Un nouveau moyen de transport de satellites : le Beluga
Pour transporter leurs satellites sur les bases de lancement, les constructeurs utilisaient très souvent jusqu’il y a quelques mois, des avions Antonov 124 [exemple Un Antonov transporte un satellite]. Avec la guerre en Ukraine, la disponibilité de ces avions à forte capacité a été considérablement réduite : plus d’utilisation possible des avions russes de la compagnie Volga-Dnepr et difficultés d’affrètement de ceux de la compagnie ukrainienne Antonov Airlines [j’en parlais ici : Impact de la guerre en Ukraine sur le secteur spatial].
De gros avions européens : les Beluga
En coulisses, Airbus préparait déjà depuis plusieurs années une solution alternative : l’utilisation de son avion cargo Beluga.
Airbus Transport International, une filiale 100% d’Airbus, exploite la flotte de plusieurs avions type Beluga pour transporter habituellement des composants d’avion entre les usines d’Airbus et les lignes d’assemblage final (FAL) comme à Toulouse. Mais elle a pensé à étendre sa capacité au transport d’autres éléments sensibles et volumineux.
Le Beluga ST est basé sur l’A300-600 et ST veut dire Super Transporter. Le Beluga XL est dérivé de l’avion de ligne A330-200F.
Les premières missions du Beluga ST ont commencé il y a plusieurs années, mais pour des missions « sur demande ». C’est depuis fin 2021 avec des missions de transport d’hélicoptères lourds type H225M ou H160 d’Airbus Helicopter, respectivement vers Singapour et Sao Paulo au Brésil, que l’offre est désormais au catalogue du transporteur.
Il y a désormais 2 avions Beluga ST disponibles pour des missions de fret commercial avec des clients externes à Airbus. Airbus ATI souhaite capter un marché commercial de niche pour des charges utiles inférieures à 40 tonnes ou 44 tonnes selon les types d’avions. Les satellites, dans leur conteneur, sont une des cibles car la demande est en forte hausse avec le développement des constellations.
Il a fallu effectuer différents aménagements intérieurs et extérieurs pour faciliter l’embarquement des charges utiles au plus vite, avec le développement de plateformes de chargement.
En savoir plus avec cette vidéo :
Pour les satellites
Avec les difficultés d’affrètement des Antonov, Airbus Defence and Space (ADS) a été évidemment le premier à s’adresser à l’entreprise de son groupe pour le transport de ses satellites. ADS avait fait appel ces derniers mois à des bateaux pour affréter ses satellites jusqu’aux bases de lancement mais cela prend beaucoup de temps et cela n’est pas une solution viable selon ADS.
Ainsi le satellite Hotbird-13G construit pour l’opérateur Eutelsat est arrivé par Beluga au Kennedy Space Center en Floride quelques heures après le décollage du satellite cousin Hotbird-13F le 15 octobre.
Un retour sur le continent américain pour le Beluga qui avait déjà amené plusieurs satellites en Guyane Française, les Spot 5, Helios 2A et Helios 2B, mais aussi en 2009 au Kennedy Space Center, le module Tranquility ou Node 3 de la Station Spatiale Internationale, construit en Europe chez Thales Alenia Space.
Pour le transport de systèmes spatiaux, il a fallu certifier l’avion pour embarquer des systèmes de contrôle thermique des conteneurs, et donc leur système d’alimentation électrique dédié, car le plus grand ennemi de ces charges utiles est l’humidité.
D’autres constructeurs de satellites ou de sous-systèmes spatiaux sont intéressés par ce service commercial d’Airbus.
Ce contenu a été rédigé à la suite d’une conférence de presse d’Airbus DS qui s’est tenue le 17 octobre.
Je ne serai évidemment pas contre d’aller vous faire un reportage sur l’embarquement en Beluga 😉
Image de couverture : crédit Hervé Goussé / Master Films