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ISS, CSS & vols habités en orbite basse

L’ESA lance un projet de transport cargo en orbite basse avec deux entreprises sélectionnées

En mai, l’Agence Spatiale Européenne a sélectionné 2 entreprises pour le développement d’un cargo de ravitaillement automatique réutilisable pour l’ISS et les futures stations privées en orbite basse dans le cadre du programme LEO Cargo Return Service.

Retour (tardif) sur cette annonce et sur les projets.

Le programme « LEO Cargo Return Service »

Le 22 mai 2024, lors d’un Conseil de l’espace, le directeur de l’ESA, Josef Aschbacher, a signé des contrats avec l’entreprise franco allemande The Exploration Company et Thales Alenia Space en Italie, pour développer un service de retour de fret en orbite terrestre basse (LEO).

Illustration du LEO Cargo Return Service

L’accord porte sur un financement de 25 millions d’euros par entreprise sur 2 ans, jusqu’en juin 2026, pour le design initial d’un cargo automatique réutilisable. L’ESA prévoit d’attribuer des contrats pour la deuxième phase du programme LEO Cargo Return Service [Service de retour de fret LEO] en 2026, en vue d’un vol de démonstration aller-retour vers la Station Spatiale Internationale (ISS) en 2028. Les entreprises sélectionnées doivent financer par ailleurs au minimum 20% du développement, mais pourront vendre les services de transport de fret par leur cargo à d’autres clients que l’ESA. La règle du retour géographique ne serait pas applicable à ce programme, ce qui permettrait sans nul doute des économies et aussi de pouvoir tenir un calendrier rapide.

Six entreprises ont répondu à un appel à projet de l’ESA fin 2023. On ne connaît pas officiellement le nom des 4 autres entreprises, mais il y avait probablement ArianeGroup avec son projet Susie et l’entreprise allemande Rocket Factory Ausbourg avait annoncé en septembre 2023 son cargo Argo. Sans doute leurs projets ne correspondaient pas en termes d’emport ou de calendrier de développement. Un troisième candidat pourrait être repêché pour la seconde phase de démonstration en vol.

Le programme LEO Cargo Return Service est pour l’ESA un moyen de « poursuivre ses efforts d’exploration, ainsi que de renforcer l’indépendance de l’industrie européenne dans la future économie en orbite basse terrestre ». Le programme semble s’inspirer du programme COTS (Commercial Orbital Transportation Services) de la NASA démarré il y a plus de 10 ans et qui a donné naissance aux cargos Dragon et Cygnus.

Le cargo qui sera développé par les entreprises devra être capable de transporter jusqu’à 4 tonnes en orbite basse. Contrairement aux cargos ATV qui se désintégraient dans l’atmosphère terrestre après leur désamarrage de l’ISS, ce cargo « nouvelle génération » devra atterrir ou amerrir et devra être réutilisable, au moins pour la partie pressurisée comme le Dragon de SpaceX.

L’ESA laisse la porte ouverte à une modification en version habitable.

L’expérience de Thales Alenia Space

Thales Alenia Space en Italie est le maître d’œuvre industriel. Thales Alenia Space (TAS) en France participera au développement du véhicule tandis qu’ALTEC, société conjointe entre TAS Italia et l’Agence spatiale italienne, sera responsable du développement du segment sol et de l’infrastructure de servitude et de récupération au sol.

Thales Alenia Space est déjà contributeur du cargo Cygnus de Northrop Grumman en fournissant la structure, ainsi que celle du module de service du vaisseau Orion. TAS a réalisé le véhicule démonstrateur de rentrée atmosphérique IXV et prépare le Space Rider.

Le démonstrateur technologique de véhicule de rentrée ERV (Earth Re-entry Vehicle) servira de base de R&D pour l’évolution vers ce futur service de transport de fret en orbite basse. TAS annonce que le futur cargo pourrait aussi être compatible de la station Lunar Gateway.

Le démonstrateur technologique de véhicule de rentrée ERV (Earth Re-entry Vehicle) (crédit TAS)

The Exploration Company, l’entreprise « New Space » européenne

The Exploration Company (TEC) est une entreprise franco-allemande créée par la française Hélène Ruby en 2021. Elle a la volonté de développer très rapidement de nombreux systèmes en interne pour « démocratiser l’accès à l’espace ». L’entreprise est basée principalement à Bordeaux et à Munich. La société a effectué une levée de fonds de 44 millions de dollars début 2023, l’une des plus importantes à ce jour pour une start-up spatiale européenne.

TEC a envoyé son premier démonstrateur de capsule, Bikini, après 9 mois de développement, sur le vol inaugural Ariane 6. Malheureusement, la capsule n’a pu être larguée de l’étage supérieur du lanceur à cause de l’anomalie de celui-ci. L’entreprise a toutefois validé un certain nombre d’opérations nécessaires pour ses prochaines missions.

Pour le LEO Cargo Return Service, TEC propose le cargo Nyx. Le cargo serait capable de faire revenir sur Terre jusqu’à 3 tonnes de fret, soit une masse bien plus grande que les autres cargos existants. Il serait également capable de rejoindre la station lunaire Gateway. Son système de propulsion serait un carburant non toxique mais il n’y a pas de précisions sur les carburants utilisés.

TEC a déjà signé un contrat pour rejoindre la future station spatiale d’Axiom Space avec Nyx.

Après Bikini, le prochain démonstrateur de TEC est en cours de fabrication, mais ça sera pour un prochain article… [Le post d’aujourd’hui est une introduction à celui qui suivra dans quelque temps 😉].

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