Rêves d'Espace

Un site sur l'actualité spatiale : les vols habités, les lancements, l'exploration de l'espace, les grandes missions actuelles et futures

ISS, CSS & vols habités en orbite basse

Station Spatiale Internationale : la fuite localisée

Article publié initialement le 29/09/20, mis à jour le 01/10/20

Depuis septembre 2019, une lente dépressurisation au sein de la Station Spatiale Internationale est détectée par les contrôleurs de vol sur Terre. Le taux de fuite aurait toutefois quintuplé ces derniers mois, mais ne remettant pas en cause la viabilité de l’ISS jusqu’à présent.

Selon Ria Novosti, la Station perdait 270 grammes d’air par jour en septembre 2019. En août 2020, le taux de fuite avait doublé, jusqu’à 540 grammes par jour.

Il avait alors été décidé d’isoler des modules de la Station pendant plusieurs jours afin d’essayer de déterminer l’emplacement de la fuite.

Mon article sur le sujet :

Comme l’origine de la fuite n’avait pas encore été trouvée, les investigations devaient continuer.

Nouvel isolement fin septembre

En septembre 2020, toujours selon Ria Novosti, le taux de perte d’air aurait encore augmenté de 2,5 fois, jusqu’à 1,4 kilogramme par jour, de sorte qu’un nouvel isolement de l’équipage a été rendu nécessaire pour refaire des mesures.

L’astronaute Chris Cassidy en train de faire des mesures de détection de fuite sur un hublot de l’ISS (crédit NASA)

Le 24 septembre, l’équipage de l’Expédition 63 a utilisé des détecteurs spécifiques pour inspecter plusieurs hublots, joints et vannes dans toute la Station.

Schéma de l’ISS montrant la partie russe et la partie américaine (crédit NASA)

Le vendredi 25 septembre au soir, les écoutilles des différents modules de la Station ont de nouveau été fermés.

Comme lors de l’isolement d’août, les astronautes Anatoly Ivanishin, Ivan Wagner et Chris Cassidy ont eu accès seulement aux modules Zarya, Zvezda, Poisk, au vaisseau cargo Progress MS-14* et au Soyouz MS-16. [*Progress 75 selon la dénomination américaine sur le schéma ci-dessus].

Vue intérieure du module de service Zvezda photographié par un membre d’équipage de l’Expédition 17 sur la Station Spatiale Internationale le 27 août 2008 (crédit NASA)

Les 3 astronautes sont sortis d’isolement le lundi 28 septembre au matin.

La fuite localisée

Lundi 28 septembre au soir, l’équipage de l’Expédition 63 a été réveillé par les contrôleurs de vol pour continuer à investiguer sur la fuite qui semblait grossir. 

Une par une, l’équipage a fermé les écoutilles entre les sections arrière et avant de Zvezda et les passages de Zvezda vers le compartiment d’amarrage Pirs et le module Poisk tout en utilisant un détecteur de fuite à ultrasons pour collecter des données. Tout au long de la nuit, des mesures de pression ont été prises par des spécialistes américains et russes au sol pour tenter d’isoler la source de la fuite. Puis l’équipage a de nouveau ouvert les écoutilles entre les segments américain et russe et a repris ses activités nominales.

La taille de la fuite identifiée pendant la nuit a depuis été attribuée à un changement temporaire de température à bord de la Station, le taux global de fuite restant inchangé.

Plan détaillé du module Zvezda de l’ISS (crédit NASA JSC)

Ce mardi 29 septembre, l’agence spatiale russe, Roscosmos, et l’agence américaine, la NASA ont annoncé que la localisation de la fuite d’air avait été trouvée dans le module Zvezda :

La fuite est localisée dans le compartiment de travail du module de service Zvezda, où se trouve l’équipement scientifique. Des recherches supplémentaires sont en cours pour localiser précisément la source de la fuite.

Roscosmos précise que la perte de charge totale de l’atmosphère de l’ISS est stabilisée à un niveau de 1 mm de mercure (mmHg) en 8 heures, soit ~0,0013 bar.

Les 2 agences confirment que :

la situation actuelle ne constitue pas une menace pour la vie et la santé de l’équipage de l’ISS et n’empêche pas la poursuite du vol de l’ISS en mode habité. Dans les prochains jours, l’origine de la diminution de la pression atmosphérique sera localisée et l’étanchéité sera rétablie.

Autre source : blog NASA

Le module de service Zvezda de la Station spatiale Internationale avec deux modules russes attachés à sa section avant le 19/07/2011. En haut à gauche se trouve le compartiment d’amarrage du Pirs où sont organisées des sorties dans l’espace russes. En bas à gauche se trouve le Poisk Mini-Research Module-2 où des expériences scientifiques russes sont menées. (crédit NASA)

Mise à jour 01/10/20 : précision de la localisation

Le 30 septembre Roscosmos a précisé que la fuite se trouve au niveau du compartiment PK du module Zvezda.

Illustration d’artiste du module Zvezda en orbite seul, avec annotations des différents compartiments (rendu via Russianspaceweb)

Le module Zvezda se compose de 4 sous-ensembles :

  • 3 pressurisés :
    • à l’arrière le compartiment intermédiaire (PK, Promezhutochnaya Kamera) avec 1 port d’amarrage passif
    • la partie principale ou compartiment de travail (RO, Rabochii Otsek)
    • à l’avant un compartiment de transfert (PKhO, Perekhodniy Otsek) sphérique comportant trois ports d’amarrage, 1 qui relie Zvezda au module Zarya, 1 relié au module d’amarrage Poisk et le dernier au module Pirs.
  • 1 compartiment non pressurisé (AO, Agretatnyi Otsek) qui abrite le système de propulsion combiné.

Il faut espérer que la fuite soit rapidement colmatée désormais car le compartiment PKhO est névralgique. Si ce module est isolé des autres, il n’est plus possible de passer de la partie russe de la Station à la partie américaine.

Photo de couverture : Les modules Zvezda (à gauche), Zarya au centre, et Unity (à droite) photographiés depuis la Navette Endeavour STS-97 en décembre 2000 (crédit NASA)

3 réflexions sur “Station Spatiale Internationale : la fuite localisée

  • Michel Clarisse

    / Vue intérieure du module de service Zvezda photographié par un membre d’équipage de l’Expédition 17 sur la Station Spatiale Internationale le 27 août 2008 (crédit NASA)

    NB : pour mémoire, l’expédition 17 était composée de Sergei A. Volkov, Oleg D. Kononenko, Garrett E. Reisman et Gregory E. Chamitoff.

    Répondre
  • Michel Clarisse

    S’agit-il bien d’un millimètre ? Ne serait-ce pas plutôt un milligramme ?

    Répondre

Répondre à idarianeAnnuler la réponse.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.