Rêves d'Espace

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L’actualité spatiale de la semaine du 11 juin : IGS Radar 6, EVA 51, Glonass-M, tempête sur Mars et retraite de Peggy Whitson

Deux lancements et une sortie dans l’espace, une semaine spatiale pas mal remplie. Et c’est une tempête sur Mars qui pourrait mettre à mort le rover Opportunity.

IGS Radar 6, un nouveau satellite de reconnaissance japonais sur orbite

Mardi 12 juin, la trente-neuvième fusée H2A japonaise a décollé à 4h20 UTC depuis le Centre spatial de Tanegashima.

Décollage H2A / IGS Radar-6 le 12/06/2018 (via le Forum Conquête spatiale)

Le satellite mis sur orbite est le IGS radar-6 pour Information Gathering Satellite (satellite de collecte d’informations) ou Joho Shushu Eisei (JSE) pour le Centre de renseignement satellite du gouvernement japonais.
Les autorités japonaises donnent peu de détails sur les satellites du programme IGS, a priori très axé sur la détection des menaces nord coréennes. En effet, le programme a été lancé suite au lancement raté du satellite Kwangmyŏngsŏng-1 en août 1998 par la Corée du Nord, qui a vu la fusée nord-coréenne survoler le Japon. Bien que le lancement lui-même ait échoué, le tir de missiles nord-coréens constitue une menace potentielle pour le Japon et donc un suivi depuis l’espace a été décidé par les autorités japonaises. Cette flotte de satellites de reconnaissance avec des charges utiles optiques ou radar est très similaire au programme militaire NRO américain. Suite à des accords entre le Japon et les États-Unis, les données de suivi de l’orbite des satellites IGS recueillies par la surveillance spatiale des États-Unis ne seront pas communiquées au public. Actuellement 6 satellites sont opérationnels, dont 4 radars.

C’était le quatrième lancement de l’année pour le Japon et le deuxième pour une fusée H-IIA. Le prochain lancement japonais est actuellement prévu pour août ou septembre, avec une fusée H-IIB pour le cargo de ravitaillement de l’ISS Kounotori-7 (ou HTV-7).

Une sortie spatiale à l’ISS pour de nouvelles caméras

Jeudi 14 juin, Drew Feustel et Ricky Arnold ont réalisé une nouvelle sortie spatiale à la Station Spatiale Internationale, l’EVA 51.

Préparatifs en cours pour l’EVA 51. Drew Feustel (à droite, scaphandre à rayures rouges) et Ricky Arnold (à gauche, scaphandre sans rayures) sont aidés d’Alexander Gerst et Serena Auñón-Chancellor – Photo d’Oleg Artemyev depuis l’ISS

L’objectif principal de l’EVA 51 était l’installation de deux nouvelles caméras sur le devant du module Harmony qui fourniront des vues sur les futurs vaisseaux spatiaux habités CST-100 Starliner de Boeing et Dragon de SpaceX lors de l’approche finale et l’amarrage à l’ISS. Puis Ricky Arnold, accroché au bras robotique Canadarm de la Station, a remplacé une caméra haute définition et un ensemble d’éclairage sur le côté droit de l’ISS qui ne fonctionnaient pas correctement.

Drew Feustel, quant à lui, a fermé un cache resté ouvert sur l’expérience d’imagerie environnementale externe CATS (Cloud-Aerosol Transport System) installée en 2015 en dehors du module Kibo.

L’EVA 51 a duré 6 heures et 49 minutes.

Drew Feustel (à droite) aide Ricky Arnold (on n’en voit que ses jambes) à sortir du matériel du module Quest de l’ISS lors de l’EVA 51. Photo d’Oleg Artemyev depuis l’ISS

Il s’agissait de la cinquième sortie dans l’espace pour Ricky Arnold et de la neuvième pour Drew Feustel, qui se classe maintenant à la troisième place en nombre cumulé d’heures en sortie dans l’espace avec un total de 61 heures et 48 minutes, dépassant désormais Peggy Whitson.

Drew Feustel lors de l’EVA 51 photographié par Oleg Artemyev depuis l’ISS, et les chiffres des records de sorties spatiales en durées cumulées selon la NASA (montage perso)

Un satellite de navigation russe sur orbite

Un nouveau satellite de navigation russe Glonass a été lancé ce samedi 16 juin à 21h46 UTC (17 juin heure locale) depuis le Cosmodrome de Plesetsk.

Décollage le 16/06/2018 d’une Soyouz et d’un satellite Glonass (credit Roscosmos)

Le satellite a été séparé de l’étage supérieur Fregat de la Soyouz 2.1b environ 3 heures et demi après le décollage sur une orbite quasi circulaire à 19 000 km d’altitude.

Actuellement, 25 satellites font partie de la constellation GLONASS, dont un GLONASS-K de dernière génération en cours de tests en vol. Mis en service limité en 1993 (premier satellite lancé en 1982), le système GLONASS (GLObalnaïa NAvigatsionnaïa Spoutnikovaïa Sistema, équivalent russe du GPS américain) est destiné à déterminer les coordonnées des objets sur terre, en mer, dans l’air et dans l’espace extra-atmosphérique avec une marge d’erreur d’un mètre. Il couvre l’ensemble du globe depuis décembre 2011. L’accès aux signaux civils de GLONASS est sans frais et sans restrictions pour les utilisateurs civils russes et étrangers. Il est très utilisé par le ministère russe de la Défense.

Plusieurs spectateurs à travers la Russie ont pu voir la traînée de condensation de la fusée dans le ciel. Dmitry Rogozin, actuel directeur général de l’agence spatiale russe Roscosmos, a publié sur Twitter une vidéo du lancement et de cette traînée.

Une tempête martienne viendra-t-elle à bout d’Opportunity ?

Une tempête de poussière martienne, l’une des plus intenses jamais observées sur la planète rouge, se déroule actuellement. Au 10 juin, elle couvrait plus de 41 millions de kilomètres carrés, soit environ la superficie de l’Amérique du Nord et de la Russie réunies, et plus d’un quart de la planète. Elle a bloqué la lumière du Soleil arrivant à la surface de la planète de manière à ce que le jour soit transformé en nuit pour le rover Opportunity qui tire son énergie électrique de ses panneaux solaires, et qui se trouve près du centre de la tempête, à l’intérieur de Perseverance Valley.

Cette série d’images montre des vues simulées d’un ciel martien s’assombrissant, effaçant le Soleil du point de vue du rover Opportunity avec à droite la vision simulée actuelle du rover dans la tempête de poussière de juin 2018 et à gauche, le Soleil habituellement vu par le rover à mi-après-midi (Credit: NASA/JPL-Caltech/TAMU)

Les tempêtes de poussière comme celle-ci ne sont pas surprenantes, mais elles sont rares. Elles peuvent surgir soudainement mais durent des semaines, voire des mois. Pendant l’été austral, la lumière du Soleil réchauffe les particules de poussière, les soulevant plus haut dans l’atmosphère et créant plus de vent. Ce vent soulève encore plus de poussière, créant une boucle de rétroaction que les scientifiques cherchent encore à comprendre compte tenu de la faible atmosphère martienne.

Cette carte mondiale de Mars montre une tempête de poussière croissante depuis le 6 juin 2018. La carte a été produite par la caméra Mars Color Imager (MARCI) sur le satellite Mars Reconnaissance Orbiter de la NASA. Le point bleu indique l’emplacement approximatif du rover Opportunity. Crédit : NASA / JPL-Caltech / MSSS

Le 12 juin, les ingénieurs de la NASA ont tenté de contacter le rover Opportunity mais n’ont pas eu de nouvelles du rover âgé de 15 ans. Le rover est rentré probablement en mode “panne faible puissance” si ses batteries sont descendues en dessous de 24 volts. Tous ses sous-systèmes, sauf une horloge de mission, sont alors éteints. L’horloge de mission st programmée pour réveiller l’ordinateur central régulièrement afin qu’il puisse vérifier les niveaux de puissance. Si l’ordinateur détermine que ses batteries ne sont pas suffisamment chargées, il se remettra en veille. Espérons que ce ne sera pas une veille éternelle pour le vieux rover martien, qui a pourtant déjà subi plusieurs tempêtes.

Curiosity fonctionnant avec un moteur nucléaire, il ne rencontre pas ce type de problème.

Ces 2 images prises par la Mastcam du rover Curiosity de la NASA, acquises spécifiquement pour mesurer la quantité de poussière à l’intérieur du cratère Gale, montrent que la poussière a augmenté pendant trois jours suite à une importante tempête de poussière martienne. L’image de gauche montre une vue de la bordure est-nord-est du cratère Gale le 7 juin 2018 (Sol 2074); l’image de droite montre une vue de la même région le 10 juin 2018 (Sol 2077). Crédit: NASA/JPL-Caltech/MSSS

Peggy Whitson part en retraite

La NASA a annoncé le 15 juin le retrait de l’agence de l’astronaute américaine de tous les records, Peggy Whitson. Arrivée en 1986 à la NASA, on la connaît surtout pour ses 3 missions spatiales à bord de la Station Spatiale Internationale :

  • En 2002 dans le cadre de l’Expedition 5, au cours de laquelle elle a participé à 21 recherches scientifiques et est devenue la première responsable scientifique de la station spatiale de la NASA .
  • En 2008, Peggy Whitson est revenue avec l’Expedition 16 et est devenue la première femme commandant de l’ISS.
  • Durant les Expéditions 50, 51 et 52 de novembre 2016 à septembre 2017, Peggy Whitson est devenue la première femme à commander deux fois la station spatiale (Expedition 51).

Elle a également établi le record de sorties dans l’espace par une femme avec 10 EVA, totalisant 60 heures et 21 minutes. Elle est à ce jour la personne non russe ayant passé le plus de temps passé au total dans l’espace avec 665 jours.

Le record de Pegyy Whitson comparé aux durées des cosmonautes russes en avril 2017 (credit Tezio)

Elle a été aussi chef du corps des astronautes de 2009 à 2012, devenant ainsi la première femme à occuper ce poste et le premier chef du corps d’astronautes non militaire.

Le récap en vidéo

Disponible lundi à 18h

Tous les articles sur Peggy Whitson https://twitter.com/AstroPeggy/status/1007655811710115842?s=09

Une réflexion sur “L’actualité spatiale de la semaine du 11 juin : IGS Radar 6, EVA 51, Glonass-M, tempête sur Mars et retraite de Peggy Whitson

  • Michel Clarisse

    En effet, Drew Feustel pointe désormais en 3e position (médaille de bronze) dans ce classement alors qu’il était 7e avant cette EVA.

    Pour rappel, sur les 555 hommes (et femmes) ayant effectué des vols orbitaux, 219 ont effectué des EVA (ou des LEVA) ; ils sont 226 si l’on y ajoute ceux ayant effectué des IVA ou des SEVA.

    A noter que les deux “capcom” durant cette EVA étaient Andreas E. Mogensen et Tracy E. Caldwell Dyson.

    NB : en russe, GLONASS = Globalnaya Navigatsionnaya Sputnikovaya Sistema.

    NB : Peggy Whitson occupe actuellement la 8e place dans le classement des astronautes et cosmonautes (et taikonautes) pour ce qui est de la durée cumulée de vol spatial.

    Le prochain à la dépasser devrait être Oleg D. Kononenko lorsqu’il effectuera la mission Soyuz MS-11 / ISS 58-59 dont le lancement est prévu pour le 20 décembre 2018.

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