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ISS, CSS & vols habités en orbite basse

Starliner : il faudra attendre pour le vol habité

Dans un court message, Boeing Space a annoncé le 6 avril qu’un nouveau vol d’essai sans équipage de son vaisseau Starliner sera réalisé. Aucune date précise n’a été annoncée, mais Boeing a déclaré que ce serait probablement cet automne.

Un premier vol raté

Boeing a été retenu avec SpaceX par la NASA pour fournir un vaisseau de nouvelle génération pour amener des astronautes américains en orbite basse sur la Station Spatiale Internationale dans le cadre du Commercial Crew Program [le Commercial Crew Program expliqué dans un article précédent].

Le 20 décembre dernier, le Starliner effectuait son premier vol d’essai à destination de l’ISS, sans équipage.

Mais le vol ne se déroula pas comme prévu.

Malgré un décollage réussi, après séparation du lanceur, le vaisseau n’est pas arrivé à se mettre sur une orbite lui permettant de rejoindre l’ISS.

L’amarrage à la Station était annulé et le vaisseau revenait sur Terre, sans problème de ce côté-là.

Des anomalies logiciel multiples

Un problème de timing

Un des premiers problèmes révélés juste après le décollage et la non mise sur orbite a été rapidement identifié alors que le vaisseau était encore en vol : une horloge mal synchronisée dans le logiciel de bord a entraîné l’allumage des moteurs du vaisseau plus longtemps que prévu, entraînant une mauvaise orbite et une consommation élevée de carburant. Le code du Starliner aurait dû récupérer l’heure du décompte final, après que les horloges de l’Atlas 5 aient été précisément définies pour le lancement. Au lieu de cela, l’ordinateur du Starliner a récupéré le temps utilisé lors d’une séquence de compte à rebours antérieure et, par conséquent, son chronomètre était à 11 heures de l’heure réelle. Cela alors désynchronisé le calendrier des événements post-lancement comme l’allumage des moteurs pour l’insertion en orbite vers l’ISS.

Un problème de configuration

Une deuxième anomalie critique dans le logiciel de bord a été révélée en janvier : le logiciel utilisé pour contrôler les déclenchements des propulseurs pour larguer en toute sécurité le module de service du Starliner juste avant le début de la rentrée était mal configuré. Heureusement les ingénieurs de vol analysant le code lors de la première anomalie l’ont découvert à temps.

Si le problème n’avait pas été trouvé et corrigé avant la désorbitation du vaisseau, les propulseurs du module de service auraient pu se déclencher dans le mauvais sens, le renvoyer dans le module d’équipage et éventuellement déclencher une chute incontrôlée ou même endommager le bouclier thermique de protection de la capsule. Avec un équipage à bord, cela aurait pu être fatal.

La première capsule Starliner de Boeing, nommée Calypso, de retour le 15 janvier 2020 dans les installations d’assemblage de la société au Kennedy Space Center en Floride après un vol d’essai orbital de deux jours en décembre. Une trace sombre de la rentrée atmosphérique est visible (crédit Stephen Clark / Spaceflight Now)

La NASA a pointé ces défaillances dans le processus de développement logiciel de Boeing, s’inquiétant d’un dysfonctionnement majeur dans ces procédures.

John Mulholland, vice-président et directeur du programme CST-100 Starliner de Boeing, a confirmé en février que la société avait effectué des tests du logiciel Starliner par partie, chaque test étant axé sur un segment spécifique de la mission. « Les deux erreurs auraient pu être détectées avant le lancement si Boeing avait effectué des tests logiciels plus approfondis au sol » a-t-il finalement déclaré.

Boeing a proposé courant février de revoir l’intégralité des logiciels développés pour le Starliner (un total d’un million de lignes de code) sans préciser la durée nécessaire pour cette investigation.

La sécurité avant tout

L’équipe d’enquêteurs indépendants mandatée pour expliquer l’échec de l’arrimage a identifié en tout une soixantaine de mesures correctives.

Aux problèmes logiciels, ils ont aussi pointé 36 interruptions de communications inexpliquées, notamment au-dessus de l’Europe du Nord et de la Russie.

La NASA a qualifié l’incident de « high visibility close call », signifiant que l’agence va mener sa propre enquête organisationnelle interne et en tirer des leçons pour ses futurs programmes.

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Le CST-100 Starliner en manutention au complexe de lancement spatial 41 de Cape Canaveral Air Force Station en Floride le 21 novembre 2019. Starliner sera fixé ensuite au sommet de l’Atlas V pour le test de vol orbital OFT-2 de décembre 2019 (crédit photo: NASA / Cory Huston)

Bien que bon nombre des objectifs du premier test en vol sans équipage de Boeing en décembre 2019 aient été atteints, Boeing a décidé que la meilleure approche pour répondre aux exigences de la NASA serait de reprendre la mission, y compris l’amarrage avec la Station Spatiale Internationale. 

Les données en vol des 2 tests d’essais seront utilisées dans le cadre du processus de certification de la NASA du système de transport d’équipage de Boeing pour le transport des astronautes vers et depuis l’ISS.

Boeing a déclaré qu’il financerait ce second vol d’essai sans équipage non prévu «sans frais» du contribuable américain.

 » La société Boeing est honorée d’être un fournisseur de la mission d’équipage commercial. Nous nous engageons à assurer la sécurité des hommes et des femmes qui conçoivent, construisent et, à terme, voleront sur le Starliner comme nous l’avons fait pour chaque mission en équipage dans l’espace. Nous avons choisi de refaire notre test en vol orbital pour démontrer la qualité du système Starliner. Effectuer un autre vol sans équipage nous permettra de réaliser tous les objectifs des tests en vol et d’évaluer les performances du deuxième véhicule Starliner sans frais pour le contribuable. Nous procéderons ensuite à l’immense responsabilité et au privilège de faire voler des astronautes vers la Station spatiale internationale « .

La NASA approuve ce choix

Sur son site, la NASA précise qu’elle « soutient pleinement l’engagement de son partenaire Boeing à faire voler des astronautes de la manière la plus sûre possible« .

La NASA précise que le choix de 2 prestataires pour ses vols habités vers l’ISS permet justement de « respecter ses engagements envers ses partenaires internationauxCela permet également à ses partenaires privés de se concentrer sur la sécurité des équipages plutôt que sur les plannings. La sécurité de ses équipages restera toujours sa priorité absolue« .

En attendant, les 3 premiers astronautes qui sont prévus pour le premier vol avec équipage doivent patienter.

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Mike Fincke (NASA), Chris Ferguson (Boeing) et Nicole Mann (NASA) posent pour le portrait officiel de l’équipage du Boeing’s Crew Flight Test à destination de la Station Spatiale Internationale (crédit : NASA / Johnson Space Center)

et SpaceX devrait réaliser le premier vol habité depuis le sol américain depuis 2011.
A relire :

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2 réflexions sur “Starliner : il faudra attendre pour le vol habité

  • Michel Clarisse

    Le premier vol habité du Crew Dragon de SpaceX est reporté à la fin mai 2020 au plus tôt.

    Le premier vol habité du CST-100 Starliner de Boeing est reporté au mois de février 2021 au plus tôt.

    Le retour des Américains sur la Lune en 2024 me semble bien compromis !

    Ce d’autant plus que le SLS (lanceur du vaisseau Orion) de la NASA connaît lui aussi pas mal de problèmes techniques de la part de ses trois constructeurs principaux que sont Boeing, Aerojet Rocketdyne et Northrop Grumman. (source, entre autres, Air&Cosmos n° 2683 du 10 avril 2020, page 3)

    « America First » –> « America Last » ?

    ***

    Toujours pas de « post » suite au lancement de Soyouz MS-16 ?

    Répondre
    • Le lancement de Soyouz MS-16 arrive avec le retour du Soyouz MS-15. Patience !

      Répondre

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