Rêves d'Espace

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Actualités spatiales du 4 au 10 mars : le 300ème lancement Long March

Du 300ème tir Long March au premier tir suborbital européen de 2019, la semaine dernière était encore bien chargée en actualités.

 

Yutu-2 : premières études de roches

Le rover chinois de la mission Chang’e 4 termine le 13 mars sa troisième journée sur la face cachée de la Lune. Dernières nouvelles ici : Yutu-2 jour 3

Yutu-2 finds some rocks
Les premières roches analysées par Yutu-2 (crédit CNSA)

 

Le 300ème tir Long March

Samedi 9 mars à 17h28 heure de Paris (dimanche à 0h28 heure locale), une Long March 3B a décollé avec un satellite de communication, du Xichang Satellite Launch Center. Selon les sources officielles, le vol s’est bien déroulé. C’était un lancement particulier pour la Chine, car il s’agissait du 300ème lancement d’une fusée Long March, toutes gammes confondues.

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Décollage de la LM-3B et de ChinaSat-6C (crédit Weibo / CNSA)

Le passager était le satellite de télécommunications ChinaSat-6C. Le satellite a été placé en orbite géostationnaire, au dessus de l’Asie du sud-est, pour couvrir la Chine, l’Australie, la Nouvelle Zélande et les îles du Pacifique sud. ChinaSat-6C a été développé par la CASC (China Aerospace Science and technology Corporation) pour l’opérateur télécom China Satcom. Le satellite devrait pouvoir fonctionner pour au moins 15 ans. Pour assurer un signal de qualité, ChinaSat-6C dispose de 25 transpondeurs en bande C.

La LM-3B sur le pas de tir au Xichang Satellite Space Center (crédit CNSA/Weibo)

C’était le 300ème lancement de fusée Long March, toutes familles confondues. Le premier tir Long March était le premier lancement de l’histoire du spatial chinois : le 24 avril 1970, une Long March 1 mit en orbite Dong Fang Hong 1, le tout premier satellite chinois. La Long March 1 était dérivée du missile intercontinental DF-4. Ce premier lancement fit de la Chine la cinquième puissance spatiale. Aujourd’hui, avec ses 13 Long March différentes en activités et 30 lancements par an, la Chine est le pays qui fait le plus de tirs au monde. Voici quelques chiffres sur ces 300 tirs :

  • 96.4 % des lancements chinois (arrivée du newspace chinois et de ses micro-lanceurs)
  • 197 tirs assurés par la CALT (China Academy of Launch Vehicle Technology) contre 103 assurés par la CASC

 

  • 37 ans pour réaliser les 100 premiers lancements
  • 7.5 ans pour réaliser les 100 suivants
  • 4 ans pour réaliser les 100 derniers

 

  • 96 % de succès (selon les sources officielles)
  • 97 % de succès sur les 100 derniers tirs

 

  • 506 satellites lancés, dont 225 sur les 100 derniers tirs
  • 56 satellites commerciaux internationaux lancés
  • 2 stations spatiales assemblées en orbite
  • 4 missions lunaires
  • 6 vols habités
  • 240 tonnes de charges utiles envoyées dans l’espace lors des 100 derniers tirs

 

Ambiance Seigneur des Anneaux quand la LM-3B décolle : le pas de tir ressemble à Minas Morgul (crédit Weibo)

 

Retour sur Terre de DM-1

Au terme de cinq jours amarré à ISS, la capsule Crew Dragon DM-1 s’est désamarrée et est redescendue sur Terre avec à bord le mannequin Ripley ainsi que 148 kilos de matériels et résultats d’expériences en micro-gravité. Pour plus d’informations regardez ici :

Crew Dragon DM1 : bon retour sur Terre

 

Premier tir suborbital de l’année depuis Kiruna

Le 5 mars la fusée suborbitale REXUS 23 a décollé du Esrange Space Center à Kiruna en Suède avec cinq charges utiles à bord. Le vol s’est bien déroulé et la fusée est montée jusqu’à 75 km. Le vol a suivi une trajectoire parabolique et la fusée est retombée doucement au sol à l’aide d’un parachute à 40 km du pas de tir. La fusée et les charges utiles ont été récupérées par hélicoptère.

Le lancement de REXUS 23 à Kiruna (crédit REXUS/BEXUS)

La fusée REXUS (Rocket EXperiment for University Students) est un micro-lanceur suborbital conçu pour emporter à la frontière de l’espace des expériences étudiantes. Pendant quelques minutes de vol la fusée sert de plateforme expérimentale pour les équipes étudiantes pour diverses expériences : étude de l’atmosphère, dynamique des fluides, mesure du champ magnétique ou des radiations, test de matériaux, physique, astrophysique, mais aussi démonstration technologique. Les campagnes REXUS sont proposées par le programme REXUS/BEXUS (BEXUS pour la mise à disposition de ballons stratosphériques), porté par les agences spatiales allemande et suédoise : DLR et SNSA. La coopération EuroLaunch, entre le centre spatial Esrange et la base de lancement mobile allemande MORABA de la DLR, coordonne la fabrication des REXUS et leur campagne de tir, avec l’aide d’experts extérieurs, notamment de l’ESA. Le programme compte une campagne de tir double par an, soit deux lancements REXUS par an. REXUS 23 était initialement prévue d’être tirée en mars 2018 mais des soucis techniques avec le tir REXUS 24 l’ont décalé à cette année. 2019 connaîtra donc trois lancements REXUS : 23, 25 et 26, le tout en trois semaines depuis Kiruna.

Intégration de la REXUS 23 à Kiruna (crédit SSC Esrange Space Center)

La fusée REXUS fait 5.6 m de haut et un diamètre de 35.6 cm. Elle est propulsée par un moteur Orion contenant 290 kg de carburant solide, capable d’emmener la fusée à une hauteur entre 70 km et 90 km selon le poids de la charge utile. Ce poids est limité à 40 kilos. La REXUS ne dispose pas de système de guidage mais seulement d’un système pour contrôler son spin. Le « nez » de la REXUS est éjectable. C’est en option mais du coup une des charges utiles à bord peut être elle aussi éjectable.

La REXUS (crédit REXUS/BEXUS)

La REXUS 23 avait à bord cinq charges utiles étudiantes. Parmi celles-ci, deux étaient sponsorisées par l’ESA :

  • Axial Retention Experiment for PMD Sponges II (ARES II), de l’université des sciences appliquées et des arts HES-SO (Suisse), dont le but est d’étudier le comportement d’un liquide au sein d’un dispositif de contrôle de propulsion d’un spacecraft, appelé « sponges ».
  • SPAce Navigation using Signals of Opportunity (SPAN), de l’université de Porto, pour tester un dispositif de positionnement alternatif à la géolocalisation comme le GPS ou Galileo.

Les trois autres charges étaient allemandes, sponsorisées par la DLR :

  • DAEDALUS (JMU Würzburg) : pour collecter des données dans le but d’étudier la rentrée atmosphérique d’un planeur.
  • TESOS (TU Munich) : mesures en vol de la température à l’aide de capteurs équipés de fibre optique.
  • VIPER (Aachen University of Applied Sciences) : étude de la vaporisation de la glace au cours du vol.
La fusée REXUS 23 et toute l’équipe de campagne à Kiruna (crédit SSC Esrange Space Center)

Sources : ESA, REXUS/BEXUS

 

Le forage de la sonde HP3 interrompu

Le forage du sol martien par l’instrument de la DLR porté par la mission Mars Insight a été interrompu au bout d’une trentaine de centimètres de descente. Le sol est plus dur que prévu et la mole fait face à un obstacle.

Pour plus de détails regardez ici :

La sonde HP3 a rencontré des obstacles sur son chemin vers les entrailles de Mars.

 

En bref

L’ESA lance une consultation citoyenne

Chers lectrices et lecteurs, saisissez cette chance ! Pour la premier fois l’ESA nous donne directement la parole au sujet de l’avenir à long terme de l’exploration spatiale européenne. Jusqu’à fin juin, l’ESA demande notre avis sur les priorités scientifiques auxquelles devra répondre le programme spatial européen sur la période 2035-2050.

Aucune connaissance précise n’est nécessaire pour répondre à ce questionnaire. Les scientifiques européens seront eux consultés spécifiquement. Pour plus d’informations, regardez ici :

http://www.esa.int/fre/ESA_in_your_country/France/Contribuer_a_faconner_le_programme_de_l_ESA_-_Agence_spatiale_europeenne_dans_le_domaine_des_sciences_spatiales

Pour répondre au sondage allez ici : https://esa.sciwise.org/

Hayabusa 2 prépare sa seconde collecte

Jeudi 7 et vendredi 8 mars la sonde japonaise Hayabusa 2 est redescendue près de la surface de Ryugu pour inspecter le site S-01 de la seconde collecte. La sonde est allée jusqu’à 25 mètres au-dessus du site S-01 pour le cartographier le plus précisément possible.

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Le site S-01 est le site de la future seconde collecte, une troisième collecte est encore prévue avant de repartir pour la Terre (crédit JAXA)

 

Beresheet nous envoie un selfie

Le lander lunaire privé israélien en route pour la Lune a pris sa première photo. Pour plus d’informations regardez ici : Un selfie avec la Terre pour Beresheet

Selfie sur fond de Terre (crédit SpaceIL)

 

L’ESA donne le feu vert pour lancer la mission Smile

Le 5 mars, le comité scientifique de l’ESA a validé le développement de la mission Smile (Solar wind Magnetosphere Ionosphere Link Explorer), pour étudier la reconnexion magnétique entre la magnétosphère terrestre et le vent solaire. La mission se fera en collaboration avec la Chine. La sonde de 2.2 tonnes sera lancée en 2023 par une Vega-C ou une Ariane 6 version 62.

La sonde Smile sera positionnée sur une orbite très elliptique dont l’apogée sera à 121 000 km. Ainsi Smile aura toutes les 51 heures une vue prolongée sur les pôles magnétiques terrestres (crédit ESA)

 

Hubble subit à nouveau une petite panne

Le 28 février la caméra ACS du télescope spatial Hubble s’est mise automatiquement en mode veille après avoir détecté une erreur lors d’un redémarrage de routine. L’erreur indiquait que le software ne s’était pas correctement chargé dans une petite partie de la mémoire de l’ordinateur. L’équipe d’opération à la NASA n’a pas détecté d’autre erreur après cet incident et a donc décidé de remettre la caméra ACS en mode opérationnel.

La caméra ACS (Advanced Camera for Surveys) avait été réparée en 2002 lors de la dernière mission de maintenance du télescope avec la navette spatiale américaine. Plus de 5500 publications scientifiques ont été faites grâce aux données de la caméra ACS.

Le Champ profond de Hubble a été développé notamment grâce aux données de la caméra ACS (crédit NASA)

 

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Une réflexion sur “Actualités spatiales du 4 au 10 mars : le 300ème lancement Long March

  • Michel Clarisse

    NB : la Chine prépare un lanceur super-lourd, la CZ-9 (ou LM-9) qui sera décliné en 3 versions au moins.

    La première version, dite CZ-9 allégée, à moins qu’elle ne soit désignée sous un autre numéro, devrait pouvoir satelliser 71 tonnes en orbite basse, soit 2 fois moins que la Saturn V des années 60, mais 3 fois plus que la Proton.

    Les deux autres versions devraient pouvoir satelliser de 130 à 140 tonnes en orbite basse. Elles sont donc équivalentes à la Saturn V du programme Apollo (13 lancements, tous réussis, de 1967 à 1973), à son équivalent soviétique, la N-1 (Nositel-1) qui n’a connu que des échecs (4 de 1969 à 1972), à Energiya (2 vols, tous 2 réussis mais 2 vols seulement en 1987-88) et au futur lanceur américain SLS.

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