La Station Spatiale Internationale a 20 ans !
Le 20 novembre 1998 marque le début de la construction de la Station Spatiale Internationale, avec le décollage du premier module, Zarya, à bord d’une fusée Proton.
Neuf minutes plus tard, Zarya était en orbite et a commencé à déployer ses antennes et ses panneaux solaires et devenait le premier élément du plus grand objet fabriqué par l’Homme à ce jour.
Le 4 décembre 1988, lors de la mission STS-88, la Navette Spatiale Endeavour transportant le Node 1 « Unity » (module de connexion à 6 ports d’amarrage) décolle, apportant ainsi le premier élément américain. Deux jours après le lancement, Endeavour et son équipage de six personnes effectue un rendez-vous avec le module Zarya. Le bras robotique de la Navette capture le module russe et l’assemble avec Unity pour la première fois (l’assemblage n’a jamais été réalisé sur Terre). C’est la première étape du montage de l’ISS, qui s’est poursuivi ensuite pendant 13 ans.
Courte histoire de l’ISS
Très tôt la NASA, notamment le célèbre Wernher von Braun, avait le projet d’une Station Spatiale. Mais la priorité avait été donnée dans les années 60 au missions d’atterrissage sur la Lune, puis à la Navette Spatiale (Shuttle). La première station spatiale américaine fut Skylab (1973-1979), mais basée sur le recyclage du matériel non utilisé du programme Apollo annulé prématurément. De leur côté, les Soviétiques ont lancé diverses stations spatiales tout au long des années 1970, dont le point culminant fut la station Mir dans les années 1980.
En 1984, le président américain Ronald Reagan approuve le programme de la station spatiale Freedom [Liberté] pour un budget de 8 milliards de dollars. Mais le design continuait de changer sans cesse et les coûts augmentaient considérablement. En 1993, le président Bill Clinton autorise le maintien du projet à la condition que le budget annuel ne dépasse pas 2,1 milliards de dollars. Le projet devient ISS Alpha avec le lancement du premier élément planifié en 1997 et un assemblage complet prévu pour 2002.
En 1991, l’effondrement de L’Union Soviétique change le monde politique et aussi celui du spatial. En 1993, il est annoncé que la Russie devient un des partenaires à part entière dans le projet ISS afin de conserver notamment le savoir et l’ingénierie russe dans le domaine spatial. Mais ce ne fut pas facile de faire cohabiter des technologies différentes et des cultures différentes. Par exemple, il a fallu ajuster l’orbite de la Station pour permettre aux fusées russes de capacité inférieure aux Navettes de livrer des modules de l’ISS.
En raison de ces différences, l’ISS est séparée en deux segments, l’un russe, l’autre le United States On-orbit Segment (USOS) qui accueille aussi les modules des partenaires non russes comme ceux de l’Agence Spatiale Européenne (ESA) ou de la Japan Aerospace Exploration Agency (JAXA) et les systèmes robotiques canadiens exploités conjointement entre la NASA et l’Agence spatiale canadienne (ASC/CSA).
La séquence de montage de l’ISS a été effectuée en trois phases.
La première phase était celle de l’apprentissage de la coopération. C’est pourquoi des astronautes américains ont séjourné dans la station Mir, tandis que des cosmonautes russes volèrent à bord des Navettes Spatiales pendant cette phase. Ainsi sept astronautes américains sont restés à bord de Mir de 1995 à 1998 pour une période cumulée de plus de 30 mois. Sergei Krikaliev devient le premier Russe à bord d’une Shuttle en février 1994 pour la mission STS-60 de Discovery (18e vol de cette navette).
Durant la deuxième phase, l’ISS a été construite avec un ensemble minimal de composants pour qu’elle soit un avant-poste scientifique autonome. Les Russes ont ainsi fourni les deux premiers modules, apportant ainsi le support vie aux astro/cosmonautes (fourniture de l’oxygène et de l’eau principalement, et des quartiers d’habitation), la puissance électrique (panneaux solaires), la propulsion pour éviter à la Station de retomber sur Terre, et le contrôle de l’attitude (garder l’engin spatial dans le bon « sens »). Cette phase s’est terminée par l’ajout du sas américain pour avoir un accès supplémentaire au sas russe pour les sorties dans l’espace, essentielles pour la suite de la construction de la Station.
Durant la 3e phase, l’ISS a été complétée par trois modules scientifiques : le laboratoire américain Destiny, le module européen Columbus et le module japonais Kibo.
Pendant la phase de montage, certaines des missions étaient purement logistiques, apportant du matériel, des fournitures pour l’équipage (par exemple, nourriture et eau) ou des charges utiles de recherche.
En résumé, l’ISS a été construite grâce à 31 missions, avec de nombreux aléas comme les retards ou annulations de vols de Navettes (suite à l’accident de Columbia), et de Soyouz, et l’arrêt du programme du Shuttle en 2011 [détails de la Chronologie d’assemblage de la Station spatiale internationale]. Un dernier module russe « Nauka » est attendu depuis des années.
La fin de l’exploitation de l’ISS est prévue à ce jour en 2024. Ensuite ? Plusieurs scénarii sont possibles : désorbitation du segment américain et le segment russe restant en orbite ? Passage au secteur privé d’une partie de la Station ? A suivre…
Un équipage international
Au départ, les équipages de l’ISS étaient composés de trois personnes. Puis avec l’extension de la « surface habitable », l’équipage standard est passé à 6 personnes à partir de mai 2009.
Le premier équipage de 6 personnes était composé des astronautes de la NASA, de la CSA, de l’ESA, de la JAXA, et de la Russie, Ce fut la première et seule fois que tous les partenaires internationaux étaient représentés dans l’ISS en même temps.
L’équipage Expedition 20 : les russes Gennady Padalka et Roman Romanenko, l’américain Michael Barratt, le japonais Koichi Wakata, l’européen Frank De Winne et le canadien Robert Thirsk.
L’ISS est occupé de manière continue depuis le 2 novembre 2000. A ce jour, 230 personnes ont séjourné au moins une fois à bord de l’ISS, provenant de 18 pays différents (liste)
La Station Spatiale Internationale complète en photos
Lors de son départ de l’ISS en octobre dernier, l’équipage du Soyouz MS-08, Oleg Artemyev, Andrew Feustel et Richard Arnold, a réalisé de magnifiques photos de la Station (crédit Roscomos) :
Article en retard par rapport à la date anniversaire mais mieux vaut tard que jamais, non ?
Le 1er équipage de l’ISS (MKC en russe) devait être constitué de G. I. Padalka et N. M. Budarin (pas d’Américain ?) avec pour doublures V. G. Korzun et S. Ye. Treshchyov à bord de Soyouz TM-31 ou 32. Ce devait être la mission ISS-1R qui fut annulée comme plusieurs autres.
NB : STS-107 / Columbia F-28 (and last) était une mission indépendante de l’ISS. Ce fut la mission Spacehab-DM. Il fallait donc lire : « suite à l’accident de Columbia ».
Quatre missions de navettes US (et 4 expéditions par la même occasion) furent annulées suite à la catastrophe de Columbia le 1er février 2003.
Les trois membres des expéditions de longue durée n° 7, 8, 9 et 10 auraient dû être les suivants (je ne connais pas les autres membres d’équipage des navettes) :
– ISS-7 : Yuriy I. Malenchenko – Aleksandr Yu. Kaleri – Edward T. Lu.
– backup crew : Sergey K. Krikalyov – Sergey A. Volkov – John L. Phillips (remplaçant Paul W. Richards).
– ISS-8 : C. Michael Foale – Valeriy I. Tokarev – William S. McArthur, Jr.
– backup crew : Leroy Chiao – Mikhaïl B. Korniyenko – Charles J. Camarda.
– ISS-9 : Gennadiy I. Padalka – Oleg D. Kononenko (qui devrait partir tout à l’heure à bord de Soyouz MS-11…) – E. Michael Fincke.
– backup crew : x (Russe) – Roman Yu. Romanenko – Daniel M. Tani.
– ISS-10 : Leroy Chiao – Salizhan Sh. Sharipov – John L. Phillips.
– backup crew : Jeffrey N. Williams – Konstantin M. Kozeyev – Sunita L. Williams (deux « Williams »…).
NB : parmi les drapeaux figurant en bas de cette photo, on remarque ceux de la Suisse et de la Norvège.
Le premier (et seul) astronaute suisse, Claude Nicollier a effectué 4 vols spatiaux mais aucun à bord de l’ISS.
Jusqu’à présent il n’y a eu aucun astronaute norvégien et il n’y en a pas dans le dernier groupe de l’ESA.
NB : pour rigoler un peu par les temps qui courent…
– ne pas confondre avec « Vieux motard que j’aimais » ;
– je préfère « la motarde de Dijon ».
Vous avez changé de présentation !