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Le Cygnus OA-8 bien arrivé à l’ISS

A 12h15 UTC le 14 novembre, le cargo de ravitaillement Cygnus OA-8 “SS. Gene Cernan” a été fixé au module Unity de la Station Spatiale Internationale.

Deux jours de voyage

Son voyage avait commencé 2 jours plus tôt avec le décollage à bord d’une fusée Antares depuis la base Wallops en Virginie [lire L’actualité spatiale de la semaine du 6 novembre : Vega, Antares et Cygnus OA-8, Dick Gordon]

OA-8 Antares Launch

Lancement Antares / Cygnus OA-8 le 12/10/2017 (credit Orbital ATK)

Après 2 jours de “course-poursuite”, la capture du cargo a été effectuée à 10h04 UTC ce 14 novembre à l’aide du bras robotique Canadarm de l’ISS piloté par l’astronaute italien Paolo Nespoli.

S.S. Gene Cernan Cygnus grapple

Approche finale du cargo Cygnus OA-8 de l’ISS avant sa capture par le bras robotique. Photo de Randy Bresnik (credit NASA)

Paolo Nespoli : “Moment de tension avant d’initialiser l’approche pour capturer le Cygnus. Randy a pris cette photo hier !”

De nouvelles expériences dans le ravitaillement

A l’heure où j’écris ces lignes, le cargo “S.S. Gene Cernan ” a commencé à être déchargé après les contrôles habituels d’étanchéité, et l’équipage de l’ISS a dû voir le message suivant en ouvrant le sas (Credit Orbital ATK) :

S.S. Gene Cernan Cygnus hatch open

Parmi les fournitures scientifiques, il y a des bouteilles de gaz pour une expérience avancée de combustion en microgravité , un habitat de recherche sur des rongeurs qui seront envoyés sur une future mission, et du matériel pour l’imprimante 3D de l’ISS.

Quelques-unes des expériences amenées par le cargo (sources et textes NASA) :

Il s’agit d’une étude sur l’effet de la microgravité sur la résistance aux antibiotiques de E. coli, un agent pathogène bactérien responsable de l’infection des voies urinaires chez les humains et les animaux. La résistance aux antibiotiques pourrait constituer un danger pour les astronautes, d’autant plus que la microgravité affaiblit la réponse immunitaire humaine. L’expérience exposera deux souches de E. coli à trois doses différentes d’antibiotiques; une de ces souches est déficitaire dans le gène responsable de l’augmentation de la résistance aux antibiotiques en microgravité. Les résultats de cette étude pourraient aider à déterminer les doses d’antibiotiques appropriées pour protéger la santé des astronautes lors de missions de longue durée et aider à comprendre comment l’efficacité des antibiotiques peut être augmentée en microgravité, ainsi que sur Terre. L’expérience est embarquée à bord d’un cubesat qui sera déployé depuis l’ISS.

Cette étude regarde comment les conditions de faible gravité affectent le processus de fixation de l’azote du micro-trèfle, une légumineuse résiliente et résistante à la sécheresse, qui a la capacité à séquestrer l’azote atmosphérique et le restituer au sol sous forme exploitable par les racines. Le processus de fixation de l’azote, un processus par lequel l’azote dans l’atmosphère est converti en une forme utilisable pour les organismes vivants, est un élément crucial de tout écosystème nécessaire pour la plupart des types de croissance des plantes. Cette étude pourrait fournir des informations sur la viabilité spatiale de la capacité de la légumineuse à utiliser et recycler les nutriments et à donner aux chercheurs une meilleure compréhension des utilisations potentielles de cette plante sur Terre.

Etude sur le cycle de vie d’une source de protéines alternative. Les vers de farine (ou ténébrion meunier) sont riches en nutriments et l’une des sources les plus courantes de protéines alternatives dans les pays en développement. En plus de la recherche sur les protéines alternatives, cette étude fournira des informations sur la croissance des animaux dans des conditions uniques telle que l’impesanteur.

L’Arabidopsis thaliana, une plante de moutarde, est un organisme modèle pour la recherche génétique dans le monde végétal, le premier génome de plante à être totalement séquencé et donc qui la rend idéale pour la recherche en impesanteur. Les résultats de cette recherche contribueront à la compréhension de la croissance des plantes et des cultures dans l’espace, un aspect essentiel des missions spatiales à long terme.

Configuration de l’ISS le 15/11/2017 après l’arrivée du cargo Cygnus OA-8 (credit NASA)

Le cargo utilisé comme laboratoire pour la première fois

Le cargo Cygnus est composé de deux parties : le module de service et le module cargo pressurisé dans sa configuration « améliorée » (PCM). Le PCM a un volume total de 27 mètres cubes.

Cygnus est utilisé pour la première fois comme une extension de l’ISS  pour une expérience mettant en vedette le “TangoLab-1” de l’entreprise SpaceTango. TangoLab est une plate-forme standardisée et une architecture ouverte pour des modules expérimentaux appelés CubeLabs. Les “CubesLabs” s’installent comme des cartes d’ordinateurs et le module TangoLab est donc reconfigurable facilement. Une connexion Ethernet permet la transmission de données en temps quasi réel aux équipes ayant développé les cubes. TangoLab est construit pour être autonome, les expériences sont contrôlées et surveillées par Space Tango. TangoLab-1 a été installé dans l’ISS en août 2016 par Jeff Williams (voir vidéo ci-dessous). Un TangoLab-2 a été installé en août 2017 dans l’ISS.

Départ le 4 décembre

Après 3 semaines amarré à la Station, le cargo Cygnus OA-8 va partir. Une fois le Cygnus déconnecté, le bras robotique libérera le Cygnus, et l’équipe au sol d’Orbital ATK enverra des ordres pour élever l’orbite du cargo à une altitude d’environ 500 kilomètres. Un déployeur lancera ensuite 14 Cubesats dans l’espace à partir d’un dispositif externe fourni par NanoRacks. À la fin de cette mission secondaire, le Cygnus effectuera une rentrée maîtrisée et destructrice dans l’atmosphère terrestre au-dessus de l’océan Pacifique.

Parmi ces cubesats, j’ai retenu la mission suivante : Optical Communications and Sensor Demonstration (OCSD)Ce projet de “communications optiques et de démonstration de capteurs” étudiera la transmission optique à grande vitesse de données, via laser, et les opérations de proximité de petits véhicules spatiaux. Les résultats de l’OCSD pourraient permettre d’améliorer considérablement les vitesses de communication entre l’espace et la Terre et de mieux comprendre la communication laser entre petits satellites en orbite terrestre basse.(sources et textes NASA)

Le cubesat 1,5U de la mission OCSD transmet les données par laser depuis l’espace vers la Terre (source NASA)

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