Gaia : nous sommes de retour !
Pourquoi ce titre ? Parce que la campagne de tir de GAIA a repris et que c’est le titre du dernier article du blog de l’ESA.
En effet, après l’annonce du report de tir le 22 octobre, quelques explications sur la raison de ce report, les personnes qui ne sont pas directement impliquées dans la campagne de tir et qui s’y intéressent pouvaient se demander quand celle-ci recommencerait afin de tenir la nouvelle date de lancement annoncée le 29/10.
Voici la traduction de l’article du blog de l’ESA écrit par le chef de projet ESA pour GAIA, Giuseppe Sarri, qui raconte comment il a vécu l’annonce de l’anomalie potentielle sur les transpondeurs, comment la décision de les démonter et de les renvoyer en réparation a été prise, et leur étonnant voyage :
» Bien sûr, vous avez tous remarqué que lorsque nous avons commencé notre blog la date de lancement de Gaia était au 20 Novembre et maintenant le compte à rebours pour le lancement montre le 20 Décembre. Pourquoi ? Commençons par le début.
Samedi 19 Octobre, à environ 16h30 lorsque j’était en train d’éteindre l’ordinateur dans mon bureau à Kourou et me préparant à un dimanche ensoleillé, j’ai reçu un coup de téléphone de la personne responsable de l’un des principaux systèmes embarqués sur le satellite. Il y avait eu une panne d’un satellite déjà en orbite et l’analyse de la défaillance a pointé une erreur de conception. La conséquence est que la durée de vie d’un petit et innocent transistor était en cause. En fait, les pauvres composants ont failli sur le satellite en orbite peu de temps après le lancement. Après une vérification minutieuse, il était clair qu’une conception similaire avait été implantée sur les deux transpondeurs de Gaia et le risque qu’ils défaillent avant la fin de la mission n’était pas négligeable.
Actuellement, le transpondeur est un appareil qu’utilise un satellite pour communiquer avec la Terre, donc il vaut mieux qu’il ne faille pas. Bien sûr, nous avons deux répéteurs à bord, mais voudriez vous lancer quelque chose qui est probablement malade ? Le samedi soir a été utilisé à discuter des options avec différents ingénieurs à Kourou et en Europe. Des informations ont été rassemblées et nous avons eu la nuit pour réfléchir, à temps pour une téléconférence multilatérale qui a eu lieu le dimanche. Ce fut un dimanche beaucoup moins ensoleillé que ce que j’avais espéré. Il a semblé évident que nous ne pouvions pas courir un risque, et la décision a été rapidement prise pour retirer les deux équipements du satellite le plus tôt possible et de les renvoyer vers l’Europe pour un « retrofit » (un mot gentil pour dire réparation).
Je n’entrerai pas dans le détail des trois dernières semaines, qui étaient pour le moins «challenging» … Le fait important est que le travail a été réalisé grâce à un énorme effort de tous les participants et les deux transpondeurs sont de retour dans la salle blanche du centre de lancement. Ils sont en cours d’intégration.
Dans le cas où vous seriez intéressé à en apprendre un peu plus sur le curieux voyage de ces transpondeurs : dans un calendrier très serré, il est de la plus haute importance de ne pas perdre un temps précieux dans le transport du matériel ou pire, de l’avoir perdu dans un aéroport ou qu’il prenne un mauvais vol. Afin d’éviter tout risque et d’avoir le transport le plus rapide possible, il a été décidé que les deux équipements électroniques voleraient dans leurs conteneurs noirs comme bagages de cabine avec une escorte dédiée. Heureusement, les deux conteneurs n’étaient pas trop grands et ils pourraient partager le même siège en classe «business » sur le vol Air France. Il y avait cependant une complication supplémentaire : nous ne voulions pas passer les 2 délicates boites électroniques au contrôle à rayons X, ni ne voulions que les conteneurs soient ouverts pour inspection à la douane. Par conséquent, le soutien d’Air France et de la police locale à l’aéroport était nécessaire pour passer les différentes étapes des formalités légales et de sureté sans mettre à risque la sécurité et la propreté du matériel. Y parvenir, cela a été également un projet en soi, parfaitement géré par le CNES, Arianespace et Astrium. C’était certainement une expérience amusante de rencontrer deux transpondeurs dans le salon d’affaires de l’aéroport de Cayenne escortés par Mario (le responsable du début à la fin du voyage), le chef des installations au sol de l’aéroport et un agent de police. Le champagne n’a été servi aux transpondeurs. Giuseppe «
Commentaires et vécu personnel :
Pour l’équipe AIT Astrium en campagne à Kourou, l’annonce de la décision de démonter les 2 transpondeurs nous a été faite le dimanche midi. Cela nous a également pas mal gâché ce dimanche, seul jour de repos dans les semaines de campagne à Kourou. Nous ne parlions finalement que de ça entre collègues, même à la plage ! Chacun selon son métier et expérience, nous commencions déjà à élaborer la manière de démonter les 2 transpondeurs, « biens au chaud » au sein du Module de Service, derrière le Pare-Soleil qui venait juste d’être mis en configuration vol.
Dès le lundi matin, un « brainstorming » s’est mis en place afin de décider comment retirer les 2 équipements tout en maintenant au mieux la configuration vol du DSA, et afin de minimiser les durées de remise en configuration lors du remontage des transpondeurs à leur retour de réparation. Pour ma part, j’ai mené notamment l’analyse de risque pour vérifier que nous n’allions prendre effectivement aucun risque ou afin de prendre les précautions nécessaires pour ne pas dégrader le reste du matériel vol en place. Dès le mardi, les procédures non nominales (il n’est pas nominal, surtout en campagne, de démonter des équipements déjà installés et validés) sortaient et le démontage de certains éléments du satellite commençait afin d’accéder aux transpondeurs. Le dimanche suivant, les 2 transpondeurs prenaient leur premier avion pour leur retour à Rome, environ 3 ans après qu’ils en soient partis. De notre côté, nous mettions le satellite et les moyens sols en stockage pour une durée indéterminée. 2 personnes d’Astrium sont restées sur place afin de faire des vérifications périodiques sur le satellite et assurer sa sécurité.
Une partie de l’équipe Astrium a repris la direction de Kourou le 13 novembre (j’en fait partie). Tout était prêt pour la réception des 2 transpondeurs et ils sont effectivement en cours de réintégration au jour de la publication de cet article.
La séquence nominale de la campagne de tir reprendra en début de semaine prochaine, et les équipes Astrium, CSG, ESA et Arianespace font tout pour une date de lancement de GAIA au 20 décembre !
En bonus, le poster sorti il y a quelques jours pour la campagne VS06 GAIA :
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