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Les Hoppers : les nouveaux astronautes Européens classe 2022

Ce 21 avril, la nouvelle classe 2022 d’astronautes de l’Agence Européenne est officiellement diplômée. Sophie Adenot, Pablo Álvarez Fernández, Rosemary Coogan, Raphaël Liégeois et Marco Sieber ont achevé avec succès leur formation de base et sont désormais éligibles à des missions spatiales.

Les 6 nouveaux diplômés de la classe 2022 des astronautes de l’ESA (crédit Daniel Chrétien)

Les 5 candidats astronautes sélectionnés en 2022 avaient entamés en avril 2023 leur formation de base : cours théoriques sur les systèmes spatiaux (ingénierie de vol, systèmes de support vie, robotique, …) , entraînements initiaux aux sorties spatiales, stage de survie, formation médicale, expériences d’exploitation en faible gravité lors de vols paraboliques, langues étrangères, centrifugeuse, …

Pablo Álvarez Fernández, Sophie Adenot, Rosemary Coogan, Raphaël Liégeois et Marco Sieber célèbrent leurs diplômes (crédit ESA)

Sophie Adenot devient la première femme astronaute française, plus de 20 ans après Claudie Haigneré.

Les 2 astronautes français actuellement en activité : Sophie Adenot et Thomas Pesquet (crédit Daniel Chrétien)

Après les Shenigans, voici les Hoppers

Les astronautes de la classe 2009 au moment de leur diplôme : Tim Peak, Andreas Mogensen, Alexander Gerst, Luca Parmitano, Samantha Cristoforetti, Thomas Pesquet (de gauche à droit en commençant par le haut) (crédit ESA)
La nouvelle Classe 2022 d’astronautes de l’ESA (de haut en bas, de gauche à droite) : Pablo Álvarez Fernández, Sophie Adenot, Marco Sieber, Rosemary Coogan et Raphaël Liégeois (crédit ESA – P. Sebirot)

Les astronautes de la classe 2009, les “Shenigans“, ont baptisé leurs successeurs les “Hoppers” (Sautilleurs).

Le nom ‘Hoppers’ fait référence à l’ambition des nouveaux astronautes de sauter en faible gravité, en commençant par des missions vers la Station Spatiale Internationale et en s’aventurant finalement à explorer la Lune. Le visuel, créé par la graphiste de l’ESA Karen Lochtenberg, a la forme d’un ballon sauteur familier à beaucoup depuis leur enfance, souvent lié à l’image d’un extraterrestre ludique. Les cinq astronautes de l’ESA ainsi que l’astronaute de l’Agence Spatiale Australienne sont représentés rebondissant sur leur propre ballon sauteur de la couleur de leur drapeau national respectif. Pendant l’entraînement, on dit que les nouveaux arrivants improvisaient souvent leur propre ensemble de règles. De même, ils rebondissent désormais à travers le patch avec de l’énergie, traversant librement ses frontières. Parmi eux, le ballon australien suit son propre chemin, se retournant. Les 12 étoiles blanches sur le patch représentent les 12 membres de la réserve d’astronautes qui font également partie de la classe d’astronautes de l’ESA de 2022, prêts à se lancer dans une formation de base lorsqu’une future opportunité de vol se présentera. La forme de fond représente les sept fenêtres de la Cupola, de construction européenne, de l’ISS, offrant un aperçu de la prochaine destination de nos nouveaux astronautes. De plus, il établit un lien entre la nouvelle classe et ses prédécesseurs, les Shenanigans de la classe ESA de 2009, dont l’écusson de classe présente également l’emblématique Cupola en arrière-plan (crédit ESA–K. Lochtenberg)

Une année de cours théorique et de pratique

Les astronautes candidats se sont entraînés principalement au Centre Européen des Astronautes à Cogne (Allemagne) pendant cette année de formation de base, mais également à la NASA. Compte tenu du contexte géopolitique actuel, ils n’ont pas participé à des entraînements à la Cité des Etoiles, centre d’entraînement côté russe, comem leurs prédécesseurs.

Ils ont reçus des cours d’astronomie, d’astrophysique et de météorologie pour enrichir davantage leur compréhension des phénomènes célestes et de l’observation de la Terre, essentiels pour naviguer dans les missions spatiales et comprendre les conditions météorologiques ayant un impact sur les lancements et les atterrissages des engins spatiaux.

Pablo Álvarez Fernández : La formation de base des astronautes a été un voyage extraordinaire en matière de croissance personnelle. Je suis profondément reconnaissant des leçons inestimables que j’ai apprises auprès des meilleurs de ce milieu et je suis ravi de jouer un rôle dans la construction de l’avenir de l’exploration de l’espace. En tant qu’astronaute de l’ESA représentant l’Espagne, je suis honoré de rejoindre une lignée de pionniers comme Pedro Duque. Cette opportunité me remplit d’une immense fierté, et je suis ravi de porter notre passion commune pour l’espace à des sommets sans précédent.

Pablo Álvarez Fernández, candidat astronaute de l’ESA, lors d’un cours de formation de base sur l’observation de la Terre (crédit ESA)

Le premier élément constitutif de la formation en robotique de la Station spatiale internationale de l’ESA s’appelle la formation GRAVI-T. Au cours de cette séance, les astronautes candidats se plongent dans l’entraînement robotique générique, en se concentrant sur l’apprentissage de la manipulation du bras robotique Canadarm2.

Raphaël Liégeois, lors d’une séance de robotique dans le cadre de sa formation de base d’astronaute au Centre des astronautes européens de l’ESA, près de Cologne, en Allemagne (crédit ESA)

Raphaël Liégeois : La formation de base des astronautes a été une expérience intense, qui a mis en évidence l’importance du travail d’équipe et de l’apprentissage continu. Je suis prêt à mettre ces leçons en pratique alors que j’entame la prochaine phase de mon voyage. Je suis impatient de contribuer à la découverte et au progrès scientifique, inspiré par le dévouement inébranlable de la Belgique à l’exploration de nouvelles frontières.

Au cours de cette formation de base, les candidats astronautes ont suivi une formation en plongée sous-marine puis de sortie dans l’espace dans le NBF du Centre des astronautes européens de l’ESA. Sous l’eau, les astronautes apprennent à s’aventurer à l’extérieur d’un vaisseau spatial tout en portant des combinaisons spatiales, à effectuer des réparations critiques et à installer de nouveaux équipements sur la Station spatiale internationale. Le programme de formation de base impliquait également une visite des installations de la NASA au Johnson Space Center (JSC) à Houston, Texas, États-Unis, et une plongée sous-marine pour une formation à la sortie dans l’espace sous l’eau au Neutral Buoyancy Laboratory (NBL) de la NASA.

Les membres de la classe des astronautes de l’ESA de 2022 ont visité les installations de la NASA au Johnson Space Center (JSC) à Houston, au Texas, aux États-Unis, pour se familiariser avec l’environnement dans lequel ils passeront une partie importante de leur formation une fois affectés à une mission. Pendant leur séjour au JSC de la NASA, les candidats astronautes ont eu l’occasion d’explorer le laboratoire de flottabilité neutre (NBL) de 12 mètres de profondeur. Cette installation héberge une réplique de l’ensemble de la Station spatiale, où les astronautes peuvent effectuer des simulations sous-marines de sorties dans l’espace à l’aide de la combinaison spatiale américaine, connue sous le nom d’unité de mobilité extra-véhiculaire (EMU). 
Dans le cadre de leur visite, alors qu’ils faisaient eux-mêmes de la plongée sous-marine, le groupe a observé une plongée en combinaison spatiale, leur offrant une compréhension plus complète du processus et une expérience directe de la simulation (crédit ESA)

Sophie Adenot : Je rêve de devenir astronaute depuis que je suis toute petite. La fin de cet entraînement de base n’est qu’une étape de ce chemin passionnant qui nous prépare aux rigueurs de l’exploration spatiale. Je suis honorée d’apporter mon expérience et mon enthousiasme à cette équipe. Car c’est bien en équipe que l’on arrive à repousser les limites des capacités humaines dans l’espace.

Sophie Adenot lors d’une formation de pré-familiarisation aux sorties spatiales (EVA) dans l’installation de flottabilité neutre NBF (Neutral Buoyancy Facility) de l’ESA (crédit ESA)

Les nouveaux astronautes de l’ESA seront affectés à partir de 2025 à des missions spatiales à bord de la Station Spatiale Internationale, avant peut-être des missions lunaires Artemis, autour et sur la Lune.

Rosemary Coogan tient la caméra lunaire universelle portable lors d’une réunion d’imagerie avec la NASA aux Pays-Bas. (crédit ESA)

Rosemary Coogan : L’obtention du diplôme d’entraînement de base des astronautes est un moment incroyablement émouvant pour moi. Après avoir rêvé de l’espace, je suis maintenant à deux doigts de l’atteindre. Je suis pleine de gratitude et déterminée à tirer le meilleur parti de cette extraordinaire opportunité. Je suis fière de partager ce moment avec mes collègues astronautes diplômés et de l’engagement de notre équipe internationale en faveur de l’exploration. Ensemble, nous sommes prêts à relever les défis et à saisir les opportunités qui nous attendent, unis par notre passion commune pour l’espace.

Au cours de la formation de base des astronautes, les candidats suivent une formation à la survie aquatique et hivernale pour se préparer à toute éventualité, y compris la possibilité qu’un vaisseau atterrisse dans des endroits éloignés ou inattendus, comme la mer.

La formation d’un an offre une familiarisation et une formation globales dans divers domaines, tels que les systèmes d’engins spatiaux, la sortie dans l’espace, l’ingénierie de vol, la robotique et les systèmes de survie. Ils suivent une formation de survie et médicale avant de recevoir la certification d’astronaute de l’ESA au printemps de cette année.

Sophie Adenot, Rosemary Coogan, Pablo Álvarez Fernández, Raphaël Liégeois, Marco Sieber, le membre de la réserve de l’ESA John McFall, aux côtés de Katherine Bennell-Pegg de l’Agence spatiale australienne lors d’un stage de survie en mer (crédit ESA)

Marco Sieber : Alors que je me trouve à l’aube d’un nouveau chapitre de ma vie, les défis et les succès de la formation de base des astronautes m’inspirent beaucoup d’humilité. Je suis prêt à participer à l’effort collectif d’exploration de notre univers au profit de la vie sur Terre et des générations futures, ainsi qu’à contribuer à la participation de la Suisse à l’émergence, à la consolidation et à l’expansion de la coopération spatiale européenne.

L’Australienne Catherine Bennell-Pegg diplômée aussi

Les 5 candidats astronautes ont été rejoints en cours de formation par Catherine Bennell-Pegg de l’Agence spatiale australienne, qui a reçu son diplôme également. Elle pourrait devenir la première Australienne à voler sous le drapeau australien, après les astronautes Paul Scully-Power (1984), Andy Thomas (1996,1998, 2001,2005), Chris Boshuizen (vol suborbital 2021) nés en Australie mais ayant volé sous la bannière américaine.

Catherine est diplômée d’un Bachelor of Engineering (Honours) – Aeronautical Engineering (Space) et d’un Bachelor of Science (Advanced) – Physics de l’Université de Sydney. Entre 2014 et 2019, elle a vécu en Europe et a travaillé pour AIRBUS DS en Allemagne, en tant que chef de projet, ingénieur système principal et responsable d’opérations. En 2019, elle rejoint l’Agence Spatiale Australienne en tant que directrice adjointe du Chief Technology Office. Elle a occupe ce poste pendant trois ans avant de devenir directrice des technologies spatiales de l’Agence. En tant que double citoyenne britannique, elle était éligible pour postuler à la sélection des astronautes de l’ESA en 2022. Elle était l’une des 25 personnes à réussir toutes les étapes de sélection.

Catherine Bennell-Pegg : Lorsque, enfant, je rêvais de devenir astronaute, je n’aurais jamais cru possible de le faire en représentant l’Australie. Nous avons aujourd’hui une Agence spatiale australienne et un secteur spatial en pleine croissance qui peuvent vraiment bénéficier des connaissances et de l’expérience que j’ai acquises pendant ma formation à l’ESA. Je suis incroyablement déterminée à tirer le meilleur parti de l’année écoulée, et de tout ce qui suivra, pour créer de nouvelles opportunités pour l’industrie australienne, et pour répondre aux aspirations de tous ceux qui sont restés au pays. Le partenariat avec l’ESA a été une remarquable occasion non seulement de contribuer à nos objectifs communs, mais aussi de favoriser la collaboration à l’échelle mondiale, essentielle pour l’avenir de l’exploration spatiale.

Katherine Bennell-Pegg lors d’un cours de physique des radiations dans le cadre de sa formation de base d’astronaute.
Les candidats ont examiné les capteurs de rayonnement placés à Helga et Zohar qui avaient été placés dans la mission Artemis 1 dans le cadre de l’expérience MARE et ont appris les radiations et les voyages dans l’espace. Cette photo montre Katherine retirant un capteur de rayonnement de la zone du cou d’Helga. Le capteur est ensuite placé dans un dispositif d’évaluation et mesuré (crédit ESA/DLR)

Sources principale et citations : ESA

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