Rosetta, l’aventure continue et Philae, la renaissance !
Depuis son arrivée à proximité de la comète 67P/Churyumov-Gerasimenko en août 2014, la mission Rosetta nous livre régulièrement des images fascinantes de la comète et nous fait vivre des moments intense, voire inoubliables. Vous vous souviendrez sans doute très longtemps de l’atterrissage du lander Philae sur la comète en novembre 2014 [lire article précédent « Atterrissage réussi de Philae, et ensuite ? « ].
Le réveil de Philae
Philae s’était éteint quelques heures après son atterrissage faute d’éclairement sur ses panneaux solaires [lire article « Philae, mis en sommeil faute de soleil, mais Rosetta continue sa mission« ].
Depuis mi-mars, les spécialistes pensent que les conditions d’ensoleillement sont de plus en plus favorables pour l’atterrisseur. Lorsqu’elles seront suffisantes, cela rechargera ses panneaux solaires et ensuite il y aura un réchauffement de ses équipements à bord et donc un allumage des récepteurs de Philae. À partir de là, Philae sera capable de recevoir des commandes via l’orbiteur.
Depuis cette date, les équipes de l’ESA et du CNES ont réalisé plusieurs campagnes d’écoutes du lander lorsque le placement de la sonde Rosetta a été optimal par rapport à Philae, ou plus exactement, par rapport à la zone de la comète où les spécialistes pensent que Philae a finalement atterri.
Ce 13 juin, un signal de Philae a été reçu !
Plus de 300 paquets de données de Philae, via l’orbiteur Rosetta, ont été reçus à l’ESOC (Centre européen des opérations de l’ESA à Darmstadt) à 22:28 heure française ce 13 juin. La communication a duré 85 secondes.
« Philae se porte très bien », a déclaré le chef de projet Stephan Ulamec dans un billet de blog de l’ESA. « Il a une température de fonctionnement de -35°C et a une puissance de 24 watts disponible. L’atterrisseur est prêt pour les opérations. » En effet, il ne faut que 15 watts (moins que la lampe de votre réfrigérateur) pour faire fonctionner tous les instruments de Philae.
On attend la suite mais pour cela, il faut que l’orbiteur soit en bonne position par rapport à l’atterrisseur. A suivre !
Hello Earth! Can you hear me? #WakeUpPhilae
— Philae Lander (@Philae2014) June 14, 2015
« Coucou la Terre ! vous m’entendez ? »
Hello @ESA_Rosetta! I'm awake! How long have I been asleep? #Lifeonacomet
— Philae Lander (@Philae2014) June 14, 2015
« Bonjour Rosetta ! Je suis réveillé ! Depuis combien de temps je me suis endormi ? »
Oh, OK @ESA_Rosetta! I’m still a bit tired anyway… talk to you later! Back to #lifeonacomet!
— Philae Lander (@Philae2014) June 14, 2015
Rosetta : « Philae, j’ai d’abord besoin de vérifier que tu es en forme, en bonne santé et tu as assez chaud ! Tiens toi tranquille pour l’instant 🙂
Philae : « Oh, OK Rosetta ! Je suis encore un peu fatigué de toute façon… Je te parlerai plus tard ! Retour à #viesurunecomete !
Mais, où est Philae ?
Avec le réveil de Philae, les experts vont désormais pouvoir affiner le lieu d’atterrissage de Philae. Avec les images prise par Rosetta à différentes périodes, et surtout celles à moins de 20 km d’altitude en octobre et décembre derniers, l’analyse poussée de ces images aurait permis d’avancer des hypothèses quant à la localisation de Philae après son 3e rebond sur la comète. Le meilleur candidat à ce jour pour l’emplacement exact du lander serait à plus de 1 km d’Algikia, le site initial visé pour l’atterrissage (lire l’article de l’IRAP : « On a retrouvé Philae ! » )
Rosetta poursuit sa mission
Depuis Août 2014, Rosetta continue sa tâche principale : récupérer des données sur la comète. Les premiers résultats importants ont été publiés en janvier dernier.
Rosetta a mesuré pour la première fois de l’azote moléculaire dans une comète, fournissant des clés sur l’environnement thermique dans lequel 67P/Churyumov-Gerasimenko s’est formée (source : article du CNES). En résumé, cet azote moléculaire a été piégé dans la glace de la comète à des températures très basses pendant la formation de la comète. Les résultats des mesures, plus faibles qu’attendus, confirment que le type de comète comme 67P ne peut être à l’origine de l’atmosphère et des océans de notre planète, comme déjà annoncé en décembre dernier [lire article « Dernières découvertes de #Rosetta« ]
La formation de 67P serait due à la collision de 2 « bébés » comètes.
C’est l’hypothèse actuelle la plus probable selon plusieurs scientifiques à cause de la grande porosité de la comète. 67P serait née il y a environ 4,5 milliards d’années, au début de la création de notre système solaire, lors de la rencontre à faible vitesse de 2 deux morceaux de glaces et de poussières mêlées,appelés « cométésimaux ».
Simulation 3D, faisant partie d’une étude publiée dans « Science Express » par l’astrophysicien bernois Martin Jutzi et l’américain Erik Asphaug (Arizona State University) :
Rosetta va continuer à tourner autour de 67P jusqu’en 2016. Désormais, la sonde orbite à une distance supérieure à 100 km. La comète connait une activité de plus en plus intense au fur et à mesure qu’elle se rapproche du soleil. Les jets de gaz et de vapeur d’eau se font plus nombreux et violents, ce qui a même provoqué un incident sur le satellite en mars dernier : ses senseurs stellaires ont confondu des particules émises dans les jets avec des étoiles entraînant un mauvais positionnement de Rosetta (plus de détails dans l’article d’Enjoy Space : Rosetta trompée par de fausses étoiles).
Pour compléter :
- 2 autres articles en français sur le réveil de Philae : Philae nous envoie à nouveau des signaux d’Enjoy Space et Mission Rosetta : Philae s’est réveillé ! d’Anne, contributrice du blog sur certains articles
- Tous les articles du blog dans le dossier dédié sur Rosetta et Philae