Rêves d'Espace

Un site sur l'actualité spatiale : les vols habités, les lancements, l'exploration de l'espace, les grandes missions actuelles et futures

ISS, CSS & vols habités en orbite basse

ISS : une sortie spatiale russe d’investigation

Mardi 11 décembre, une sortie spatiale un peu particulière s’est déroulée à la Station Spatiale Internationale. Oleg Kononenko et Sergey Prokopiev ont réalisé une EVA (Extra Vehicular Activity) de 7 heures et 45 minutes dédiée à l’investigation sur l’accident de dépressurisation du Soyouz MS-09 d’août dernier.

Russian spacewalk

Oleg Kononenko et Sergey Prokopiev en préparation de la sortie spatiale du 11 décembre (credit Alexander Gerst  ESA/NASA)

Une sortie spatiale à haut risque

La VKD-45A, selon la dénomination officielle russe (ВКД = Внекорабельная деятельность = activité hors-vaisseau), avait pour objectif majeur d’aller inspecter l’extérieur du vaisseau Soyouz MS-09, à la recherche du trou ayant causé la fuite d’air dans l’ISS le 30 août, afin de comprendre mieux son origine.

Illustration de l’EVA 45a russe : localisation des tâches principales à mener et de l’outillage nécessaire (credit Roscosmos)

Le sas du module Pirs a été ouvert à 11 h 59, heure de Moscou.

La première tâche a été de déployer les 2 mâts GStM qui ont servi au cosmonaute Oleg Kononenko à se rendre directement sur le lieu de l’EVA, sur le Soyouz MS-09 attaché face à la Terre sur le module Rassvet.

Le segment russe de l’ISS avec ses différents ports d’amarrage (Poisk, Rassvett, Pirs et Zvezda) (source energia.ru)
Le Soyouz MS-09 visible au premier plan, attaché sur le module Rassvet, et le Progress MS-09 à l’arrière (credit NASA TV)

Cette “grue télescopique”, appelée aussi Strela (flèche en russe), peut être étendue à l’arrière du module Zvezda. Il y a 2 GStM (ГСтМ = Грузовая Стрела Модифицированная = Mât de Charge Modernisé) sur l’ISS, capables de lever des cargaisons pesant jusqu’à trois tonnes et pouvant être utilisés séparément ou simultanément pour déplacer des cargaisons ou des astronautes autour de la coque extérieure de la partie russe de la Station. Les cosmonautes ont utilisés les 2 : GStM-1 de Pirs vers Zarya puis le GStM-2 de Zarya vers le Soyouz.

Ce n’est qu’au bout de 3 heures qu’Oleg avait les pieds bien fixés au bout du mât.

Russian spacewalk

Oleg Kononenko au bout du mât GStM lors de la sortie spatiale du 11 décembre (credit Alexander Gerst  ESA/NASA)

Oleg Kononenko au bout du mât GStM lors de la sortie spatiale du 11 décembre (credit Alexander Gerst  ESA/NASA)

Puis Oleg Kononenko s’est attaqué à l’isolant du module orbital du vaisseau Soyouz (où se trouve le trou vu depuis l’intérieur) à l’aide d’un couteau et de divers objets tranchants !

Image du live montrant Oleg Kononenko découpant la protection thermique du Soyouz MS-09 au couteau (credit NASA TV)

Ceux qui ont suivi comme moi la sortie spatiale en live (au moins cette partie) ont bien stressé sur cette étape à haut risque de l’EVA. En effet, toute déchirure du scaphandre Orlan du cosmonaute signait son arrêt de mort !

Oleg Kononenko et Sergey Prokopiev lors de la sortie spatiale EVA 45a du 11 décembre au niveau du module orbital du Soyouz MS-09. Oleg en train de couper la couverture thermique (credit Alexander Gerst  ESA/NASA)

Honnêtement, je ne peux pas regarder ça“, a plaisanté Sergueï Prokopyev en aidant Oleg Kononenko à rester stable. “C’est mon véhicule, Oleg.”

Mais Oleg avait répété au sol avant son départ pour l’ISS la sortie spatiale et notamment cette partie risquée :

Oleg Kononenko (à droite) porte des gants de combinaison spatiale pour s’entraîner à couper des couches d’isolant sur la maquette du module orbital BO du Soyouz (credit Energia)

Non sans mal, une fois la couverture d’isolation thermique découpée, avec de nombreux débris par ailleurs, la plaque de protection contre les débris et les micro-météorites était atteinte.

Image du live montrant l’extérieur du module orbital du Soyouz MS-09 et le découpage de la plaque anti-débris (credit NASA TV)

Vers minuit, heure de Moscou, les cosmonautes ont coupé et détaché un segment du blindage.

Puis le trou a été repéré, avec la colle de couleur noire appliquée depuis l’intérieur lors de la réparation, bien apparente.

Image du live montrant l’extérieur du module orbital du Soyouz MS-09 et le trou rempli de colle de couleur noire (credit NASA TV)

Ce petit trou, bouché depuis l’intérieur du Soyouz, ne représente aucun danger pour l’équipage de l’ISS.

Oleg Kononenko et Sergey Prokopiev lors de la sortie spatiale EVA 45a du 11 décembre au niveau du module orbital du Soyouz MS-09 (credit Alexander Gerst  ESA/NASA)

Le trou ne menacera pas non plus la sécurité de l’équipage du vaisseau Soyouz lors de son retour sur Terre programmé le 20 décembre.  Le trou se trouve dans le module orbital BO, qui est séparé du véhicule de descente où se trouveront Sergueï Prokopiev, Alexander Gerst et Serena Aunon-Chancellor, puis le BO brûle dans l’atmosphère terrestre.

Russian spacewalk

Oleg Kononenko et Sergey Prokopiev lors de la sortie spatiale EVA 45a du 11 décembre au niveau du module orbital du Soyouz MS-09 (credit Alexander Gerst  ESA/NASA)

L’EVA ayant déjà pris plus de temps que prévu, les responsables de la mission ont décidé que l’ouverture faite dans la couverture thermique du module orbital resterait en l’état et ne serait pas recouverte d’une “rustine” comme initialement prévu. Les autres tâches supplémentaires visant à retirer des expériences en longue exposition dans l’espace ont été également annulées.

Les cosmonautes sont rentrés dans l’ISS à 0h44, heure de Moscou, le 12 décembre, soit 7 heures et 45 minutes après l’ouverture du sas, au-delà des 6 heures 30 initialement prévues.

Il s’agissait de la 213ème sortie à la Station spatiale internationale, la 8e sortie dans l’espace menée à bord de l’ISS en 2018, dont 5 sorties américaines (dont une avec le japonais Norishige Kanai) et 2 russes.

Oleg Kononenko a ainsi réalisé sa 4ème sortie dans l’espace avec une durée cumulée de 26 heures et 12 minutes dans l’espace. C’était la 2ème sortie dans l’espace pour Sergeï Prokopiev, après l’EVA 45 du 15 août et il cumule ainsi 15 heures et 31 minutes d’EVA.

Et même si la sortie spatiale était russe, c’est tout l’équipage qui supportait les 2 cosmonautes.

Russian spacewalk

L’Expedition 57 réunie après la sortie spatiale EVA 45a du 11 décembre (credit Alexander Gerst  ESA/NASA)

Une réflexion sur “ISS : une sortie spatiale russe d’investigation

  • Michel Clarisse

    NB : pour mémoire, l’EVA ou plutôt la VKD 45 russe fut effectuée le 15 août 2018 par Oleg Artem’yev et Sergey Prokop’yev.

    NB : cette VKD 45A fut la 53e EVA effectuée depuis le segment russe de l’ISS et plus précisément la 51e effectuée depuis le module Pirs.

    Rappelons qu’entre le 15 août et le 11 décembre, 2 EVA qui auraient dû être effectuées depuis le segment “USOS” de l’ISS ont été annulées suite à l’échec au lancement de Soyouz MS-10. Il s’agit des EVA 52 et 53 qui auraient dû être effectuées respectivement par Alexander Gerst et Andrew Feustel puis par Alexander Gerst et “Nick” Hague. Elles auraient été les 133e et 134e EVA effectuées depuis le module Quest.

    A ce jour, ce sont 127 hommes (dont 9 femmes, toutes US) qui ont effectué des EVA à bord de l’ISS ou dans le cadre de sa construction. Il s’agit de 83 Américains, 30 Russes et 14 “autres”. Le dernier en date est Sergey Prokop’yev.

    Chaque EVA est effectuée par deux astronautes (ou cosmonautes), soit 2 x 213 = 426. Il s’en suit que chacun de ces 127 “astro-cosmonautes” a effectué en moyenne 3,35 EVA en lien avec l’ISS.

    Répondre

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.