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Queqiao : une nouvelle étape vers la Lune pour la Chine

Ce dimanche 20 mai, la Chine a lancé un satellite de télécommunications qui est en fait le premier pas de sa prochaine mission vers la Lune.

15e lancement chinois de l’année

Queqiao a décollé à bord d’une Long March 4C le 20 mai à 21h28 UTC depuis le centre de lancement des Satellites de Xichang.

Décollage le 21/05/2018 d’une Long March 4C avec à son bord Queqiao, satellite relais pour la future mission lunaire Chang’e4 et les 2 petits satellites Longjiang-1 et 2 (crédit Xinhuanet)

Environ 25 minutes après le décollage, la charge utile principale s’est séparée de la fusée et est entrée dans une orbite de transfert Terre-Lune avec le périgée à 200 km et l’apogée à environ 400 000 km. Les panneaux solaires et les antennes de communication ont été dépliés.

Queqiao était accompagné de 2 microsatellites, DSLWP-A1 et DSLWP-B (Discovering the Sky at Longest Wavelengths Pathfinder), également appelés Longjiang-1 et Longjiang-2 (龙江 一号 et 龙江 二号). Longjiang signifie “rivière Dragon”. L’institut de technologie Harbin qui a développé ces 2 satellites, est situé dans la capitale de la province Heilongjiang, d’où le nom de ces 2 charges utiles. Ces satellites de 45 kg voleront en formation à des distances variables de 1 à 10 km dans une orbite lunaire elliptique, pour faire de la radioastronomie à basse fréquence et de l’interférométrie spatiale, ainsi que des activités radioamateurs.

Les 2 petits satellites sont aussi équipés de caméras développées par l’université du roi Abdulaziz pour les Sciences et la technologie d’Arabie Saoudite.

Maquette d’un satellite DSLWP (crédit Chinaspaceflight.com)

Un nouveau pont entre la Lune et la Terre

Une heure après le lancement, les autorités chinoises, la China Aerospace Science and Technology Corporation (CASC), ont annoncé la bonne insertion du satellite Queqiao sur une orbite de transfert lunaire.

En effet, Queqiao n’est pas un satellite de communications habituel. Il va rejoindre d’ici moins de 10 jours avec son propre système de propulsion, le point de Lagrange L2 Terre/Lune à environ 500 000 kilomètres de la Terre.

Profil de lancement du satellite relais de communication Queqiao pour Chang’e-4 (crédit CAS, Académie Chinoise des Sciences)

Queqiao signifie “pont de pies” en chinois. Cela vient d’un conte populaire chinois : Zhi Nyu, la septième fille de la déesse du ciel, s’est mariée secrètement avec un humain, Niu Lang. Peu après la naissance de leurs deux enfants, le dieu du paradis, furieux de leur mariage, a détruit leur vie en les transformant en deux étoiles du paradis séparées par la Voie Lactée. Un groupe de pies a eu pitié de ces deux amoureux et va donc au paradis chaque année pour former un pont (Que Qiao 鹊桥), grâce auquel Niu Lang et Zhi Nyu peuvent se retrouver un soir par an. Cela est célébré chaque an lors de la fête Qixi, l’équivalent de la Saint Valentin, qui a lieu la septième nuit du septième mois du calendrier lunaire.

Le satellite Queqiao est un autre pont plus moderne.

Représentation du conte chinois à la source de la fête Qixi et le pont de pies (Que Qiao) (source Chine information)

Le satellite relais se trouvera sur une orbite où il pourra “voir “à la fois la Terre et la face cachée de la Lune.

Image montrant une orbite en halo autour du deuxième point de Lagrange Terre-Lune, à partir duquel le satellite de relais de communication Chang’e-4 fonctionnera (crédit NAOC/CAS)

L’objectif principal est de permettre des liaisons entre la Terre et la future mission lunaire chinoise, Change’4 qui doit faire atterrir un lander et un rover fin 2018 sur la face cachée de la Lune. Une première dans l’histoire spatiale !

Vue d’artiste du satellite relais Queqiao et de l’atterrisseur et du rover Chang’e4 à fin 2018 (crédit CAS)

Néanmoins avant de servir de relais de télécoms avec son antenne parabolique de 5m de diamètre, Queqiao effectuera aussi des analyses scientifiques. Le satellite de 448 kg embarque en effet un instrument néerlandais : Netherlands-China Low-frequency Explorer (NCLE). NCLE est un interféromètre radio à basse fréquence, équipé de 3 antennes monopolaires et colocalisées de 5 m de long, qui a comme principal objectif scientifique la détection et la tomographie de la raie à 21 cm de l’hydrogène dans le cadre de l’étude des débuts de l’Univers après le Big Bang. La radioastronomie à basse fréquence, soit ~ 30 MHz, ne peut être effectuée que depuis l’espace en raison de la coupure de cette fréquence par l’ionosphère terrestre et les perturbations des fréquences radio humaines. Ce démonstrateur pourra servir à la construction de futures antennes spatiales ou sur base lunaire.

Je ferai un article ultérieurement sur la mission Chang’e4.

Sources principales de l’article : les articles d’Andrew Jones sur gbtimes.com.

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