Un voyage en Guyane avec Space Elevator
Un article un peu plus personnel cette fois-ci pour vous faire part de mon dernier voyage en Guyane.
Après avoir participé à 4 campagnes de lancement au Centre Spatial Guyanais, je revenais 20 ans après la première et plus de 10 ans après la dernière, celle du télescope spatial Gaia, mais dans un contexte différent : j’accompagnais un groupe de5 lycéennes et lycéens, Camille, Faustine, Kimberley, Julien et Nolhan, et leur professeure Hélène Mathès, du lycée Claude Nougaro de Caussade (Tarn et Garonne), gagnant du concours 2024 de l’association Space Elevator. Cette association a pour objectif d’augmenter la diversité sociale et de genre dans les activités spatiales, en faisant des actions auprès des collégiens et des lycéens de la France entière voire d’ailleurs.
Nous avons embarqué le mercredi 10 juillet depuis l’aéroport de Toulouse pour Cayenne. À l’arrivée, le ton est donné : des posters d’Ariane 6 sont partout.
Nous avons raté le vol inaugural d’une seule journée car notre voyage était réservé avant l’annonce de la date du décollage, et il ne nous était pas possible de modifier nos dates. Mais le fait d’arriver après le lancement, nous a permis de visiter des installations d’Ariane 6 qu’il n’aurait pas été possible avant le décollage.
Pour la première journée dans ce département de l’outre-mer, direction l’un des lieux les plus touristiques de Guyane : les Îles du Salut, au large de Kourou. Une première rencontre avec la faune locale : singes, lézards et agoutis. Un moment aussi pour mieux connaître le passé historique du département, et pas forcément très glorieux : les bagnes.
Le vendredi 12 juillet, nous avions rendez-vous au Centre Spatial Guyanais (CSG) pour une visite “VIP” organisée par le CNES. Nous avons pu aller au niveau des installations du nouveau lanceur européen Ariane 6 : le Centre de Lancement (CDL), le Bâtiment d’Assemblage Lanceur (BAL) et le pas de tir.
Dans le CDL, Lucie, notre guide, a exposé les différences entre Ariane 5 et Ariane 6, et nous a montré les consoles des ingénieurs qui surveillent les paramètres du lanceur lors du vol. Nous avons eu la chance de voir l’étage central du modèle de tests des essais combinés dans le BAL (mais pas de photos possibles à l’intérieur).
Nous avons pu nous approcher du portique mobile et voir différents systèmes sols comme les bras cryogéniques de remplissage en carburant du lanceur ou les impressionnants carnaux d’évacuation des gaz au décollage. Nous avons pu aussi constater les faibles dégâts du pas de tir suite au décollage, juste de l’herbe bien cramée !
La visite s’est poursuivie sur le pas de tir Ariane 5, avec le mât de connexion de la table de lancement, son système de déluge d’eau et les carnaux.
Sur la route, nous avons pu voir les 2 tables de lancement Ariane 5 et le Bâtiment d’Intégration Lanceur (BIL) et Bâtiment D’assemblage Final (BAF).
Nous avons pu rentrer dans le bâtiment appelé “Ensemble de préparation des Charges Utiles” (EPCU) S5, où les clients des lanceurs préparent les satellites avant le lancement. Dans ce bâtiment équipé de “salle blanche”, les contraintes des satellites en termes de poussières, hygrométrie et température sont prises très au sérieux. Nous avons eu le droit à des explications sur les différentes phases de préparation, dont le remplissage en carburants, activité extrêmement dangereuse.
Pour finir, direction la Salle Jupiter, la salle où les données des différents systèmes du lanceur et du segment sol sont regroupées pour que le Directeur des Opérations puisse donner le Go au décollage et aussi suivre l’ensemble du col du lanceur. C’est la salle, que l’on voit sur les retransmissions des lancements, où se trouvent les clients du lanceur, les invités et les représentants des agences spatiales.
Aimée Cippe du CNES, première femme Directrice des Opérations (DDO) nous a présenté son parcours d’ingénieure jusqu’à chargée de mission “Innovation et Préparation du futur” au CSG. Une personne du Bureau Local de Compétences nous a présenté les différents métiers présents sur le CSG et l’opportunité de postuler à des stages sur le site.
La journée dédiée au spatial n’était pas finie car le soir même, nous dînions avec Aline Decadi, ingénieure à l’Agence Spatiale Européenne, et responsable de la sécurité et de la sauvegarde sur Ariane 6. Aline a pu parler de son parcours et de son rôle pour prévenir tous les cas de panne sur Ariane 6, projet sur lequel elle travaille depuis 10 ans.
Le samedi, c’est jour de marché à Cayenne ! Un bon moyen de découvrir la préfecture et quelques spécialités locales comme le pitaya et les piments.
Pour notre dernier jour complet en Guyane le dimanche 14 juillet, nous avions réservé une excursion sur le lac du barrage du Petit Saut. Le bon moyen de découvrir la pirogue, très utilisée en Guyane, dès qu’on va en dehors de la côte et idéal pour essayer de voir la faune de la forêt amazonienne. Nous avons pu voir des martins-pêcheurs, des toucans, des rapaces, une loutre, des papillons de toutes sortes, dont des magnifiques Morphos, papillons bleus, l’un des symboles de la Guyane. Le tout dans un décor de forêt engloutie par les eaux mais avec des plantes diversifiées dont de nombreux épiphytes.
Camille, Faustine, Kimberley, Julien et Nolhan, et leur professeure Hélène, ont vécu un séjour bref en Guyane, après un travail de plusieurs semaines sur leur projet “Lunaponie”, gagnant du concours 2024 de Space Elevator.
Et pour moi, c’était aussi avec émotions que je revenais en Guyane, en espérant y revenir dans les prochaines années pour y voir cette fois-ci un décollage d’Ariane 6 🚀
Si les objectifs de l’association Space Elevator vous parlent, rejoignez-nous en tant que bénévoles ! Et pour les collégiens et lycéens, regardez nos actions 2025.
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