L’actualité spatiale de la semaine du 21 janvier : Falcon Heavy, EVA, Long March, Ariane 5
Une semaine pleine d’événements dont les lanceurs chinois qui ne s’arrêtent pas, la Falcon Heavy qui se prépare à son premier vol, une sortie spatiale à l’ISS et un semi-échec pour Ariane 5.
Un changement de « main » du bras robotique de l’ISS pendant l’EVA 47
Une sortie spatiale par 2 astronautes américains s’est déroulée pendant plus de 7 heures le 23 janvier pour changer une pièce du bras Canadarm.
Détails à retrouver dans : ISS : une longue EVA 47.
Mais les premiers tests réalisés sur le bras robotique Canadarm ont montré une anomalie sur la « main » changée pendant l’EVA. En effet, lors de sa mise sous tension initiale après son installation, l’effecteur de verrouillage (LEE) n’a pas communiqué comme prévu sur sa voie de communication principale, mais l’a fait sur sa chaîne de communication redondante. Les 2 systèmes doivent fonctionner parfaitement pour que le Canadarm2 soit en mesure d’accomplir ses tâches sur l’ISS. Du coup, la NASA avait reconfiguré dans la semaine l’EVA 48 pour remettre en place le LEE déposé, vieillissant mais opérationnel. Finalement, les spécialistes en robotique de l’Agence Spatiale Canadienne ont écrit et testé un patch logiciel correctif. Un essai samedi 27 janvier a confirmé que le patch a fonctionné et le bras est maintenant considéré comme pleinement opérationnel. La sortie spatiale EVA 48 a du coup été reportée à la mi-février.
Selfie de Mark Vande Hei pendant l’EVA 47 du 23/01/2018
Essai statique effectué pour la Falcon Heavy
Le nouveau lanceur lourd de SpaceX a enfin effectué son premier essai statique le mercredi 24 janvier.
Les 27 moteurs de ce lanceur constitué de 3 boosters de Falcon 9 ont été brièvement allumés pendant 4 secondes. La présence de 27 moteurs en fait le lanceur le plus puissant à ce jour depuis Saturn V.
Le bruit des moteurs de la Falcon Heavy aurait été entendu jusqu’à 50 Kilomètres de Cap Canaveral alors qu’ils n’étaient qu’à une poussée de 92%, soit une poussée combinée de presque 21 000 Kilonewtons, ou 2 400 tonnes.
SpaceX a annoncé que le lancement devrait avoir lieu le 6 février avec un jour de repli le 7 février. SpaceX étant rarement à l’heure, on peut penser que la date va encore décaler. A suivre sur le Calendrier des lancements.
Carton plein pour la Chine
Un cinquième lancement pour le lanceur Long March en ce début 2018 ! Cette fois-ci, c’est une Long March 2C qui a décollé jeudi 25 janvier à 5h39 UTC du centre de lancement des Satellites de Xichang.
Quatre satellites ont été mis sur orbite à environ 600 km d’altitude : 3 satellites YaoGan-30 Groupe 04 (遥感30号04组) et le NanoSat-1A (微纳-1A). Selon les médias chinois, les trois satellites Yaogan-30 sont destinés à la surveillance de l’environnement électromagnétique et aux tests techniques associés. Les observateurs occidentaux perçoivent la série Yaogan comme étant conçue à des fins de reconnaissance pour l’Armée populaire de Libération (APL) de Chine, dont la collecte d’informations électroniques (ELINT). Pas de précision sur la nature du Nanosat.
il s’agit du quatrième lancement de satellites Yaogan après ceux du 29 septembre, du 24 novembre et du 25 décembre 2017.
Article recommandé : 4e triplet militaire YG-30 mis en orbite sur East Pendulum.
Grosse frayeur pour Ariane 5
Le premier lancement d’Ariane 5 de 2018 ne s’est pas comporté de façon nominale. Même si les 2 satellites de télécommunications ont été placés sur orbite de transfert géostationnaire, ils se trouvent sur une mauvaise inclinaison. Détails dans l’article dédié : Ariane 5 : un semi-échec pour son premier vol de l’année
En bref
Premier succès de la Chine de mesure laser lunaire
Le 22 janvier, la Chine a accompli son premier succès de mesure avec un télescope laser de 1,2 mètres, le Laser Ranging Lunar (LLR), de la distance Terre-Lune. Sur la base des signaux d’impulsions laser réfléchies par le rétroréflecteur lunaire planté par la mission Apollo 15, le groupe d’astronomie appliquée de l’Observatoire de Yunnan a mesuré la distance entre le rétroréflecteur et la station au sol entre 385 823 kilomètres et 387 119 kilomètres. Théoriquement, le LLR mesure la distance entre la Terre et la Lune en calculant le temps d’une impulsion laser nécessaire pour se déplacer d’une station au sol de la Terre à un rétro-réflecteur sur la lune et le chemin retour.
Les résultats de LLR sont essentiels à la recherche avancée dans l’astro-géodynamique, la dynamique du système Terre-Lune et la physique lunaire. Jusqu’à ce que la Chine ait fait son premier LLR, seuls les États-Unis , France et Italie avaient testé avec succès cette technologie. Ce test a été mené dans le cadre de la préparation de la Chine à lancer la sonde lunaire Chang’e-4 en 2018 [lire Les événements spatiaux à ne pas rater en 2018].
Des volontaires chinois simulent 200 jours sur une base lunaire virtuelle
Quatre étudiants chinois ont passé 200 jours dans un espace de 160 mètres carrés, appelé Yuegong-1 (Palais lunaire) sur le campus de l’Université Beihang près de Pékin afin de tester les limites de la capacité des humains à vivre dans un espace autonome, selon phys.org. Deux hommes et deux femmes avaient effectué un premier séjour de 60 jours, puis avaient été remplacés par ces quatre personnes. Le premier groupe devrait revenir pour 105 jours supplémentaires.
Le « Palais Lunaire » dispose de deux modules de culture et d’une cabine habitable de 42 mètres carrés contenant quatre lits, une salle commune, une salle de bain, une salle de traitement des déchets et une salle d’élevage. Il y a un système de traitement des déchets humains avec un processus de bio-fermentation, et les volontaires cultivent des cultures expérimentales et des légumes à l’aide de sous-produits alimentaires et de déchets.
Des volontaires chinois simulent 200 jours sur une base lunaire virtuelle
Une expérience similaire, mais de 105 jours « seulement », avait déjà été effectuée en Chine en 2014.
Bien évidemment, elle n’est pas sans rappeler les expériences du même genre menées tant en Russie (à l’IMBP) qu’aux USA. Certaines, comme Mars 500 (en fait 520 jours), ont duré plus d’un an. On ne les connaît pas toutes. Les simulations de missions lunaires ou martiennes sont décidément à la mode ces temps-ci.
En tout cas, la Chine s’affirme de plus en plus comme une puissance spatiale de premier ordre. Elle possède aussi les superordinateurs (supercomputers) les plus puissants du monde et ceci explique sans doute cela.