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Kathryn Sullivan : La première femme américaine à marcher dans l’espace

Le 11 octobre 1984, Kathryn Sullivan effectue la première sortie spatiale pour une Américaine. Cette EVA (Extra Vehicular Activity) a eu lieu environ 3 mois après celle de la cosmonaute soviétique Svetlana Savitskaya.

La sortie spatiale durera 3 heures et 29 minutes pour notamment simuler le ravitaillement d’un satellite en orbite. Kathryn était accompagnée de l’astronaute David C. Leetsma, autre membre de l’équipage de l’équipage de la mission STS-41-G à bord de la navette spatiale Challenger.

David Leestma (à gauche, scaphandre avec des rayures rouges) et Kathy Sullivan lors de leur EVA le 11/10/1984 (crédit NASA).

La mission STS-41-G était remarquable à plusieurs égards : c’était la première fois qu’un vaisseau emportait un équipage de sept personnes, l’équipage comprenait deux femmes, Kathryn Sullivan et Sally Ride (qui effectuait son deuxième vol spatial), et Marc Garneau devenant le premier Canadien dans l’espace.

L’équipage affecté à la mission STS-41 G comprenait (assis de gauche à droite) Jon A. McBride (pilote), les spécialistes de mission Sally K. Ride, Kathryn D. Sullivan et David C. Leestma. Debout à l’arrière, de gauche à droite, se trouvent le spécialiste de la charge utile Paul D. Scully-Power, le commandant de mission Robert Crippen et le spécialiste de la charge utile Marc Garneau (crédit NASA).

Kathryn a été sélectionnée en 1978 dans le Groupe 8 de la NASA, le premier à y inclure des femmes [article dédié] alors qu’elle était encore en thèse. Elle devient la 3e Américaine à voler dans l’espace après Sally Ride et Judith Resnik.

Sullivan possède un doctorat en géologie de l’Université Dalhousie au Canada. Sa formation scientifique a joué un rôle important dans ses missions spatiales, notamment dans l’étude de l’atmosphère terrestre et l’utilisation d’instruments scientifiques en orbite.

Sally K. Ride (à droite) et Kathryn D. Sullivan, deux des trois spécialistes de mission, synchronisent leurs montres avant d’entrer dans la navette spatiale Challenger sur le pas de tir du Centre spatial Kennedy le 5 octobre 1984 (crédit NASA).

Face au sexisme spatial

Les sorties dans l’espace peuvent être physiquement exigeantes et certains supposaient à l’époque que les femmes n’en avaient peut-être pas la force. Lors d’une conférence de presse avant le vol, des journalistes ont demandé au commandant Robert L. Crippen, “Pensez-vous que Kathy peut faire ça ?” Assise juste à côté, Kathryn Sullivan a rappelé aux journalistes qu’elle pouvait parler pour elle-même “Bonjour, je suis juste là ! Bonjour. Bonjour.

Pour atténuer la possibilité de développer un syndrome de décompression, tous les astronautes avant une EVA doivent respirer de l’oxygène pur pour éliminer l’azote de leur circulation sanguine. À l’époque, selon des chercheurs biomédicaux du Johnson Space Center de la NASA, les femmes seraient davantage susceptibles que leurs homologues masculins de développer des soucis lors de la décompression dans le scaphandre, et ils pensaient qu’il fallait adapter cette phase de préconditionnement pour les femmes. Au final, Kathryn Sullivan a démontré que la recherche était faussée et que cette adaptation n’était pas nécessaire.

Le scaphandre de sortie spatiale EMU (Extravehicular Mobility Unit) n’était pas du tout adapté : Le coude de la combinaison ne s’alignait pas sur le sien, alors lorsqu’elle pliait le bras, elle devait utiliser une force supplémentaire. La partie inférieure de la combinaison a été mal alignée, ce qui rendait difficile la flexion de son genou. Mais Kathryn décida de faire sans ajustement pour éviter la controverse, même si les techniciens savaient que l’EMU n’était pas tout à fait à sa taille.

Plus tard, lorsqu’elle a été affecté à la mission STS-45, l’un des techniciens a remarqué à quel point la combinaison s’adaptait mal. “Nous devrions faire quelque chose à ce sujet ». Katy Sullivan a répondu : “Nous pouvons commencer cette conversation maintenant, car si vous pensez que j’allais en faire la conversation sur la première EVA, vous êtes fous.”

Katy Sullivan à l’entraînement avec l’EMU avant une simulation en piscine au Johnson Space Center le 14/05/1984 (crédit NASA)

Bien que Kathryn Sullivan ait été sélectionné 2 ans avant David Leetsma, c’est lui qui a été nommé comme leader de la sortie spatiale.

La mission STS-41 G a été lancée le 5 octobre 1984. Une fois en orbite, le plan de vol a changé rapidement. Un problème avec une antenne en bande Ku défectueuse signifiait que l’EVA devait être repoussée à la veille de la rentrée. Sullivan craignait que l’EVA ne soit annulée, mais lorsqu’ils ont finalement commencé le protocole de pré-respiration, elle s’est détendue. Kathryn Sullivan a d’ailleurs déclaré postérieurement “Challenger, Houston : Vous êtes GO pour EVA étaient les mots les plus doux que j’aie jamais entendus.” Lors de la sortie spatiale, Leestma a démontré qu’il était possible de ravitailler les satellites en orbite, tandis que Sullivan surveillait son travail. Lorsqu’il a terminé sa tâche, Sullivan a finalement eu l’opportunité de “faire quelque chose, pas seulement de regarder des choses.” Elle a rangé l’antenne défectueuse et avant qu’ils ne retournent à l’intérieur de la navette, ils ont filmé une scène pour un film IMAX, The Dream is Alive, où les deux astronautes à l’extérieur font signe à l’équipage à l’intérieur.

Kathryn Sullivan a écrit dans ses mémoires : “Ma première aventure de sortie dans l’espace était trop tôt« .

Kathryn Sullivan et Sally Ride dans la Navette Chaleenger lors du vol STS-41-G (crédit NASA)

Au total, Kathryn Sullivan effectua 3 missions en Navette Spatiale (STS-41-G en 1984, STS-31 en 1990, et STS-45 en 1992) pour une durée cumulée dans l’espace de 22 jours. En cas de besoin, elle aurait pu faire une seconde sortie spatiale lors de la mission STS-31 mais le déploiement sur orbite du télescope spatiale Hubble s’étant passé nominalement, il n’y a pas eu besoin d’EVA.

Kathy Sullivan et un EMU pendant la mission STS-31 le 25/04/1990 (crédit NASA)

Après avoir quitté la NASA en 1993, Sullivan a occupé plusieurs postes importants : Scientifique en chef à la NOAA où elle a supervisé des initiatives de recherche liées au changement climatique et à la biodiversité marine, présidente-directrice générale de COSI Columbus, un musée scientifique dans l’Ohio, puis sous-secrétaire au Commerce pour les océans et l’atmosphère, nommée par le président Obama.

Kathryn Sullivan est également la première femme, et la 8e personne, à atteindre les abysses en juin 2020, à 68 ans. Grâce à un submersible spécialement conçu, elle a atteint, avec Victor Vescovo, le point le plus profond de la fosse des Mariannes, le Challenger Deep à 10 900 mètres au fond de l’Océan Pacifique.

Kathryn Sullivan est la seule exploratrice à ce jour à avoir été à la fois dans l’espace et dans les profondeurs abyssales.

L’ancienne astronaute Kathryn Sullivan et l’explorateur Victor Vescovo, à bord du submersible « Limiting Factor », au fond de Challenger Deep, le dimanche 7 juin 2020 (crédits : Kathy Sullivan)

Source principale : NASA History

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2 réflexions sur “Kathryn Sullivan : La première femme américaine à marcher dans l’espace

  • Eric Tronche

    Je pense que les femmes sont des hommes comme les autres, ou plutôt que les hommes sont des femmes comme les autres … plus sérieusement, ce que je veux dire, c’est que j’espère qu’un jour, le sexisme aura disparu. Peut-être lorsque dans l’espace nous aurons eu des hommes, des femmes, des blancs, des noirs, des chauves, des jumeaux etc … lorsque tous les « types » d’humains auront été passés en revue, nous arrêterons de comptabiliser ! Pour Artemis, je pense que la première personne sur la Lune sera une femme afro-américaine, sauf si un asiatique nous brûle la priorité ! Bel article Isabelle, merci !

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  • Michel Clarisse

    A noter que Jon A. McBride est décédé le 7 août 2024 et que Victor L. Vescovo a effectué un vol suborbital le 4 juin 2022 ; c’était la mission New Shepard NS-21.

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