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Fin de partie pour le Google Lunar XPRIZE

Nous vous avions déjà présenté le Google Lunar XPRIZE [lire Google Lunar XPRIZE, une nouvelle course à la Lune], ce concours organisé par la fondation XPRIZE et sponsorisé par Google dont l’objectif était de voir pour la première fois une entreprise privée se poser sur la Lune. Durant ces derniers mois, le projet avait une fois de plus vu sa date butoire repoussée dans l’espoir de permettre à l’une des équipes de l’emporter [lire Google Lunar XPRIZE : De nouveaux rebondissements]. Mais voilà qu’il y a quelques semaines, Peter Diamandis, représentant la fondation XPRIZE, a annoncé l’arrêt du concours, faute de lancement planifié avant le 31 mars 2018.

Le défunt Google Lunar XPRIZE (Crédit : Google)

Alors que le grand prix de 20 millions de dollars est définitivement perdu, cela ne signifie pas pour autant que l’aventure lunaire s’arrête ici pour tous les concurrents. Car rappelons-le, les équipes finalistes sont engagées dans la compétition depuis maintenant plusieurs années (la compétition ayant débuté en 2007), et leurs investissements à la fois humains et financiers ne sont pas négligeables. Certains concurrents ne s’arrêteront donc pas là et préparent d’ores et déjà l’avenir.

Ainsi, l’équipe japonaise Hakuto a annoncé qu’elle poursuivrait le développement de son rover SORATO et laisse la porte ouverte à d’autres projets spatiaux, forte de l’expertise développée pour le XPRIZE. Leur annonce est intervenue quelques semaines seulement après que leur concurrent indien Team Indus ait dû renoncer à un lancement sur la fusée PSLV, faute d’un accord sur la date de lancement avec l’agence spatiale indienne (ISRO). Les deux équipes ayant prévu de partager ce lancement, cette décision avait déjà signé la fin de partie pour Hakuto et Team Indus dans la compétition. Comme l’a expliqué l’équipe Hakuto dans cet autre communiqué, la collaboration ne devrait cependant pas s’arrêter là et il n’est pas à exclure que l’équipe indienne continue également sur sa lancée, avec le soutien de ispace, l’entreprise derrière l’équipe japonaise.

Partenariat Team Indus et Team Hakuto (Crédit : Firstpost)

Par ailleurs, l’équipe et entreprise américaine Moon Express, engagée depuis le premier jour de la compétition, s’est également exprimée par la voix de son CEO, Bob Richards. Celui-ci, au delà de mettre en avant les avancées majeures dans le développement des activités commerciales lunaires permises par le concours, a affirmé que l’équipe n’abandonnait pas ses projets d’exploration avec ses alunisseurs MX et son objectif à plus long terme de retour d’échantillons et d’exploitation des ressources lunaires.

Du côté de l’équipe israélienne SpaceIL, la première qui avait sécurisé un lancement, dès fin 2015 (sur une Falcon 9 de SpaceX), les choses n’en resteront pas là non plus. L’annonce a ainsi été faite que non seulement les projets se poursuivaient, mais que le système de propulsion de l’atterrisseur avait été testé et validé et que le lancement était toujours prévu pour cette année, même si aucune date n’a jusqu’ici été avancée. De précédents communiqués avaient par ailleurs révélé que l’intégration de l’atterrisseur était en cours et que ses jambes d’atterrissage avaient également passé les qualifications.

Test du système d’atterrissage (Crédit : SpaceIL)

La dernière équipe finaliste, Synergy Moon, déjà en collaboration avec d’anciens concurrents américains, brésiliens, européens et malaisiens, a quant à elle annoncé le renforcement de ce partenariat sous la bannière de la coalition “Being in Synergy” qui devrait promouvoir le spatial à travers de nouveaux projets et une plateforme web. De plus, bien que l’objectif de poser un atterrisseur complet semble avoir été mis de côté, il semblerait que ce groupe déjà très international soit relativement avancé dans des négociations avec l’équipe indienne Team Indus pour embarquer une charge utile sur l’atterrisseur de cette dernière, permettant ainsi aux efforts d’une décennie de mener malgré tout à la Lune !

Nous pouvons ainsi constater que l’arrêt du concours n’a pas totalement sapé le moral des 5 finalistes et que même s’il est difficile d’imaginer que tous parviendront à leur objectif ultime, il n’est pas impossible que plusieurs d’entre eux, libérés des contraintes temporelles et concurentielles, parviennent à leurs fins. Des partenariats semblent déjà émerger et il est vraisemblable que la disparition du grand prix XPRIZE de 20 M$ pousse certains à continuer dans cette direction. Un double lancement Hakuto / Team Indus, avec une charge utile Synergy Moon sur une fusée indienne semble ainsi envisageable, au moins autant qu’un décollage d’une Falcon 9 et de l’atterrisseur SpaceIL, et ce dans les quelques mois à venir. Pour Moon Express l’avenir proche est plus incertain, puisque le lancement est dépendant du développement de l’Electron de Rocket Lab, dont le second test en orbite basse en janvier a été un succès [lire L’actualité spatiale de la semaine du 15 janvier : Epsilon, Long March, Atlas 5 et Electron].

La Lune attend ses futurs visiteurs ! (Crédit : NASA)

En somme, comme l’a bien résumé l’astronaute Mark Kelly, frère jumeau de l’astronaute Scott Kelly [lire Fin de la mission d’un an à l’ISS le 1er mars], les projets de cette envergure ne sont jamais simples et ce sont bien ceux qui prennent des risques en y prenant part qui nous poussent vers un meilleur avenir. Félicitations donc aux équipes et nous garderons un oeil sur elles dans les mois et années à venir !

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