L’actualité spatiale du 10 au 16 décembre : EVA à l’ISS, Virgin Galactic et Electron
Une semaine encore bien chargée malgré des reports de lancement comme la Delta IV Heavy et la GSLV Mk.2, et surtout une première pour Virgin Galactic.
Sortie spatiale russe à l’ISS
L’EVA 45a russe dédiée à l’inspection du module orbital du vaisseau Soyouz MS-09 s’est déroulée le mardi 11 décembre. Une sortie spatiale sans précédent à retrouver ici : ISS : une sortie spatiale russe d’investigation
Chang’e-4 en orbite lunaire
Mercredi 12 décembre, la mission chinoise Chang’e-4 à destination de la face cachée de la Lune, qui avait décollé le 7 décembre dernier, est arrivée en orbite lunaire.
Après un voyage de 4 jours et une seule correction de trajectoire, un freinage des moteurs a été commandé le 12 décembre à 129 km d’altitude de la Lune. L’insertion en orbite lunaire a eu lieu à 8h45 UTC.
Des tests des instruments et des communications avec le satellite relais Queqiao positionné au-delà de la Lune vont commencer. Un ajustement d’orbite pourrait être aussi effectué en vue d’un atterrissage en douceur sur la face cachée de la Lune début janvier, après le début d’une période de journée lunaire de 14 jours (le Soleil se lève et se couche aussi sur la face cachée de la Lune, avec 14 jours terrestres de jour contre 14 jours terrestres de nuit).
Selon Planetary.org, l’atterrissage de Chang’e-4 sera beaucoup plus difficile et risqué que Chang’e-3 en raison de la topographie difficile de la zone visée. L’atterrisseur devra évaluer de manière autonome son altitude et sa vitesse par rapport à la surface afin d’atterrir en toute sécurité.
A la frontière de l’espace pour Virgin Galactic
Jeudi 13 décembre, une nouvelle étape franchie par l’avion spatial VSS Unity de Virgin Galactic qui a dépassé pour la première fois la frontière de l’espace estimée par certains à 80 km d’altitude.
Détails dans l’article dédié : Virgin Galactic : enfin l’espace (ou presque) !
Confirmation pour Electron
Dimanche 16 décembre à 19h33 heure locale (7h33 heure de Paris), Rocket Lab a réalisé le troisième lancement de l’année de sa fusée Electron ; cette fois-ci pour le compte de la NASA.
Concrétisation des vols commerciaux d’Electron
Il s’agissait de la mise en orbite de dix cubesats éducatifs du programme ELaNa XIX sponsorisés par la NASA et réalisés au sein du Goddard Space Center, du Glenn Research Center et du Langley Research Center. C’est le deuxième vol commercial pour Rocket Lab mais surtout la première fois que la NASA fait appel à une compagnie privée pour lancer exclusivement des cubesats (le vol a coûté 6.9 millions de dollars à la NASA). Le prochain tir privé de smallsats de la NASA est prévu sur le LauncherOne de Virgin Orbit.
Le succès du vol de la fusée Electron montre que Rocket Lab peut se poser en tête du marché des micro-lanceurs, avec désormais la confiance des plus grands. Pourquoi la NASA fait-elle confiance à un lanceur avec si peu d’expérience ? Rappelons quand même qu’à l’origine, la fusée Electron a été conçue à la demande de la NASA (en 2010) qui a fourni locaux et personnels pour l’étude.
Il a suffi d’un mois et deux jours pour que Rocket Lab opère un second vol après « It’s business time« . Seule la rapidité de production des fusées Electron et la conception du pas de tir permettent des délais aussi courts. En effet, une Electron est produite en masse à raison d’une par mois, et Rocket Lab qui avait prévu un tir commercial par mois depuis la fenêtre de tir initiale de « It’s business time » (en avril) a encore quelques lanceurs en stock et compte accélérer la cadence l’année prochaine. Concernant le pas de tir, le Launch Complex 1 à Mahia Peninsula est censé assurer un tir en 72 heures selon Rocket Lab (sans tenir compte des contraintes météo évidemment).
ELaNa XIX : la NASA soutient les étudiants
ELaNa (pour Educational Launch of Nanosatellites) est un programme de la NASA pour soutenir les initiatives étudiantes, dirigé par le Launch Services Program (LSP) au Kennedy Space Center en partenariat avec les universités américaines pour concevoir et lancer des cubesats.
ELaNa compte parmi les dix éléments :
- CeREs (Compact Radiation Belt Explorer) pour mesurer les radiations de la ceinture de Van Allen,
- ISX (Ionospheric Scintillation Explorer) et NMTSat (New Mexico Tech Satellite) pour étudier la météo spatiale,
- RSat-P (Repair Satellite Prototype) pour tester la capacité d’un cubesat à faire des réparations en orbite,
- CubeSail un cubesat double (deux fois 1.5U) qui se déploie en deux parties reliées par un film réfléchissant long de 260 mètres (20 m²) pour étudier la haute atmosphère
En plus des passagers ELaNa, Electron a déployé trois autres cubesats. Le total de la charge utile atteint 78 kg.
Un vol dédicacé
« It’s time for Pickering » est le nom que Rocket Lab a donné au vol ELaNa XIX. Il fait référence à l’ingénieur Sir William Hayward (Bill) Pickering, natif de Nouvelle-Zélande, qui a dirigé le Jet Propulsion Laboratory (JPL) pendant 22 ans de 1954 à 1976. Pickering dirigeait l’équipe d’ingénieurs qui ont conçu et lancé le tout premier satellite américain Explorer 1. Bill Pickering dirigeait le JPL quand la NASA lui a confié les missions légendaires telles que Pioneer, Surveyor, Mariner, Viking ou encore Voyager. Plusieurs membres de sa famille étaient invités au décollage.
NB : Article écrit à 4 mains avec Daniel.
A noter que, le 19 décembre (demain), cela fera un an que Jeanette Epps a été remplacée par Serena Aunon-Chancellor en tant que membre de l’expédition 56-57.
Cette mission s’achèvera le 20 décembre.