Première sortie spatiale pour Samantha Cristoforetti
L’astronaute de l’ESA, Samantha Cristoforetti a réalisé ce 21 juillet la première sortie spatiale de sa carrière. C’est aussi la première EVA (Extra Vehicular Activity) d’une Européenne.
Samantha Cristoforetti et Oleg Artemyev ont réalisé la VKD-54 (pour ВКД = Внекорабельная деятельность = activité hors-vaisseau) depuis le segment russe. Elle a duré 7 heures et 5 minutes.
Oleg portait le scaphandre Orlan de commandant à rayures rouges et Samantha un Orlan à bandes bleues. Le cosmonaute Sergey Korsakov a aidé les cosmonautes à s’habiller et a surveillé leurs activités depuis l’intérieur de la Station.
La sortie dans l’espace a été effectuée à partir du compartiment d’amarrage du module Poisk, qui est devenu la norme depuis le départ du module Pirs en 2021. L’EVA a débuté à 14h50 UTC.
Oleg et Samantha ont travaillé sur la mise en service du bras robotique européen ERA qui est installé sur le module NAUKA. Ils ont déplacé le panneau de commande externe du bras, adapté la protection isolante et remplacé une protection sur la caméra du bras.
Le bras ERA, pour European Robotic Arm, fourni par l’ESA, vient compléter les 2 bras robotiques de l’ISS qui n’accèdent pas au segment russe de la Station. Lancé avec retard comme Nauka, il aidera toutefois les astronautes lors des futures activités extravéhiculaires. ERA est capable d’exécuter de nombreuses tâches automatiquement ou semi-automatiquement, peut être dirigé de l’intérieur ou de l’extérieur de la Station, et il peut être contrôlé en temps réel ou préprogrammé. ERA peut s’ancrer sur la Station et reculer et avancer par lui-même, entre des points de base fixes. Une fois le bras robotique complètement opérationnel, les premières tâches d’ERA en orbite seront de configurer le sas du module Nauka et d’installer un radiateur sur le module.
C’était la troisième sortie dans l’espace qui comprend des tâches autour de la préparation du bras robotique européen pour ses premières opérations sur Nauka.
Des sorties dans l’espace supplémentaires sont prévues pour continuer à équiper le bras robotique européen et pour activer le sas de Nauka pour les futures sorties dans l’espace.
Oleg Artemyev a également effectué le déploiement manuel de 10 nanosatellites russes pour effectuer des expériences de technologie radio en orbite terrestre basse. Comme c’est assez fréquent lors des sorties spatiales russes Oleg Artemyev a juste doucement jeté les cubesats dans l’espace un par un, les guidant sur une trajectoire rétrograde derrière l’ISS pour éviter tout risque de collision. Les cubesats avaient été amenés à la Station par des cargos de ravitaillement Progress en février et juin.
La seule tâche non réalisée du planning de la sortie était l’extension d’un mât télescopique Strela du module Zarya vers le sas Poisk pour aider à faciliter le mouvement des astronautes et du matériel sur les futures sorties dans l’espace. Ce sera fait lors d’une prochaine sortie.
Oleg Artemyev et Samantha Cristoforetti sont rentrés dans le sas de Poisk et ont fermé la trappe à 21h55 UTC.
La dernière fois qu’un astronaute non russe a effectué une sortie dans l’espace dans une combinaison spatiale russe Orlan, c’était en 2009, pour la préparation à l’arrivée du module Poisk. Il s’agissait de Michael R. Barratt avec Gennady Padalka (Expedition 20). Samantha Cristoforetti est devenue le quatrième astronaute européen à effectuer une sortie dans l’espace dans une combinaison spatiale russe, mais le premier Européen à le faire en dehors de la Station Spatiale Internationale.
Il s’agissait de la sixième sortie dans l’espace de la carrière d’Oleg Artemyev et de la première pour Samantha Cristoforetti. Il s’agissait de la 6e sortie dans l’espace à l’ISS en 2022 [A voir sur RevesdEspace+].
Photo de couverture : Samantha Cristoforetti lors de la préparation à l’EVA avec le « sous-vêtement » dans lequel circule de l’eau pour maintenir une température agréable dans le scaphandre (crédit ESA)
Par ordre chronologique, « Sam » Cristoforetti est devenue ce 21 juillet le 243e humain à avoir effectué une EVA (sans tenir compte des IVA ni des SEVA, sinon c’est le 249e), ainsi que le 21e « autre » (c.a.d. ni Russe / ex-soviétique ni Américain ni Chinois) (après Matthias Maurer), le 2e Italien (après Luca Parmitano), la 18e femme (après Kayla Barron) et, bien sûr, la 1ère Italienne.
Les trois premiers Européens à avoir fait des EVA (ou VKD) en scaphandre russe Orlan furent Jean-Loup Chrétien, Thomas Reiter et Jean-Pierre Haigneré.
– Jean-Loup Chrétien le 09.12.1988 avec Aleksandr Volkov lors de la mission Soyouz TM-7 / Mir ;
– Thomas Reiter le 20.10.1995 avec Sergey Avdeyev lors de la mission Soyouz TM-22 / Mir ;
– Jean-Pierre Haigneré le 16.04.1999 avec Viktor Afanas’yev lors de la mission Soyouz TM-29 / Mir.
Tous les autres Européens qui ont fait des EVA les ont faites en scaphandre américain EMU.
« Sam » est aussi seulement la 3e femme à avoir effectué une EVA avec un scaphandre russe après Svetlana Savitskaya (alors soviétique) et Peggy Whitson.
– Svetlana Savitskaya le 25.07.1984 avec Vladimir Dzhanibekov lors de la mission Soyouz T-12 / Saliout-7 ;
– Peggy Whitson, 18 ans plus tard !, le 16.08.2002 avec Valeriy Korzun lors de la mission STS-111 (Endeavour F-18) / ISS-5 / STS-113 (Endeavour F-19).