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Astronomie

Recette en vol en cours pour le télescope spatial Euclid

Le télescope spatial européen Euclid a quitté la Terre le 1er juillet dernier et se dirige vers le le point de Lagrange L2 Terre/Soleil situé à 1,5 million de kilomètres de la Terre, dans la direction opposée au Soleil, un point d’équilibre gravitationnel [article détaillé sur Euclid].

Les points Lagrange associés au système Soleil-Terre (crédit NASA/WMAP Science Team)

Quelques heures après la séparation du lanceur Falcon 9, une première manœuvre a été réalisée afin de modifier la trajectoire de la sonde d’environ 2,14 m/s.

Position d’Euclid sur sa route vers L2 au 6 juillet, vue au-dessu du plan écliptique ou plan Terre-Soleil (crédit ESA)

Les équipes du Centre des Opérations de l’ESA, l’ESOC, à Darmstadt en Allemagne, ont ensuite effectué les premiers tests des équipements de la plateforme d’Euclid. Il s’agit de la phase de recette en vol.

Du 4 au 8 juillet, la sonde a été orientée pendant 96 heures vers le Soleil, mais sans éclairer directement le miroir principal, afin d’éliminer toute trace d’humidité terrestre, qui, une fois dans le froid du vide spatial, peut aller geler sur les parties les plus froides du télescope, à savoir les miroirs et les détecteurs. Cela entraînerait une déformation des images obtenues par le télescope. Le module de charge utile d’Euclid est refroidi passivement à des températures cryogéniques, de sorte que toute vapeur d’eau dégazée de matériaux embarqués tels que les multicouches d’isolant (MLI) recouvrant le satellite pourrait se condenser sur les détecteurs et les miroirs. Cette opération a d’autant plus de ce sens qu’en début de “vie” de la mission Gaia, un tel souci de contamination avait été rencontré.

Modèle mathématique et schéma de principe du module charge utile ou PLM (Payload Module) d’EUCLID. Le faisceau de lumière arrive au niveau des instruments après le miroir M3. Une lentille dichroïque laisse passer le flux infrarouge vers l’instrument NISP et réfléchit le flux visible vers l’instrument VIS (crédit : Airbus Space Toulouse)

Le 6 juillet, le mécanisme de la roue à filtres à l’intérieur de l’instrument NISP a été activé pour la première fois en vol. La roue NI-FWA (ou NISP – Filter Wheel Assembly) sera utilisée pour la réalisation d’images dans les trois bandes photométriques. La roue à grisms NI-GWA (ou NISP – Grism Wheel Assembly) sera utilisée pour disperser la lumière dans des bandes spectrales déterminées et dans des orientations différentes [plus de détails sur le site du CNES]. L’ESOC a reçu les télémétries indiquant la position précise des roues et à pu les faire tourner.

A gauche, la roue à filtres du NISP (NI-FWA), à droite, la roue à grisms du NISP (NI-GWA) lors de l’assemblage de NISP (crédit : Euclid Consortium/NISP Team/LAM)

Le 9 juillet, l’antenne à gain élevé a été déployée. Elle était repliée lors du décollage pour ne pas être une excroissance sous la coiffe et aussi mieux supporter les vibrations du lancement. Cette antenne sera utilisée pour envoyer quotidiennement plus de 100 Go de données compressées du vaisseau spatial vers une grande antenne du réseau de communication en espace profond de l’ESA Estrack.

L’antenne à gain élevé est ici en configuration repliée en salle d’intégration chez Thales Alenia Space (crédit Revesdespace)

Les 11 et 12 juillet, l’électronique de contrôle de l’instrument VIS a été activée et les équipes de la mission ont vérifié son bon état de fonctionnement.

Le système de micropropulsion, avec 6 moteurs redondants à gaz froids qui assureront un pointage fin du télescope et ainsi permettre des images de la plus haute qualité, a également été allumé pour la première fois en vol, et testé avec succès.

Du 15 au 18 juillet, les contrôleurs de la mission ont allumé les détecteurs VIS et NISP pour commencer à percevoir la lumière par le télescope. Mais les optiques ne sont pas focalisées comme attendu et cela va faire l’objet des activités à venir.

Toutefois, les capteurs VIS captaient plus de lumière que prévu. Le télescope spatial a été dans différentes directions pour confirmer si la lumière inattendue n’est détectée que dans des orientations spécifiques. Ainsi les équipes de l’ESA et des industriels pourront en savoir plus sur l’origine de cette lumière “parasite” et comment elle pourrait être réduite. A suivre… [Je mettrai à jour l’article si besoin dans les semaines à venir]

La recette en vol d’Euclid doit se poursuivre dans les semaines à venir. Les premières observations en phase opérationnelle ne devraient commencer que fin septembre/début octobre.


En route pour L2, Euclid a pu être observé par le télescope Canada-France-Hawaï alors que la sonde se trouvait à une distance d’environ 920 000 km de la Terre :

La traînée d’Euclid se déplaçant devant les étoiles de fond peut être vue dans cette séquence de 26 expositions (de 3 minutes chacune), dans le champ de vision du télescope de 3,6 m au sommet de Mauna Kea (Hawaii) (crédit Canada-France-Hawaii Telescope).

Source : ESA

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