Rêves d'Espace

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L’actualité spatiale de mars 2021 en bref

Voici mon résumé de l’actualité spatiale du mois de mars. Une actualité bien remplie, et encore, ce qui suit n’est pas exhaustif !

Vols en altitude pour Starship SN10 et SN11

SpaceX a réalisé le 5e vol en altitude d’un de ses prototypes Starship le 3 mars.

SN10 a décollé et est monté lentement sous la puissance de ses trois moteurs Raptor jusqu’à T +2’15 », où il en a volontairement arrêté un pour diminuer l’accélération. SN10 a continué sous la puissance de deux moteurs jusqu’à T +3’13 », où il a intentionnellement coupé un deuxième moteur. Il a continué avec un moteur Raptor jusqu’à ce qu’il atteigne l’apogée, où il a plané pendant un certain temps et a effectué une transition de carburant vers les réservoirs en haut du lanceur. À T+4’20 », SN10 commencé son vol plané en position horizontale, utilisant ses deux ensembles de volets (2 avant et 2 arrière) pour le contrôle d’attitude.

Le vol s’est plutôt bien passé avec l’allumage des 3 moteurs un par un en fin de vol à T+6′ pour revenir en configuration verticale. Puis 2 moteurs ont été consécutivement arrêtés pour l’atterrissage.

L’atterrissage retour a été un peu rude et finalement, quelques minutes après, l’étage explosait au sol. Certains de ses pieds ne se sont pas verrouillés pour l’atterrissage entraînant sans doute un choc sur le bas du lanceur et donc une fuite de méthane.

Images de LabPadre

Le 30 mars, c’est le prototype SN11 qui s’envolait dans le ciel du Texas. Mais avec le brouillard, seules les caméras embarquées ont permis de suivre le vol. Celui-ci s’est correctement déroulé dans la phase ascensionnelle jusqu’à une altitude d’environ 10 km. Puis la manoeuvre « belly flop » s’est poursuivie mais à T+2’49 » la retransmission de la vidéo embarquée s’est figée. Ensuite de multiples débris sont tombés sur une large zone autour des installations de SpaceX.

Elon Musk a déclaré que le moteur Raptor n°2 avait souffert d’un souci lors de la montée comme lors de son rallumage, mais cela n’aurait pas du empêcher le véhicule de se poser. Les analyses des données sont en cours chez SpaceX.


Retour en vol réussi pour Long March 7A

Presque un an après l’échec de son vol inaugural, le lanceur chinois Long March 7A a réussi sa mission le 11 mars. La Long March 7A est une variante avec un 3e étage de la Chang Zheng 7, qui pourrait remplacer à terme la Long March 3B, le lanceur au plus grand nombre de vols de la Chine.

La charge utile Shiyan-9 a été placée avec succès sur orbite de transfert géostationnaire. Selon les sources officielles, Shiyan-9 (试验 九号) « sera principalement utilisé pour les tests en orbite de nouvelles technologies, y compris la surveillance de l’environnement spatial.« 


Nouvelles sorties spatiales à l’ISS

Le 5 mars, la sortie spatiale EVA 72 avec Kate Rubins et Soichi Nogushi a duré 6 heures et 56 minutes. La sortie à été écourtée en raison d’un petit trou observé dans l’un des gants de l’astronaute américaine.

Les 2 astronautes ont terminé l’assemblage du deuxième support de panneau solaire qui n’avait pu être terminé lors de l’EVA (Extra-Vehicular Activity) précédente.

C’était la 4e sortie dans l’espace pour Kate Rubins et aussi la 4e pour Soichi Noguchi dont la précédente EVA date de 2005, lors de sa précédente mission à l’ISS.

NASA spacewalker Kate Rubins

Le 13 mars, Victor Glover et Mike Hopkins ont réalisé différentes taches de maintenance de la Station durant l’EVA 73 pendant 6 heures et 47 minutes. Ils ont ventilé en toute sécurité deux cavaliers d’ammoniac, utilisés pour charger le liquide de refroidissement dans le système de contrôle thermique de l’ISS et pour aider à localiser des fuites éventuelles. Un émetteur-récepteur de caméra sans fil de remplacement a été installé près du module Unity et ils ont continué la connexion de la plateforme d’expériences Bartolomeo à l’extérieur du module européen Columbus.

NASA spacewalkers Michael Hopkins and Victor Glover
Michael Hopkins et Victor Glover lors de la sortie dans l’espace du 13 mars pour entretenir le système de refroidissement et le matériel de communication de la Station (crédit NASA).

En 2021, plusieurs sorties spatiales sont prévues dans l’objectif d’installer six nouveaux panneaux solaires à la Station, dont la livraison est prévue au cours de l’année par des cargos Dragon. Ils utilisent la technologie de « déploiement en rouleau » testée en 2017 sur l’ISS avec l’expérience ROSA (Roll-Out Solar Array).

La Station Spatiale est actuellement équipée de quatre panneaux solaires à deux « ailes », deux de chaque côté de la poutre principale de l’ISS. Les 2 premières « ailes » ont été lancées en décembre 2000, et les suivantes en 2006, 2007 et 2009. Conçues initialement pour 15 ans, leurs cellules solaires se dégradent avec le temps et la NASA va donc ajouter six nouveaux panneaux solaires générant plus de 20 kilowatts. Combiné à la puissance de 95 kilowatts des panneaux d’origine, le système amélioré de la Station fournira environ 215 kilowatts de puissance pour davantage de recherches scientifiques et d’activités commerciales à bord de la Station pour la partie américaine de la Station.

Illustration de la Station Spatiale Internationale après l’installation de six nouveaux panneaux solaires au-dessus des panneaux solaires existants (crédit: Boeing)

Long March 4C : 2 lancements dans le mois

Le 13 mars, une Long March 4C a mis sur orbite le triplet de satellite Yaogan 31-04. Les experts pensent que les satellites sont des dépliants de formation qui triangulent l’emplacement des émetteurs radio, très probablement utilisés pour suivre les navires de guerre. Les 3 précédents Yaogan 31-01 à 31-03 ont été lancés respectivement en 2018, janvier et février 2021.

Lancement Long March 4C / Yaogen-31 (crédit Xinhua)

Le 30 mars, la Long March 4C a mis sur orbite basse un satellite d’observation de la Terre civil, Gaofen-12 02.

C’était le 2e lancement dans le mois et le 4e d’une Long March 4C en 2021.

Lancement Long March 4C / Gaofen-12-02 (crédit Xinhua)

Succès du Hot Fire de la SLS

La NASA a procédé le 18 mars à un nouvel essai de l’étage central de la SLS, Space Launch System, le lanceur des missions lunaires Artemis, au centre spatial Stennis dans le Mississippi, sur le banc d’essai des moteurs des Saturn V des missions Apollo. Contrairement à l’essai raté du 16 janvier, l’allumage des 4 moteurs de l’étage central de la SLS (65 m de haut) a été effectué pendant 8 minutes et 19 secondes et tout s’est bien passé avec le déplacement des 4 moteurs pour diriger la poussée comme pendant un vrai vol.

Il a été noté toutefois lors de l’essai qu’une partie de l’isolation thermique en liège et du ruban adhésif recouvrant la base de l’étage du lanceur avait pris feu. Le responsable du programme de la SLS à la NASA, John Honeycutt, a toutefois indiqué que «Nous ne nous attendons pas à voir cela pendant le vol, simplement en raison des environnements (étant) différents, et l’extrémité arrière du lanceur ne subira pas la même charge thermique radiative».

Après les analyses des données du test, des inspections, le nettoyage des moteurs RS-25 et la remise à neuf potentielle de l’isolation thermique, l’étage principal devrait partir par barge vers le Kennedy Space Center pour son assemblage avec le reste du lanceur déjà en cours d’intégration au VAB.

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Au bâtiment d’assemblage VAB du centre spatial Kennedy de la NASA en Floride, les deux boosters à cinq segments du SLS sont en cours d’assemblage à début mars (Crédit photo: NASA/Isaac Watson)

Relocalisation du Soyouz MS-17

Le 19 mars, le Soyouz MS-17 a été déplacé du module Rassvet du côté de la Terre (ou NADIR) vers le module Poisk. Ce déménagement permettra au Soyouz MS-18 et à son équipage de trois personnes d’accoster à Rassvet lors de son lancement prévu le 9 avril.

Détails et belles images de l’ISS sur le Live : Live : Relocalisation du Soyouz MS-17 à l’ISS

Photo du cosmonaute Kud-Sverchkov lors de la relocalisation du Soyouz MS-17

Vol commercial pour Soyouz

Le 22 mars, une Soyouz 2.1a a décollé du Cosmodrome de Baïkonour pour un lancement commercial.

Pour marquer le 60e anniversaire du premier vol d’un Humain dans l’espace, le lanceur était paré de bleu et de blanc en hommage à la fusée Vostok qui a lancé Yuri Gagarin le 12 avril 1961, le bleu étant la couleur de GK Launch Services, une division commerciale de Glavkosmos, filiale de Roscosmos, opérateur du lancement.

Lancement Soyouz du 22/03/2021 (crédit GK Launch Services )

A bord de la Soyouz, 38 satellites pour 18 pays :

Parmi eux, j’ai retenu :

  • CAS500-1 (Compact Advanced Satellite 500- 1), satellite d’observation de la Terre pour le Korea Aerospace Research Institute (KARI) de la Corée du Sud
  • ELSA-d Spacecraft d’Astroscale Company (Japon), satellite de démonstration de technologies de base nécessaires pour l’amarrage et l’élimination des débris spatiaux.
  • DMSAT-1 développé pour le centre spatial Mohammed Bin Rashid des Emirats Arabes Unis, afin d’effectuer des observations multispectrales dans les bandes visible et proche infrarouge afin de détecter et de surveiller les aérosols dans la haute atmosphère.
  • NANOSATC-BR2, satellite scientifique, universitaire et technologique conçu pour la surveillance de l’ionosphère et du champ magnétique de la Terre pour l’Université de Santa Maria au Brésil.
  • SIMBA, cubesat 1U de l’Université de Rome Sapienza en collaboration avec l’Université Machakos et l’Université de Nairobi au Kenya, conçu pour surveiller un système de suivi innovant qui leur permettra de surveiller la faune dans les parcs nationaux du Kenya et d’étudier le comportement des animaux. Le but ultime est d’identifier des solutions pour limiter les dangers liés à leur empiètement, tels que des dommages graves aux cultures. En particulier, l’appareil pourra recevoir des données sur la position géographique et l’état de santé des animaux, équipés d’un collier, et les transmettre aux stations au sol, où elles seront traitées avec la collaboration des universités kényanes participantes.
  • Challenge One, premier satellite tunisien, pour l’IOT qui comprend une technologie de communication innovante développée dans les installations de TELNET.
Installation du satellite sud-coréen CAS500-1 sur le système de déploiement des satellites de la mission Soyouz du 22/03/21 (crédit

Electron : vol nominal et préparation du vol lunaire

Le 22 mars, deuxième lancement de l’année pour Rocket Lab et son Electron.

Plusieurs satellites ont été placés en orbite basse entre 450 et 550 km d’altitude :

  • BlackSky, un satellite d’observation de la Terre
  • 2 nanosatellites pour l’Internet-Of-Things (IoT)  pour Fleet Space et Myriota
  • 1 satellite de démonstration pour University of New South Wales (UNSW) de Canberra (Australie)
  • Un satellite de démonstration technologique météo pour Care Weather technologies;
  • Un démonstrateur pour l’U.S. Army’s Space and Missile Defense Command (SMDC) 

La charge utile finale de cette mission était le Photon Pathstone conçu et construit en interne par Rocket Lab. En fait, c’est le second étage « Kick Stage » qui devient la plateforme d’un satellite de démonstration : gestion de l’énergie, du contrôle thermique et des sous-systèmes de contrôle d’attitude, ainsi que des technologies nouvellement intégrées, notamment des capacités radio dans l’espace lointain, un RCS (système de contrôle de réaction) amélioré pour un pointage précis dans l’espace, et des capteurs solaires et des suiveurs d’étoiles. Après Photon First Light en août 2020, Pathstone prépare en fait la mission de Rocket Lab d’un envoi d’un cubesat en orbite lunaire pour la NASA prévu à fin 2021, ainsi que la mission privée de Rocket Lab vers Vénus en 2023.


Premier lancement de l’année pour Arianespace

Alors que les Ariane 5 sont clouées au sol depuis l’été dernier suite à des soucis sur les coiffes (information ici en anglais) et que le retour en vol de Vega est attendu pour le 22 avril (date à ce jour), c’est avec une Soyouz qu’Arianespace a réalisé sa première mission de l’année.

Le 25 mars, la Soyouz-2.1b a placé avec succès sur orbite moyenne 36 satellites OneWeb depuis le cosmodrome de Vostochny. Le lancement a été réalisé dans le cadre du contrat entre Glavkosmos (qui fait partie de Roscosmos) et Arianespace et la société russo-française Starsem en étroite coopération avec d’autres entreprises de Roscosmos: Progress Space Rocket Center, Lavochkin Association et TsENKI.

Ce lancement a porté à 146 le nombre de satellites OneWeb en orbite et la société prévoit d’en lancer des centaines d’autres [mon article sur le sujet : OneWeb : la constellation de télécoms en orbite basse prend son envol].

Décollage Soyouz ST30 avec 36 satellites OneWeb à bord le 25/03/21 (crédit Arianespace)

Et encore des lancements Starlink

Il y a eu en tout 4 lancements de satellites Starlink de SpaceX au mois de mars.

  • 4 mars Starlink L-17 – 8e vol du booster du premier étage – 4e et 3e vol pour les demi-coiffes.
  • 11 mars Starlink L-20 – 6e vol du booster du premier étage – 3e et 2e vol pour les demi-coiffes. Les deux moitiés de coiffe semblent avoir été récupérées avec succès dans l’eau par les bateaux de SpaceX.
  • 14 mars Starlink L-21 – 9e vol du booster du premier étage – 2e vol pour les demi-coiffes.
  • 24 mars Starlink L22 – 6e vol du booster du premier étage – 2e vol pour les demi-coiffes.
Starlink Mission
Photo du lancement Falcon 9 / Starlink du 11/03/21 (crédit SpaceX)

Toujours plus de débris spatiaux

En quelques jours, le nombre de débris spatiaux a augmenté fortement :

Le 10 mars le satellite météorologique déclassé NOAA17 a explosé dans l’espace, produisant un total de 16 débris mesurables. Rien n’indique que le satellite soit entré en collision avec un autre objet. La NOAA a déclassé le satellite en 2013 et elle a déclaré qu’elle avait effectué un processus de passivation.

Le 18 mars, le satellite météorologique chinois Yunhai-1 02, a priori plus utilisé, a été fragmenté en orbite en 21 débris.

Plusieurs causes possibles à ces explosions : un réservoir sous pression qui éclate, des batterie ou un autre élément chimique qui s’emballe et qui conduit à une explosion, une collision avec un autre débris, ou un tir de missile anti-satellite.


Un nouveau directeur à l’ESA

Le 1er mars, le nouveau directeur de l’Agence Spatiale Européenne a pris ses fonctions : Josef Aschbacher.

Il prend la place de Jan Woerner qui était à la tête de l’ESA depuis . Il a publié un message de départ avec un bon bilan de mon point de vue.

Selfie de Josef Aschbacher le 1er mars

Un nouveau lanceur en préparation pour Rocket Lab

Le 1er mars, RocketLab annonçait son nouveau lanceur Neutron, réutilisable et capable d’envoyer 8 tonnes en orbite basse et de faire des missions vers la Lune, Mars et Vénus. Décollage prévu en 2024 depuis Wallops aux Etats-Unis.


Un nouveau vol spatial pour Samantha Cristoforetti

Le 3 mars, l’Agence Spatiale Européenne a annoncé que l’astronaute italienne Samantha Cristoforetti réaliserait en 2022 sa seconde mission dans la Station Spatiale Internationale. Le vaisseau qui l’emmènera n’est pas défini : Crew Dragon ou Starliner ?


C’est le moment de postuler pour devenir astronaute européen

Le 31 mars marque le début du dépôt des candidatures pour la nouvelle sélection d’astronautes de l’ESA.

Si vous postulez et que vous voulez qu’on suive votre parcours, contactez moi !


Préparation au vol pour Ingenuity

Et à suivre en avril, la tentative de vol du drone-hélicoptère de la mission Perseverance sur Mars. Au 31 mars, il avait été partiellement déployé depuis le dessous du rover.

Ingenuity a ses quatre « pattes » déployées au 31 mars. Ne reste plus qu’à le poser au sol (crédit NASA / JPl-Caltech)

En savoir plus sur cette mission secondaire de Mars 2020 :


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Une réflexion sur “L’actualité spatiale de mars 2021 en bref

  • Michel Clarisse

    NB : en principe, « Sam » Cristoforetti devrait voler à bord de SpaceX Crew-4 en compagnie de Kjell N. Lindgren (2e vol), Robert T. Hines (1er vol) et d’un autre astronaute, non désigné à ce jour (qui pourrait être un cosmonaute russe).

    NB : après « Sam » Cristoforetti, le prochain astronaute de l’ESA à effectuer un 2e vol spatial (et, pour ce qui le concerne, un 1er vol de longue durée) devrait être Andreas Mogensen. (source : Air&Cosmos n° 2729 du 2 avril 2021, page 3)

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