New Shepard NS-11 : dernier vol de test avant un vol habité ?
Jeudi 2 mai, le lanceur New Shepard de l’entreprise Blue Origin a réalisé son 11e lancement.
La fusée suborbitale à un étage a décollé du site de lancement privé de Blue Origin au nord de Van Horn, au Texas, à 13 h 35 UTC.
5 vols – 5 atterrissages
Pour le 5e vol de ce booster, la fusée a été propulsée par son moteur principal BE-3 à hydrogène à une vitesse supérieure à 3 540 km/h en moins de deux minutes et demi. Après l’arrêt du moteur de New Shepard, la capsule pressurisée sans équipage s’est séparée du lanceur. Elle aurait atteint l’altitude de 105,5 kilomètres, selon les données de vol préliminaires, soit au-dessus de la limite officielle de l’espace, la ligne de Karman, fixée à 100 km.
L’étage du lanceur est revenu vers le sol et après un allumage du moteur BE-3 pour le ralentir, il a réussi son 5e atterrissage vertical sur ses quatre jambes d’atterrissage à environ 3 km de son site de lancement.
Moins de trois minutes plus tard, la capsule a atterri à l’aide de trois parachutes et rétro-fusées pour compléter le 11e vol suborbital de Blue Origin depuis avril 2015.
Des expériences à bord
La capsule a emporté à son bord 38 charges utiles pour diverses écoles, universités, agences gouvernementales et entreprises privées : 29 ont été réalisées commercialement et 9 par le programme Flight Opportunities de la NASA.
Blue Origin et d’autres fournisseurs de vols spatiaux commerciaux aux États-Unis (comme ZeroG Corp qui fournit des vols paraboliques) ont signé un contrat pour fournir des services de vol à la NASA à des fins d’essais en vol et de démonstration technologique dans le cadre de ce programme de la NASA afin de faire » passer des technologies du laboratoire à un environnement de vol pertinent qui facilite la maturation des technologies, valide la faisabilité et réduit les risques techniques pour les missions futures « .
Il y avait aussi, vu la photo ci-dessous, un mannequin à bord, probablement bardé de capteurs pour connaitre toutes les données de vol à la place d’un humain.
Quelques informations sur les expériences à bord :
- Orbital Medicine : Ce dispositif médical pourrait aider à traiter les urgences liées à l’espace, telles que l’affaissement d’un poumon. Cela permettrait de recueillir le sang en microgravité, de permettre aux poumons de se gonfler en permanence et de stocker le sang pour la transfusion.
- Moniteur d’expériences de vol suborbital-2 du Johnson Space Center de la NASA à Houston. Cet ensemble d’instruments est conçu pour caractériser l’environnement de vol (accélération, acoustique, température, pression, humidité) des véhicules suborbitaux candidats au test de nouvelles technologies spatiales.
- Débit en ébullition dans les refroidisseurs à microplaques du Goddard Space Flight Center de la NASA. Cette technique de gestion thermique répond aux limitations des méthodes de refroidissement actuelles pour les dispositifs miniaturisés et l’électronique nécessaire aux charges utiles technologiques des missions spatiales.
- BioChip SubOrbitalLab de HNu Photonics, LLC, de Hawai. Cette expérience vise à permettre aux chercheurs d’observer le fonctionnement des cellules en temps réel pendant un vol, afin de comprendre comment la microgravité et l’exposition spatiale affectent la physiologie humaine, informations essentielles pour les missions de longue durée.
- Strata-S1 de l’University of Central Florida, Orlando. Cette charge utile répond au besoin d’une compréhension détaillée du comportement de la poussière spatiale, du régolithe et d’autres particules à la surface de petits corps dans l’espace, afin d’adapter l’exploration tant robotique que humaine.
- New Century Technology High School : un groupe d’étudiants de Huntsville, en Alabama, a mis au point une expérience visant à tester les fluctuations de température en microgravité.
- MIT Media Lab Space Exploration Initiative : l’Initiative d’exploration spatiale du MIT Media Lab, qui réunit artistes, ingénieurs, scientifiques et concepteurs, utilise plusieurs charges scientifiques, ainsi que deux projets utilisant la microgravité comme support pour des œuvres d’art. Telepresent Drawings in Space utilise du graphite pour créer un dessin qui n’aurait pu être fait que dans l’espace. Living Distance, une danse robotique inspirée par l’araignée en apesanteur illustre un dispositif robotique cristallin qui navigue en apesanteur, semblable à une performance. C’est la première fois que le MIT Media Lab vole avec Blue Origin.
New Shepard NS-11 : dernier vol de test avant un vol habité ?
Le prochain vol sera-t-il habité ?
Ariane Cornell, responsable de la stratégie et des ventes pour les astronautes chez Blue Origin, a déclaré au cours du live de jeudi : « Au cours des deux prochains mois, vers la fin de l’année, nous allons faire voler des humains au-dessus de cette fusée».
La capsule de l’équipage lancée par New Shepard aura six sièges, chacun avec sa propre fenêtre pour offrir aux passagers une vue imprenable pendant le vol. On ne connait pas encore le prix du billet, probablement élevé mais personnellement, ce serait un rêve !
Pour mémoire, l’altitude maximale atteinte par le New Shepard fut de 118,8 km lors de son 9e vol effectué le 18 juillet 2018.