Fuite sur le Soyouz MS-22 amarré à la Station Spatiale Internationale
Sur la Station Spatiale Internationale, alors que les cosmonautes Sergey Prokopyev et Dmitry Petelin se préparaient à une sortie spatiale, une alarme a retenti dans la nuit du 14 au 15 décembre, sur le système de diagnostic du vaisseau Soyouz MS-22 amarré à la Station Spatiale Internationale, indiquant une chute de pression dans le système de refroidissement.
La sortie dans l’espace a été annulée et les investigations sur l’anomalie commençaient alors que les images depuis des caméras à l’extérieur de l’ISS montraient un liquide s’échappant du vaisseau.
Rapidement, Anna Kikina prend les commandes du bras robotique européen ERA installé sur le module Nauka afin d’inspecter le vaisseau et de mieux cerner la fuite à l’aide des caméras installées sur le bras.
La fuite de liquide est identifiée assez vite dans le système de régulation thermique (SOTR) du vaisseau.
Au bout de quelques heures, il n’y a plus de liquide s’échappant du Soyouz, sans doute par manque de liquide.
Le 16 décembre, un certain nombre de tests des systèmes du Soyouz MS-22 ont été effectués, y compris sur les moteurs. Ils ont montré qu’il n’y a pas d’autres dysfonctionnements. D’autres tests sont encore prévus.
Dimanche 18 décembre, des inspections complémentaires ont été réalisées à l’aide du bras robotique Canadarm-2. Pour cette utilisation pour les investigations, la NASA a reporté la sortie spatiale prévue le 19 décembre avec les astronautes Josh Cassada et Frank Rubio qui doivent installer de nouveaux panneaux solaires sur l’ISS. La nouvelle date de l’EVA est au mercredi 21 décembre.
Selon des informations préliminaires fournies par Roscosmos, l’emplacement exact de la fuite a été établi à l’aide des photos et vidéos envoyées par l’équipage de l’ISS et le Canadarm : la brèche ferait environ 0,8 mm et aurait pu être causée par un micrométéoroïde ou un débris spatial qui aurait frappé dans le radiateur de refroidissement externe situé sur le module de service du vaisseau spatial Soyouz MS-22.
En raison des tests effectués des systèmes du vaisseau, la température dans les modules orbitaux et de descente dans les premiers jours après l’incident a atteint +30°C, et dans le module de service +40°C, mais ces derniers jours, la température dans tout le Soyouz s’est stabilisée à environ +30°C, ce qui semble tout à fait acceptable.
Depuis le début de la fuite, l’équipage de l’ISS n’a jamais été mis en danger. Il n’est actuellement pas nécessaire d’évacuer d’urgence la Station.
Selon les informations de Nicolas Pillet du blog spécialisé Kosmonavtika, le système de régulation thermique SOTR a une partie passive, la couche de protection thermique (calorifuge) qui enveloppe le vaisseau et permet de protéger la majeure partie du temps le vaisseau de la chaleur solaire lorsqu’il est amarré à l’ISS, et une partie active avec 4 boucles, pour les phases plus dynamiques du vol (montée vers la Station et retour vers la Terre).
Il n’y a pas de redondance sur ce système de régulation thermique (SOTR) et chaque boucle sert à refroidir des équipements différents. En fonction de l’emplacement de la fuite sur le circuit, soit les 4 boucles sont affectées, soit une ou plusieurs restent fonctionnelles.
Il semblerait que la fuite soit localisée sur le radiateur NKhR de la boucle « en vert ».
Le Soyouz MS-22 est arrivé à l’ISS le 21 septembre 2022 avec les astronautes Sergey Prokopyev et Dmitri Petelin de Roscosmos et Frank Rubio de la NASA à son bord.
Deux groupes de travail ont été formés pour trouver la cause de l’incident, analyser l’état technique du vaisseau et élaborer des recommandations pour de nouvelles actions pour les spécialistes du sol et les cosmonautes.
D’ici la fin décembre (le 27 selon certaines sources), les groupes de travail feront leurs conclusions et une décision sur l’avenir du Soyouz MS-22 sera prise. Il y a 2 options : faire atterrir l’équipage avec ce vaisseau comme prévu en mars 2023, ou envoyer le vaisseau Soyouz MS-23 « à vide » en mode automatique pour remplacer le Soyouz MS-22 pour le retour sur Terre de l’équipage.
Le vaisseau Soyouz MS-23 est actuellement sur la base de lancement à Baïkonour et a déjà passé une partie des tests avant son décollage prévu normalement en mars pour la relève de l’équipage actuel. Il n’y a pas d’autres vaisseaux russes disponibles à ce jour. Le décollage « prioritaire » du Soyouz MS-23 pourrait avoir lieu au plus tôt le 19 février selon certaines sources.
NB : si jamais Soyouz MS-23 est lancé à vide, cela rappellera ce qui s’est passé avec Soyouz-34 lancé à vide le 6 juin 1979 suite à l’échec de l’amarrage de Soyouz-33 avec Saliout-6 le 11 avril 1979.