L’actualité spatiale du 26 novembre au 2 décembre : Insight, Rockot et PSLV
Sauf si vous étiez sur une autre planète, vous connaissez déjà l’actualité principale de la semaine :
Un nouvel engin sur Mars : Insight
L’atterrissage de la mission Insight s’est correctement déroulé lundi 26 novembre. L’article du blog qui en parle : Insight sur Mars !
Et à revivre sur le live de Stardust au CNES de Toulouse auquel j’ai participé :
Début des vérifications du bon fonctionnement du lander
Dès le 27 novembre, les vérifications du bon état d’Insight après son atterrissage ont démarré, à commencer par le déblocage et le déploiement du bras robotique qui sera nécessaire à l’installation sur le sol martien des instruments SEIS et HP3 :
Le cache sur l’objectif de la caméra ICC (Instrument Context Camera) a été retiré le 30 novembre, dévoilant un peu plus le sol martien devant Insight :
De nouvelles images de Mars par un cubesat
Deux cubesats, les MarCo A et B ont survolé Mars alors qu’Insight atterrissait sur la planète. MarCo-B a renvoyé de nouvelles images au cours de la semaine.
Trois nouveaux satellites militaires russes sur orbite
Jeudi 29 novembre à 2h28 UTC, le lanceur Rockot a décollé depuis le Cosmodrome de Plesetsk. La fusée équipée du 3e étage Briz-KM a mis officiellement sur orbite moyenne 3 satellites de télécommunications pour le ministère de la Défense de la Fédération de Russie, sous l’appellation officielle Kosmos-2530, Kosmos-2531 et Kosmos-2532.
Il s’agit du deuxième lancement en 2018 du lanceur Rockot. Le lancement précédent de Rockot était avec le satellite européen Sentinel-3b (Sentinel-3b) en avril dernier.
Les 3 satellites semblent être des satellites connus sous les 2 appellations Strela-3M ou Rodnik-S. Mais cinq objets spatiaux ont été repéré par la surveillance spatiale américaine comme étant sur orbite, et non quatre comme attendus (trois satellites et l’étage supérieur de Breeze KM). Selon Russianspaceweb, l’objet supplémentaire pourrait être un satellite manoeuvrable comme ce fut le cas lors des trois lancements Rockot précédents, destinés à faire des inspections d’autres satellites en vol…
PSLV met 31 satellites sur orbite
Jeudi 29 novembre à 4h27 UTC, une fusée PSLV, pour Polar Launch Satellite Vehicle, a décollé du Satish Dhawan Space Center (Sriharikota).
La charge utile principale était le satellite HysIS, un satellite indien d’imagerie hyper spectrale qui a été placé sur une orbite héliosynchrone polaire à 636 km d’altitude. Ce satellite a été conçu par l’ISRO, l’agence spatiale indienne, pour capturer des images de la Terre dans des longueurs d’ondes visibles, dans l’infrarouge proche et dans l’infrarouge à ondes courtes, sur 316 bandes en tout. Les applications potentielles vont de la recherche météorologique et climatique à la surveillance de l’agriculture et à la gestion de l’eau.
Le 4e étage du lanceur s’est rallumé par la suite 2 fois afin de placer sur orbite héliosynchrone polaire à 504 km d’altitude pas moins de 30 satellites co-passagers :16 cubesats type Flock, pour la constellation Dove de la société Planet, 4 cubesats Lemur-2 pour la constellation Spire ainsi que d’autres cubesats américains et des cubesats australien, canadien, finlandais, colombien, hollandais, malaisien et espagnol [détails dans le press kit]. Tous pour de l’observation de la Terre, des services de météorologie ou pour une démonstration technologique.
Le lancement de jeudi était le deuxième en 15 jours pour l’ISRO, après le lancement d’une fusée GSLV Mk.3 et du satellite de communication GSAT 29 le 14 novembre. C’était également le sixième lancement indien de l’année et le quatrième vol PSLV en 2018. Un autre lancement, une GLSV Mk II, est prévu à mi-décembre.
EN BREF
Pas de lancement de Falcon 9 comme prévu initialement cette semaine
Le lancement a été reporté une première fois à cause de la météo, et ensuite ajourné le 2 décembre pour cause de vérifications complémentaires sur le second étage.
Un lancement important pour SpaceX car il lui faut démontrer que ses premiers étages de la version Block 5 peuvent revoler au-delà de 2 fois comparativement à la version précédente. Cette version a été annoncée comme pouvant revoler jusqu’à 10 fois sans maintenance lourde. De plus, cette mission baptisée SSO-A doit mettre sur orbite 64 satellites pour divers clients américains et internationaux.
Un nouvel équipage attendu pour l’ISS
La Soyouz transportant le vaisseau Soyouz MS-11 a été roulé sur son pas de tir le 1er décembre. Le lancement prévu le 3 décembre à 11h31 UTC est le premier décollage depuis la mise sur orbite avortée du Soyouz MS-10 et ses 2 cosmonautes en octobre dernier. Si tout se passe comme prévu, l’équipage, le Russe Oleg Kononenko, l’Américaine Anne McClain et le Canadien David Saint-Jacques arriveront 6 heures après le décollage à bord de l’ISS.
Un nouveau projet de la NASA annoncé pour la Lune
Cette semaine, la NASA a annoncé le projet Commercial Lunar Payload Services, ou CLPS, pour l’envoi par des sociétés privées d’instruments scientifiques et de charges utiles de démonstration technologique sur la Lune à bord de robots commerciaux. La NASA a ainsi sélectionné 9 entreprises privées américaines dont certaines n’ont encore rien fait de notable dans le spatial. Les projets lunaires se succédant coté américain depuis plusieurs années, il est difficile de voir clair dans le futur de l’exploration lunaire voire de Mars. Pour en savoir plus, lisez l’analyse d’Eric Bottlaender.
La Corée du Sud lance son premier étage de lanceur
Mercredi 28 novembre, la Corée du Sud a testé avec succès le lancement d’un premier propulseur de fusée équipé d’un moteur indigène, ouvrant la voie au développement du premier véhicule spatial entièrement conçu et construit en Corée, le KSLV-2, fusée à 3 étages, surnommée Nuri, d’ici 2021. Le décollage a eu lieu depuis le centre spatial Naro dans la province du Jeolla du Sud . La fusée d’essai a atteint une altitude maximale de 209 kilomètres, 319 secondes après le décollage, et a atterri en toute sécurité dans les eaux internationales au sud-est de l’île de Jeju. Le temps de combustion du moteur a été de 151 secondes, dépassant l’objectif fixé de 140 secondes. La Corée du Sud est donc devenue le onzième pays à disposer de la technologie des moteurs pour un lanceur spatial après les États-Unis, la Russie, le Japon, l’Inde, l’Union Européenne, la Chine, l’Ukraine, Israël, la Corée du Nord et l’Iran.
La vidéo du résumé de la semaine
Elle arrive !
La Corée du Sud est donc devenue le onzième pays à disposer de la technologie des moteurs pour un lanceur spatial après les États-Unis, la Russie, le Japon, l’Inde, l’Union Européenne, la Chine, l’Ukraine, Israël, la Corée du Nord et l’Iran.
NB : selon Wikipedia, les pays ayant lancé (au moins) un satellite avec leur propre lanceur et donc désignés « puissances spatiales » sont les suivants (par ordre chronologique) :
1 URSS ; 2 USA (et Allemagne…) ; 3 France (et Allemagne…) ; 4 Japon ; 5 Chine ; 6 Royaume-Uni ; 7 Europe (même si ce n’est pas un pays à proprement parler) ; 8 Inde ; 9 Israël ; 10 Iran ; 11 Corée du Nord ; 12 Corée du Sud ; 13 Nouvelle-Zélande.
Il y manque l’Ukraine.
A noter les tentatives avortées du Brésil, de l’Argentine, de l’Afrique du Sud, du Pakistan…