Sixième et dernier survol de Mercure par la sonde BepiColombo
Le 8 janvier 2025, la sonde européenne/japonaise BepiColombo a effectué son 6e et dernier survol de la planète Mercure avec une distance au plus près à 295 km d’altitude de la surface de la planète.
Une nouvelle occasion pour la sonde de faire de nouveaux clichés et de fournir aux scientifiques de nouvelles données en avance par rapport au début officiel de la mission prévu début 2027 avec la mise sur orbite autour de Mercure fin 2026.
Une sixième assistance gravitationnelle mercurienne
Depuis le décollage en octobre 2018, BepiColombo a déjà réalisé 1 survol de la Terre (avril 2020), 2 de Vénus (octobre 2020 et août 2021) et un premier flyby de Mercure en octobre 2021, suivi de 4 autres en 2022, 2023, septembre et décembre 2024. À chaque survol, la trajectoire et sa vitesse et ainsi garder sa petite quantité de carburant à bord pour l’objectif final : la mise sur orbite des 2 orbiteurs MMo et MPO constituant la mission.
À 06h59 CET (heure de Paris), BepiColombo a volé à seulement 295 km au-dessus de la surface de Mercure, du côté nuit froide et sombre de la planète. Environ 7 minutes plus tard, elle est passée directement au-dessus du pôle nord du Mercure avant d’avoir une vue dégagée sur le nord ensoleillé de la planète.
Des images des trois caméras de surveillance (M-CAM) de la sonde, ainsi que des données scientifiques d’un certain nombre d’instruments, ont été collectées lors du survol. Ces caméras fournissent des instantanés en noir et blanc en résolution 1 024 x 1 024 pixels.
Les 3 meilleures images publiées par l’ESA
L’ESA a publié les 3 meilleures images prises par ces caméras avec des explications.
M-CAM 1 a pris cette photographie à longue exposition du pôle nord de Mercure à 07h07 CET, alors que la sonde se trouvait à environ 787 km de la surface de la planète. De ce point de vue, le terminateur de Mercure, la frontière entre le jour et la nuit, divise la planète en deux. Le long du terminateur, juste à gauche du panneau solaire, on peut voir les bords ensoleillés des cratères Prokofiev, Kandinsky, Tolkien et Gordimer, et certains de leurs sommets centraux.
Parce que l’axe de rotation de Mercure est presque exactement perpendiculaire au mouvement de la planète autour du Soleil, les bords de ces cratères projettent des ombres permanentes sur leurs sols. Cela fait de ces cratères non éclairés certains des endroits les plus froids du Système Solaire, bien que Mercure soit la planète la plus proche du Soleil. Il existe déjà des preuves que ces cratères sombres contiennent de l’eau gelée. BepiColombo étudiera ces endroits et vérifiera la présence d’eau une fois en orbite autour de la planète.
La gauche de l’image montre les vastes plaines volcaniques connues sous le nom de Borealis Planitia. Il s’agit de la plus grande étendue de « plaines lisses » de Mercure et a été formée par l’éruption généralisée de lave coulante il y a 3,7 milliards d’années. Cette lave a inondé les cratères existants, comme cela est clairement visible dans les cratères Henri et Lismer vus en bas à gauche. Les ‘rides’ observées en au centre à gauche se sont formées sur des milliards d’années après la solidification de la lave, probablement en réponse à la contraction globale alors que l’intérieur de Mercure se refroidissait.
Le volume de lave composant Borealis Planitia est d’une ampleur similaire aux événements volcaniques massifs de niveau d’extinction enregistrés dans l’histoire de la Terre, notamment l’événement d’extinction massive à la fin de la période permienne il y a 252 millions d’années.
Après avoir survolé le pôle nord de la planète, la sonde avait une vue dégagée sur l’hémisphère nord ensoleillé de Mercure.
La caméra de surveillance 1 (M-CAM 1) a pris cette photo à 07h12 CET, alors que la sonde se trouvait à environ 1 427 km de la surface de la planète. L’image montre que de vastes régions de la surface fortement cratérisée de Mercure sont lissées par la lave provenant des éruptions volcaniques. Ce lissage est visible à l’intérieur du cratère de 290 km de large à droite de l’image, appelé Mendelssohn. Bien que son bord extérieur soit encore visible, il a été en grande partie rempli du même matériau lisse qui constitue les plaines environnantes. Des cratères d’impact plus petits et plus récents parsèment le cratère par ailleurs lisse.
Le bassin Caloris de 1 500 km de diamètre, apparaît dans la partie inférieure gauche du globe. Il s’agit de la plus grande structure d’impact bien préservée de Mercure et de l’une des plus grandes du Système Solaire. L’impact qui l’a créé a laissé des cicatrices à la surface de Mercure jusqu’à des milliers de kilomètres.
Des creux profonds pointent vers l’extérieur à partir du bord du bassin, peut-être formés par des débris à grande vitesse provenant de l’impact de Caloris qui affouillent la surface. Certains d’entre eux abritent une lave relativement brillante, qui ressemble à la fois à la lave du fond du bassin de Caloris et à la lave de Borealis Planitia plus au nord. Mais dans quel sens la lave s’est-elle écoulée : dans le bassin, ou vers l’extérieur ? C’est l’un des nombreux mystères de Mercure que BepiColombo espère résoudre.
La caméra de surveillance 2 (M-CAM 2) a pris cette photo à 07h17 CET, alors que la sonde se trouvait à environ 2 103 km de la surface de la planète.
La tache brillante près du bord supérieur de la planète sur cette image est Nathair Facula, créée à la suite de la plus grande explosion volcanique sur Mercure. En son centre se trouve un évent volcanique d’environ 40 km de diamètre qui a été le site d’au moins trois éruptions majeures. Le dépôt volcanique explosif mesure au moins 300 km de diamètre. Nathair Facula est une cible majeure pour plusieurs instruments BepiColombo, qui mesureront la composition du matériau en éruption. Cela nous apprendra de quoi est fait Mercure et comment la planète s’est formée.
Le cratère Fonteyn, relativement jeune, qui a formé une « mer » il y a 300 millions d’années, est également visible. Sa jeunesse ressort clairement de la luminosité des débris d’impact qui en jaillissent. Les matériaux plus anciens à la surface de Mercure sont devenus beaucoup plus foncés à cause des intempéries à mesure qu’ils vieillissaient.
Rustaveli, vu à peu près au centre de Mercure sur cette image, mesure environ 200 km de diamètre. À l’intérieur se trouve un anneau de sommets, ce qui en fait ce qu’on appelle un bassin annulaire de pointe. Ces pics dépassent à peine les matériaux lisses du sol de Rustaveli, ce qui suggère que le cratère a été inondé de lave.
La sonde Messenger de la NASA a détecté un signal magnétique provenant de Rustaveli. Lorsque des roches en fusion telles que la lave ou la fonte par impact se solidifient, les porteurs magnétiques à l’intérieur s’alignent avec la direction du champ magnétique de la planète. Comme le champ magnétique planétaire change naturellement avec le temps, finalement le champ magnétique « bloqué » dans la croûte de la planète n’est plus en accord avec le champ magnétique planétaire, quelque chose qui peut être détecté depuis l’espace. Les deux instruments magnétomètres de BepiColombo approfondiront cette question.
Mise sur orbite en 2026
BepiColombo reviendra vers Mercure fin 2026. Les 2 orbiteurs européens et japonais MPO et MMO se sépareront du module de transfert MTM pour se mettre en orbite autour de Mercure.
Source : ESA
Images de couverture : photo non annotée.