iSpace explique l’échec d’Hakuto-R et LRO repère le site du crash sur la Lune
La mission 1 Hakuto-R, lancée le 11 décembre 2022, a effectué plusieurs mois de voyage afin de tenter d’atterrir le 25 avril dernier sur la Lune. Malheureusement, quelques instants avant l’alunissage attendu, la communication avec l’atterrisseur a cessé. L’équipe d’iSpace, l’entreprise privée à l’initiative de la mission, a annoncé qu’une anomalie s’était produite et que l’atterrisseur lunaire Hakuto-R s’était vraisemblablement crashé à la surface du satellite terrestre.
iSpace dévoile les raisons de l’échec
iSpace a donné une conférence de presse le 26 mai pour annoncer les conclusions des investigations sur l’échec de la première mission Hakuto-R.
Lors de la phase finale de l’atterrissage, le logiciel de bord a initialement vu des différences entre l’altitude déterminée à partir de l’altimètre laser LIDAR (courbe rouge) et l’altitude réelle déterminée à partir des unités de mesure inertielle (bleu). Le logiciel a alors effectué des resets comme prévu.
Alors que le lander descendait vers le sol, il passait au-dessus du bord du cratère Atlas.
À 16 h 38, l’altimètre a correctement mesuré le changement d’altitude lors du passage du bord du cratère mais le logiciel de bord a déterminé ce changement d’environ 3 km comme trop anormal.
Il a alors ignoré les données de l’altimètre laser pensant à une défaillance de l’équipement. Les centrales de mesure inertielle estimaient quant à elles que l’atterrisseur se situait proche de la surface lunaire. Mais Hakuto-R était encore à environ 5 kilomètres au-dessus de la surface sélène.
L’atterrisseur a continué de descendre lentement à environ 1 mètre par seconde avec son système de propulsion jusqu’à épuisement de son carburant. L’atterrisseur est ensuite entré en chute libre, s’écrasant à la surface à une vitesse supérieure à 100 m/s.
Une des raisons de dysfonctionnement est un changement dans les sites d’atterrissage effectué après la revue critique de conception (design review) en février 2021. La mission devait à l’origine d’atterrir sur Lacus Somniorum, une plaine basaltique avec peu de cratères. Ce changement n’aurait pas été suffisamment testé dans les simulations avant le lancement.
Il a été déterminé que les simulations antérieures de la séquence d’atterrissage n’incorporaient pas adéquatement l’environnement lunaire sur la trajectoire de navigation, ce qui a entraîné une mauvaise évaluation de l’altitude de l’atterrisseur en approche finale
Communiqué ispace
iSpace est très confiant pour les missions 2 et 3 d’Hakuto-R en cours de développement. Hakuto-R Mission 1 a réalisé 8 des 10 étapes prévues. Mission 2 doit décoller en 2024.
LRO découvre le site du crash
Lunar Reconnaissane Orbiter (LRO) est une sonde de de la NASA en orbite lunaire depuis juin 2009 afin de cartographier tout le sol sélène. LRO est en train d’identifier des sites proches de ressources potentielles (eau par exemple) avec une haute valeur scientifique pour devenir des terrains favorables et un environnement nécessaire pour les futures missions robotiques et habitées sur la Lune pour la NASA.
Les images collectées par la sonde ont par ailleurs déjà permis de repérer le site d’atterrissage de la mission chinoise de retour d’échantillons Chang’e5, le site du crash de la mission lunaire israélienne Beresheet, de confirmer le point d’impact du lander indien Vikram ou l’impact d’un lanceur sur la Lune.
LRO a repéré l’impact de Hakuto-R Mission 1 grâce à ses caméras à angle étroit LROC (Lunar Reconnaissance Orbiter Camera), un système de trois caméras qui capturent des images en noir et blanc haute résolution et des images multispectrales de résolution modérée de la surface lunaire.
Le 26 avril 2023, LRO a acquis dix images autour du site d’atterrissage avec les caméras à angle étroit (NAC, Narrow Angle Cameras). Les images couvraient une région d’environ 40 km sur 45 km. À l’aide d’une image des NAC acquise avant la tentative d’atterrissage, l’équipe scientifique de LROC a commencé à chercher l’atterrisseur.
L’une des images montre quatre gros débris et plusieurs petits changements à la surface lunaire. Plusieurs pixels lumineux en haut à gauche et plusieurs pixels sombres en bas à droite. C’est à l’opposé des rochers voisins, ce qui suggère qu’il pourrait s’agir de petits cratères d’impacts ou de différentes parties de l’atterrisseur.
L’orbiteur a identifié un autre changement sur la surface lunaire, qui pourrait être le cratère d’impact :
Si aucun cratère n’était formé à partir de l’accident, cela pourrait signifier que l’atterrissage n’était pas aussi difficile que prévu, et il était plus proche d’un toucher doux.
« Ce site sera analysé davantage au cours des prochains mois, car LROC a la possibilité de rephotographier le site sous divers éclairages et angle de visualisation » selon l’équipe LROC.
Source pour LRO