décoller à l’avenir de Cap Canaveral sur le pas de tir LC-36.
Une Falcon 9 Block 5 en action
Nouveau succès ce dimanche 22 juillet pour SpaceX avec le décollage à 5h50 UTC d’une Falcon 9 depuis Cap Canaveral en Floride.
Décollage Falcon 9 / Telstar 19V le 22/07/2018 (credit SpaceX)
Le lanceur a mis sur orbite de transfert géostationnaire 33 minutes après le décollage le satellite de télécommunication canadien Telstar 19 VANTAGE. Celui pesait un peu plus de 7 tonnes au lancement, devenant ainsi le plus gros satellite commercial de télécommunications jamais lancé. Il devrait rejoindre sa position orbitale d’ici le mois d’août avec sa propulsion chimique conventionnelle. Il fournira ensuite des télécommunications au-dessus du Canada et d’une partie de l’Amérique du Sud, et aussi des services Internet aéroportés pour les avions circulant sur les routes transatlantiques entre l’Amérique du Nord et l’Europe, ainsi que des communications dans les Caraïbes pour les navires de croisière et d’autres navires océaniques.
Le premier étage a effectué un atterrissage précis près de neuf minutes après le décollage sur la barge-drone « Of Course I Still Love You » stationnée dans l’Océan Atlantique à quelques centaines de kilomètres à l’est de la Floride.
C’était le 58ème vol d’une fusée Falcon 9 depuis la première version du lanceur lancée en 2010, le 13e lancement de l’année, et la deuxième mission Falcon 9 à utiliser toutes les dernières mises à jour « Block 5 », utilisées pour la première fois le 11 mai dernier. Les boosters « Block 5 » seraient réutilisables jusqu’à 10 fois et compatibles des vols habités.
Le prochain lancement d’une Falcon 9 est déjà prévu pour le 25 juillet, depuis la côte est des Etats-unis cette fois-ci [voir le calendrier].
En bref
Une sélection très partiale de nouvelles brèves de l’espace.
SEIS est en bonne santé
L’instrument principal de la mission Insight en route vers Mars depuis le 5 mai va bien. Il a été allumé le 16 juillet à 15H45 UTC. SEIS sous responsabilité française a été mis en route une dizaine de minutes, pour la première fois depuis le 26 avril, date des derniers tests effectués au sol. Différents capteurs ont renvoyé des valeurs attendues.
Un nouvel allumage et des calibrations seront effectués d’ici l’atterrissage sur Mars prévu le 26 novembre prochain.
La station météorologique APSS a également été testée avec succès, sans qu’aucune anomalie ne soit relevée sur les capteurs ou l’électronique.
Détails dans l’article du CNES : Mission martienne Insight : le sismomètre SEIS du CNES est en bonne santé.
Neptune observé avec précision depuis la Terre
Article détaillé : Neptune comme jamais depuis la Terre
Douze nouvelles lunes découvertes autour de Jupiter
Article détaillé : Découverte de 12 nouvelles lunes de Jupiter
Des cubesats déployés depuis l’ISS
La confirmation n’a été reçue que le 16 juillet mais plusieurs cubesats ont été déployés depuis la Station Spatiale Internationale grâce au système Small Satellite Orbital Deployer (SSOD) de Nanoracks : 7 cubesats du programme ELaNa sponsorisé par la NASA, dont HaloSat pour l’étude des gaz émis de la Voie Lactée, et 2 cubesats commerciaux développés par des startups, Radix et EnduroSat One (détails : NanoRacks Completes 14th CubeSat Deployment Mission from International Space Station).
Our first #CubeSat, Radix, has successfully been deployed from the @Space_Station and is now in low-Earth Orbit. Big thanks to @NanoRacks for the deployment! https://t.co/9mmLxWP1IT pic.twitter.com/sA10dAC881
— Analytical Space (@space_relay) July 13, 2018
Six cubesats déployés depuis le cargo Cygnus OA-9
Après son départ de l’ISS le 15 juillet, le cargo Cygnus OA-9 a atteint une altitude supérieure à la Station. A 480 km d’altitude, il a largué 6 cubesats depuis un « déployeur » installé à l’extérieur du cargo avant le décollage : 4 satellites Lemurs pour la compagnie Spire Global, Inc., et AeroCube 12A et AeroCube 12B pour Aerospace Corporation.
We are excited to announce that all six cubesats have successfully been deployed from our CRS-9 #Cygnus! The spacecraft will remain in orbit for another 2 weeks. #NorthropGrumman pic.twitter.com/5peQqFNRSo
— Northrop Grumman (@northropgrumman) July 17, 2018
NB : les 9 vols (suborbitaux) de la New Shepard ont eu lieu les 29.04.15, 23.11.15, 22.01.16, 02.04.16, 19.06.16, 05.10.16, 12.12.17, 29.04.18 et 18.07.18.
Je ne connais toujours pas les noms des futurs astronautes de Blue Origin.
Au sujet des douze nouvelles lunes découvertes autour de Jupiter, cf. sur youtube : « Douze nouvelles lunes pour Jupiter ! » DNDE # 68 du 24 juillet 2018 (de Hugo Lisoir).
Sur ces 12 lunes, 9 sont rétrogrades et 3 progrades (adjectif que je ne connaissais pas comme quoi on en apprend tous les jours…), ce qui nous fait désormais un total de 79 « lunes jupitériennes » connues.
En 1979, on n’en connaissait que 16 (ou 17) – et ce jusqu’en 1999 :
– Io, Europe, Ganymède et Callisto (I, II, III et IV) découvertes par Galilée (Galileo Galilei) en 1610 ;
– Amalthée (V) découverte par Edward Emerson Barnard en 1892 ;
– Himalia et Elara (VI et VII) découvertes par Charles Dillon Perrine en 1904 et 1905 ;
– Pasiphaé (VIII) découverte par Philibert Jacques Melotte en 1908 ;
– Sinope (IX) découverte par Seth Barnes Nicholson en 1914 ;
– Lysithéa et Carmé (X et XI) découvertes par Seth B. Nicholson en 1938 ;
– Ananke (XII) découverte par Seth B. Nicholson en 1951 ;
– Leda (XIII) découverte par Charles Thomas Kowal en 1974 ;
– Thémisto (qui ne fut pas numérotée XIV) découverte par Charles T. Kowal et Elizabeth Roemer en 1975 mais perdue et retrouvée en 2000 ;
– Thébé (XIV) et Métis (XVI) découvertes par Stephen P. Synnott grâce à la sonde Voyager 1 en 1979 ;
– Adrastée (XV) découverte par David C. Jewitt et G. E. Danielson grâce à la sonde Voyager 2 également en 1979.
On en a donc découvert 63 (ou 62) de 1999 à 2018. Et ce n’est pas fini !
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On vient aussi de découvrir « une immense réserve » d’eau souterraine sur Mars.
L’article sur les 12 nouvelles lunes de Jupiter est paru le 27 juillet.
Pour l’eau sur Mars, un article est à venir.