Prichal, un nouveau module pour l’ISS
Après l’arrivée du module Nauka en juillet, la Station Spatiale Internationale vient d’accueillir un nouvel élément sur son segment russe : Prichal (Причал, ou quai en russe).
Un nouveau noeud d’amarrage pour le segment russe
Avec l’arrivée du module Nauka à l’ISS, le segment russe de l’ISS a perdu un noeud d’amarrage pour des vaisseaux et des cargos : Pirs. Prichal vient remplacer Pirs et bien plus encore.
Prichal est un module sphérique qui dispose de cinq ports d’amarrage : quatre ports hybrides passifs axiaux et un port traditionnel actif du côté face à la Terre (Nadir) pour permettre l’amarrage des vaisseaux spatiaux Progress et Soyouz, voire pourquoi pas d’autres vaisseaux compatibles. Et ce nouveau noeud comporte évidemment le port d’amarrage passif pour son attachement à l’ISS au niveau du module Nauka.
Prichal fournira également une capacité de transfert de carburants des cargos Progress vers le module Nauka.
Le nouveau module pèse près de 5 tonnes au décollage pour un diamètre d’environ 3,3 mètres et un volume total de 19 mètres cubes.
Ce nouveau module comprend aussi des systèmes embarqués : contrôle d’équipement, liaisons radio, navigation, contrôle thermique, approvisionnement en gaz, des lignes de transit pour le ravitaillement.
Au départ, Prichal devait permettre la connexion de 2 nouveaux modules russes à l’ISS : NEM-1 et NEM-2. L’arrivée de ces 2 modules a été annulée pour la Station Spatiale Internationale suite aux retards de Nauka et à des problèmes financiers. On pourrait peut-être les revoir un jour dans le cadre d’une station spatiale russe indépendante, la Russian Orbital Service Station (ROSS)…
Comme Nauka, un lancement retardé
Le lancement de Prichal a été retardé à de nombreuses reprises suite au retard de Nauka [(re)lire Nauka, enfin un module scientifique russe pour l’ISS]. De plus, il fallait plusieurs sorties spatiales russes entre les lancements de Nauka et Prichal afin de préparer l’arrivée de ce nouveau noeud. Ce fut chose faite avec les VKD 49 et 50 en septembre.
Le lancement de Prichal s’est fait grâce à un remorqueur spatial (space-tug) un peu particulier : le Progress M-UM, un cargo Progress modifié qui ne comprenait que le module de service (PAO).
Le Lancement a lieu le 24 novembre depuis le cosmodrome de Baïkonour à bord d’une Soyouz 2.1b.
Après que Prichal ait atteint son orbite comme prévu, le désamarrage du cargo Progress MS-17 a eu lieu le 25 novembre pour libérer le port nadir du module Nauka.
Un amarrage sans souci en mode automatique
Comme pour l’amarrage du module Nauka en juillet, l’ISS a été tournée à 180° pour avoir le segment russe orienté vers l’avant par rapport au vecteur vitesse de la Station. L’ISS était alors inclinée à 90°, de sorte que l’axe principal du module Nauka (et la direction de l’approche finale de Prichal) soit aligné avec le mouvement orbital.
L’amarrage entièrement automatisé de Prichal à Nauka a eu lieu le 26 novembre 2021 suivant le profil de rendez-vous standard de deux jours avec l’ISS pratiqué pendant de longues années par les vaisseaux russes même si ces derniers mois, les records de durée ont été pulvérisés [3h03 pour Soyouz MS-17].
Et ensuite ?
Le départ du Progress M-UM sans le module Prichal est actuellement prévu le 21 décembre (heure UTC), laissant le port d’amarrage libre pour un prochain vaisseau ou cargo.
En janvier 2022 (le 19 janvier si tout va bien), les cosmonautes Anton Shkaplerov et Pyotr Dubrov devraient effectuer une sortie dans l’espace afin de faire passer des câbles d’alimentation et de données entre Prichal et Nauka pour compléter son intégration.
Le premier vaisseau qui devrait accoster à Prichal devrait être le Soyouz MS-21 en mars 2022, qui amènera trois cosmonautes russes pour un séjour de six mois à bord de l’ISS.
Cet article est arrivé très tardivement après les évènements. Pour ceux/celles qui ne le savent pas, je fais ces articles sur le reste de mon temps libre, et dernièrement il a été plutôt limité. De plus quelques ennuis de santé ont ralenti ma présence derrière le clavier. Merci d’avance pour votre compréhension.
La nouvelle station spatiale russe, ROSS (Russian Orbital Service Station), devrait être construite à partir de 2025. Les Russes continueront cependant à utiliser et à occuper l’ISS jusqu’en 2028 environ, de telle sorte que, dans les années 2025-28, il pourrait y avoir des cosmonautes russes à bord de deux stations spatiales, voire de trois avec celle qu’ils devraient faire en commun avec les Chinois… et dont certains éléments pourraient être lancés depuis le CSG (à ne pas confondre avec la CSG…). Wait and see…
La station ROSS n’est pas confirmée à ce jour me semble-t-il. Le financement reste un gros problème côté russe.