Vidéo du jour : retour d’un premier étage Falcon 9 en intégralité
SpaceX, le constructeur de la fusée Falcon 9, est très fort en exploits spatiaux mais aussi en communication. A l’occasion du lancement de ce 1er mai, SpaceX nous a régalés avec des images inédites : le retour sur Terre d’un étage de lanceur en intégralité.
Pour rappel, SpaceX est le premier constructeur au monde a avoir réalisé la performance de faire revenir sur Terre le premier étage d’un lanceur orbital en décembre 2015 [lire SpaceX : l’atterrissage vertical du premier étage de la Falcon 9 a réussi]. Il prévoit de faire redécoller plusieurs fois des premiers étages réutilisés et a réussi cette prouesse technique pour la première fois le 3 mars dernier avec un étage ayant déjà volé une fois [lire Lancer, atterrir, redécoller, récupérer : SpaceX l’a fait]
Lancement secret de NROL-76
Le lancement du 1er mai a placé sur orbite un satellite militaire secret pour le Bureau de Reconnaissance National (NRO, National Reconnaissance Office), le NROL-76. Il a eu lieu à 11h15 UTC depuis Cap Canaveral en Floride.
Lancement Falcon 9 / NROL-76 le 01/05/2017 (credits SpaceX)
Compte tenu du secret entourant NROL-76, SpaceX ne pouvait pas diffuser longtemps la phase de vol car il ne fallait montrer ni la séparation satellite ni l’orbite atteinte à ce moment là du vol pour ne pas indiquer l’orbite finale du satellite. Du coup, Space X a choisi de nous montrer l’intégralité de la phase de retour au sol du premier étage de la Falcon 9.
Des images inédites depuis le sol de la rentrée d’un premier étage
Sur la vidéo ci-dessous de la retransmission en direct du lancement, on peut suivre le 10e atterrissage réussi d’un premier étage d’une Falcon 9 sur 15 tentatives.
Les images à gauche sont inédites car vues depuis une station de suivi depuis le sol. Les images à droite sont depuis une caméra embarquée sur le premier étage.
Détails de la séquence :
- 139 secondes après le décollage (T0 à 11’57 sur la vidéo), les 9 moteurs Merlin du premier étage ont été éteints (MECO, Main Engine Cut Off), alors que la fusée était à la vitesse de 1685 m/s et une altitude 69 km (vers 14’19 sur la vidéo)
- Puis 3 secondes plus tard, séparation du premier et du second étage, le second étage continuant sa mission principale de mise sur orbite de NROL-76.
- Le premier étage a commencé sa réorientation avec le réallumage de 3 moteurs Merlin à T+2min36
- Plusieurs impulsions des moteurs de navigation permettent ensuite de remettre l’étage vers la zone d’atterrissage située à seulement 15 km du pas de tir.
- Les « ailettes » (grid fin) sont déployées pour l’orientation fine sur les 3 axes (à 2’36 sur la vidéo)
- A T+7 minutes, le premier étage a été réallumé pendant 25 secondes pour freiner sa chute (à 19’08 dans la vidéo).
- A T+8min 29, les moteurs sont à nouveau allumés pour l’approche finale
- Les « jambes d’atterrissage » sont déployées 10 secondes avant l’atterrissage (ci-dessous, photo du déploiement en cours)
- Atterrissage réussi à T+8min59s
Cet atterrissage est le quatrième sur une zone sur terre ferme alors que la Falcon 9 a également réussi à atterrir à 6 reprises sur une barge en mer.
Merci bcp pour cette vidéo et ces commentaires, Isabelle.
Je me permettrais, si vous voulez bien, quelques précisions balistiques relevées au moyen de la vidéo :
Pendant la descente les moteurs Merlin sont rallumés à seulement 3 reprises : peu après la séparation, le Boost Back Burn de 15s, qui, comme vous le dites, permet de réorienter la trajectoire de retour, le Entry Burn de 25s, puis 45s plus tard le Landing Burn pour l’atterrissage.
En dehors de ces phases de décélération, le 1er étage est pratiquement en chute libre, aux impulsions près des moteurs de navigation.
Le Entry Burn fait passer la vitesse de 1 400 m/s, soit 5 000 km/h, à 730 m/s, soit 2 600 km/h. A ce moment-là, le 1er étage est à env. 36 km d’altitude, où l’atmosphère est encore très ténue. La vitesse se remet alors à réaugmenter pour atteindre 840 m/s (3 000 km/h) puis diminue progressivement, la trainée croissant au fur et à mesure de la densification de l’atmosphère. Par le seul effet de cette dernière, la vitesse est réduite à env. 1 000 km/h au moment de l’allumage final pour l’atterrissage.
La prouesse étant notamment de se passer de tout parachute, qui ne serait pas compatible avec un tel atterrissage.
Sur la dernière vidéo, on peut lire à la fin Flacon 9 au lieu de Falcon 9 !
Décidément, Thomas n’est pas le seul à souffrir de dyslexie !