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Astronomie

La comète interstellaire 3I/Atlas observée par des missions spatiales au-delà des théories complotistes

La comète 3I/ATLAS découverte en juillet dernier a fait l’objet de nombreuses observations terrestres et aussi depuis des observatoires spatiaux alors qu’elle se rapprochait du Soleil en novembre.

Après les premières images publiées en octobre d’observations réalisées depuis la planète Mars [lire 3I/ATLAS : la comète interstellaire observée par des missions martiennes], la NASA a publié en novembre les images prises par plusieurs sondes ou observatoires spatiaux du passage du troisième objet interstellaire dans notre Système Solaire. Auxquelles s’ajoutent des images par la sonde européenne JUICE ou le télescope spatial japonais XRISM.

Trajectoire de 3I/ATLAS à fin novembre (capture du site NASA)
Pour suivre la trajectoire de la comète : https://eyes.nasa.gov/staging/apps/solar-system/#/c_2025_n1

En observant la comète depuis de nombreux endroits, c’est l’occasion d’en apprendre davantage sur les façons dont 3I/ATLAS diffère des comètes locales de notre Système Solaire et offre aux scientifiques la possibilité d’en apprendre plus sur les compositions d’autres systèmes solaire peuvent différer du nôtre.

Depuis les télescopes spatiaux JWST, Hubble, XRISM, XMM-Newton et SPHERex

Le télescope spatial Hubble a été le premier des télescopes spatiaux à observer 3I/ATLAS permettant aux scientifiques d’estimer la taille du noyau de la comète entre 5,6 km de diamètre et environ 320 mètres de diamètre. Bien que les images de Hubble imposent des contraintes plus strictes sur la taille du noyau par rapport aux estimations terrestres précédentes, le cœur solide de la comète ne peut actuellement pas être vu directement, même par Hubble. 

Hubble a également photographié un panache de poussière éjecté du côté réchauffé par le Soleil de la comète, ainsi que l’allusion à une queue de poussière s’éloignant du noyau. Les données de Hubble donnent un taux de perte de poussière cohérent avec celui des comètes détectées pour la première fois à environ 480 millions de kilomètres du Soleil.

3I/ATLAS par HUBBLE le 21/07/2025 (crédit NASA, ESA, David Jewitt (UCLA); Image Processing: Joseph DePasquale (STScI))

Hubble a à nouveau observé la comète le 30 novembre, avec son instrument Wide Field Camera 3. À l’époque, la comète se trouvait à environ 286 millions de kilomètres de la Terre.

Le télescope spatial Hubble a réobservé la comète interstellaire 3I/ATLAS le 30 novembre, avec son instrument Wide Field Camera 3. Hubble a suivi la comète alors qu’elle se déplaçait dans le ciel. En conséquence, les étoiles d’arrière-plan apparaissent sous forme de traînées de lumière (crédits NASA, ESA, STScI, D. Jewitt (UCLA), M.-T. Hui (Observatoire astronomique de Shanghai). Traitement d’images : J. DePasquale (STScI)).

Le télescope spatial James Webb a observé la comète interstellaire 3I/ATLAS le 6 août, avec son instrument spectrographe proche infrarouge.

3I/ATLAS par le JWST (crédit NASA)

SPHEREx (Spectro-Photometer for the History of the Universe, Epoch of Reionization and Ices Explorer) a observé la comète interstellaire 3I/ATLAS du 7 au 15 août.

3I/ATLAS par SPHEREx (crédit NASA)
3I/ATLAS par SPHEREx (crédit NASA)

Le satellite d’astronomie à rayons X japonais XRISM a réalisé une observation du 26 au 28 novembre pendant une exposition effective de 17 heures. Les instruments de XRISM ne peuvent pas pointer près du Soleil et doivent maintenir une séparation d’au moins 60 degrés par rapport à celui-ci. L’observation a donc été soigneusement programmée pour coïncider avec le moment où la comète s’était suffisamment éloignée du Soleil pour se situer dans la fenêtre de pointage autorisée par XRISM.

La comète a dérivé lentement à travers la constellation de la Vierge pendant l’observation, de sorte que l’attitude du satellite a été ajustée environ une fois toutes les trois heures et 14 fois au total, pour maintenir la comète près du centre du champ de vision du télescope d’imagerie à rayons X Xtend embarqué sur XRISM.

La trajectoire de la comète projetée en coordonnées galactiques et la carte des rayons X de tout le ciel obtenue avec MAXI. L’encart montre des images optiques (DSS) et à rayons X (eROSITA) avec le champ de vision XRISM superposé. (Crédit : JAXA/DSS/eROSITA/MAXI)

Dans notre Système Solaire, les comètes sont connues pour émettre des rayons X. L’émission de rayons X cométaires a été découverte pour la première fois en 1996 par la comète Hyakutake et a ensuite été confirmée dans plusieurs autres comètes. Est-ce que les comètes interstellaires se comportent comme les comètes ordinaires du Système Solaire ou présentent des caractéristiques totalement différentes ?

 Image aux rayons X de la comète 3i/Atlas capturée par le télescope Xtend. L’image est créée à partir de données traitées rapidement. Le champ de vision de Xtend couvre une région d’environ 3 millions de km2, révélant une faible structure d’émission s’étendant sur environ 400 000 km autour de la comète (crédit : JAXA)

L’observatoire spatial à rayons X XMM-Newton de l’ESA a également observé 3I/ATLAS le 3 décembre pendant environ 20 heures. Pendant cette période, la comète se trouvait à environ 282–285 millions de km du télescope spatial. Les astronomes s’attendaient à voir la lueur rouge en rayons-X car lorsque les molécules de gaz provenant de la comète entrent en collision avec le vent solaire, elles produisent des rayons X. Ces rayons X peuvent provenir de l’interaction du vent solaire avec des gaz comme la vapeur d’eau, le dioxyde de carbone ou le monoxyde de carbone, que des télescopes tels que le télescope spatial James Webb de la NASA/ESA/CSA et SPHEREx de la NASA ont déjà détectés. Mais ils sont particulièrement sensibles aux gaz comme l’hydrogène (H₂) et l’azote (N₂). Ceux-ci sont presque invisibles pour les instruments optiques et ultraviolets, tels que les caméras du télescope spatial Hubble de la NASA/ESA ou du JUICE de l’ESA. Cela fait des observations aux rayons X un outil puissant. Ils permettent aux scientifiques de détecter et d’étudier des gaz que d’autres instruments ne peuvent pas facilement repérer.

Cette image montre une vue aux rayons X de 3I ATLAS par XMM-Newton de l’ESA. Au centre de l’image, une tache rouge vif se détache sur un fond sombre. À partir de ce noyau, de faibles gradients de violet et de bleu se propagent vers l’extérieur, créant un cadre rectangulaire légèrement tourné, divisé par une fine ligne horizontale, l’espace du détecteur. La couleur rouge montre des rayons X de faible énergie, le bleu marque un espace vide avec très peu de rayons X. Le marqueur d’échelle “5 arcmin” donne une idée de la dimension spatiale (crédit ESA/XMM-Newton/C. Lisse, S. Cabot & the XMM ISO Team)

Une analyse préliminaire des données obtenues, après reconstruction d’images centrées sur la comète, a révélé une faible lueur de rayons X s’étendant sur environ 5 minutes d’arc, correspondant à une distance de 400 000 km, autour du noyau cométaire. Cette étendue est difficile à expliquer uniquement par le flou dû aux performances d’imagerie de XRISM, suggérant la possibilité d’un nuage diffus de gaz entourant la comète et brillant faiblement en rayons X sur plusieurs centaines de milliers de kilomètres. Cependant, des structures similaires peuvent résulter d’effets instrumentaux tels que le vignettage ou le bruit du détecteur, une analyse plus minutieuse est donc nécessaire avant de confirmer que l’émission est vérité d’origine comique.

Observations depuis Mars

La caméra HiRISE (High Resolution Imaging Science Experiment) à bord du Mars Reconnaissance Orbiter (MRO) de la NASA a pris cette image de la comète interstellaire 3I/ATLAS le 2 octobre 2025. La comète se trouvait alors à environ 0,2 unité astronomique (30 millions de kilomètres) de l’orbiteur martien. L’image est floue car ce n’est pas la vocation première de cette caméra d’observer le ciel mais plutôt la surface martienne, brillante, proche et stable.

La comète 3I/ATLAS par MRO (crédit : NASA/JPL-Caltech/Université de l’Arizona).

La sonde MAVEN en orbite autour de Mars depuis 2014 a pu observer la comète en ultraviolet grâce à son spectrographe ultraviolet imageur.

L’instrument prend des photos dans la partie ultraviolette du spectre pour révéler la composition chimique des objets. L’image montre l’hydrogène émis par différentes sources : la comète (point faible à l’extrême gauche), l’hydrogène de Mars (émission brillante à droite) et l’hydrogène circulant dans notre Système Solaire entre les planètes (émission faible au milieu). Le spectrographe de MAVEN a distingué l’hydrogène de la comète de l’hydrogène interplanétaire et martien en utilisant un mode spécial pour séparer chaque source par sa vitesse. L’émission d’hydrogène de la comète se limite à l’emplacement de la comète dans le ciel, c’est pourquoi elle est petite et ronde au lieu d’être étendue.

Une image ultraviolette composite des atomes d’hydrogène entourant la comète 3I/ATLAS. Cette image a été prise le 28 septembre 2025, quelques jours seulement avant l’approche la plus proche de la comète vers Mars, par MAVEN (crédit : NASA/Goddard/LASP/CU Boulder).

Le halo de gaz et de poussière, ou coma, entourant la comète 3I/ATLAS a été photographié par le spectrographe ultraviolet imageur de MAVEN le 9 octobre 2025.

Le centre de l’image possède le pixel le plus brillant, indiquant où se trouve la comète. Les nuances suivantes les plus brillantes de l’image indiquent les zones où l’instrument a détecté des atomes d’hydrogène provenant de la comète. Cet hydrogène est libéré lorsque la lumière du soleil chauffe la comète, ce qui fait que sa glace d’eau se transforme directement en vapeur. Une fois libérées dans l’espace, les molécules d’eau se décomposent en atomes d’oxygène et d’hydrogène.

Le halo de la comète par MAVEN le 9/10/2025 (crédit : NASA/Goddard/LASP/CU Boulder).

Depuis les observatoires du Soleil

Certaines missions héliophysiques de la NASA ont la capacité unique d’observer des zones du ciel proches du Soleil, ce qui leur a permis de suivre la comète 3I/ATLAS alors qu’elle passait derrière vue depuis la Terre, rendant les observations avec des télescopes terrestres impossibles.

STEREO (Solar Terrestrial Relations Observatory) de la NASA a pris des images du 11 septembre au 2 octobre. Cette image montre la comète interstellaire 3I/ATLAS comme un orbe brillant et flou au centre. En parcourant notre système solaire à 209 000 km/h, 3I/ATLAS a été rendu visible en utilisant une série d’images colorisées empilées du 11 au 25 septembre, à l’aide de l’instrument Heliocentric Imager-1 (H1), un imageur en lumière visible sur STEREO-A. La colorisation a été appliquée pour différencier l’image des autres images d’engins spatiaux d’observation.

3I/ATLAS par STEREO-A (crédit : NASA/Observatoire Lowell/Qicheng Zhang).

La mission SOHO (Solar and Heliospheric Observatory), observatoire conjoint ESA/NASA a observé la comète du 15 au 26 octobre. La comète apparaît comme un léger éclaircissement au centre de l’image.

3I/ATLAS par SOHO (crédit Lowell Observatory/Qicheng Zhang).

Les images de la mission PUNCH (Polarimeter to Unify the Corona and Heliosphere) de la NASA, lancée en mars dernier, révèlent la queue de la comète lors d’observations du 20 septembre au 3 octobre. La comète 3I/ATLAS apparaît comme un objet brillant près du centre de cette image, alors que la comète se trouvait à environ 371 à 378 millions de kilomètres de la Terre. Sa queue apparaît comme un court allongement vers la droite. Les étoiles apparaissent sous forme de stries en arrière-plan.

3I/ATLAS par PUNCH (crédit NASA/Southwest Research Institute).

Depuis les chasseurs d’astéroïdes

Les 8 et 9 septembre, la sonde Psyche a effectué 4 observations de la comète en 8 heures à une distance de 53 millions de km. Ces images aideront les scientifiques à affiner la trajectoire de la comète vers l’astéroïde Psyche et à en apprendre davantage sur le faible coma (nuage de gaz), entourant le noyau de la comète.

3I/ATLAS par Psyche (crédit NASA/JPL-Caltech/ASU).

Le 16 septembre, la sonde Lucy a effectué une série d’images prises à 386 millions de kilomètres de distance grâce à son imageur panchromatique L’LORRI. L’empilement de ces images fournit des détails sur le coma, le halo flou de gaz et de poussière entourant 3I/ATLAS, et sa queue, une tache de gaz s’écoulant vers la droite de la comète. Cette image s’étend sur environ 11 minutes d’arc de ciel, soit environ un tiers de la largeur de la pleine Lune.

3I/ATLAS par Lucy (crédit NASA/Goddard/SwRI/JHU-APL).

Juice en route pour Jupiter observe aussi

La sonde européenne Juice en route pour Jupiter a également été utilisée pour observer 3i/Atlas en novembre. Cinq de ses instruments, JANUS, MAJIS, UVS, SWI et PEP, ont recueilli des informations sur le comportement de la comète et sur sa composition. Leurs données n’arriveront sur Terre qu’en février 2026, car Juice utilise actuellement son antenne principale à gain élevé comme bouclier thermique pour la protéger du Soleil, laissant sa plus petite antenne à gain moyen renvoyer les données vers la Terre à un rythme beaucoup plus faible.

Un quart d’une seule image de la caméra de navigation embarquée (NavCam) a été toutefois téléchargé à Terre. La comète très clairement visible, entourée de signes d’activité : le halo de gaz brillant entourant la comète connu sous le nom de coma et probablement deux queues. La ‘queue de plasma’, constituée de gaz chargé électriquement, s’étend vers le haut de l’image. Une plus faible ‘queue de poussière’, constituée de minuscules particules solides, s’étend vers le bas à gauche.

L’image a été prise le 2 novembre 2025, lors du premier créneau de Juice pour observer 3I/ATLAS. C’était deux jours avant l’approche la plus proche de Juice de la comète, qui s’est produite le 4 novembre à une distance d’environ 66 millions de km.

3i/Atlas par la sonde JUICE le 2/11/2005 (crédit ESA/Juice/NavCam).

Les théories complotistes

La présence de cet objet interstellaire fait naître des théories complotistes, affirmant principalement qu’il s’agit d’un vaisseau extraterrestre plutôt qu’une comète naturelle. Certains évoquent un vaisseau-mère alien ou un vaisseau avec moteurs artificiels, alimentés par la couleur bleue de l’objet et sa composition riche en nickel. Ces idées proviennent souvent de l’astrophysicien controversé Avi Loeb de Harvard, qui suggère une origine technologique sans validation par d’autres experts. Avi Loeb est déjà connu pour sa théorie controversée sur ‘Oumuamua, le premier objet interstellaire détecté en 2017.

À l’approche du Soleil, son comportement est perçu comme inattendu pour certains : au lieu de rougir, il est devenu plus lumineux et a pris une teinte bleutée. En fait, à mesure que l’objet se rapproche du Soleil, les glaces de sa surface commencent à se vaporiser. Cette sublimation libère des jets de gaz qui peuvent légèrement dévier l’objet de son orbite gravitationnelle, produisant ce que les astronomes appellent une accélération non gravitationnelle. C’est le même phénomène observé chez de nombreuses comètes du Système Solaire, comme 2I/Borisov ou même 67P/Churyumov-Gerasimenko, étudiée par la sonde européenne Rosetta.

La sonde chinoise Tianwen-1, qui orbite autour de Mars depuis février 2021, a récemment photographié 3I/ATLAS. La caméra haute résolution de Tianwen-1 a réussi à suivre la faible comète à environ 29 millions de km de distance, une tâche rendue difficile par le rôle habituel de l’engin, l’imagerie de la surface/atmosphère de Mars, et par la vitesse rapide de la comète (~58 km/s) et sa petite taille (environ 5,6 km de large)(crédit CNSA)

Quant à l’idée que la NASA « cache » des images… Les données des missions et des télescopes terrestres font l’objet d’analyses rigoureuses avant leur diffusion publique. Le délai entre l’observation et la publication est une procédure scientifique standard. De plus, la NASA a cessé ses communications publiques entre le 1er octobre jusqu’à mi-novembre en raison de l’interruption partielle des activités du gouvernement fédéral faute d’adoption du budget 2026, le fameux « Shutdown ».

La NASA et les astronomes du monde entier confirment que 3I/Atlas est une comète naturelle, dont le comportement et les caractéristiques physiques correspondent aux lois de la physique et de l’astrophysique connues. La trajectoire, la composition (notamment la sublimation des gaz qui donne la couleur bleue) et les données accumulées sur plusieurs mois par divers observatoires confirment son origine naturelle. Il n’y a aucune preuve d’un moteur ou d’activités technologiques.

Image en fausses couleurs de la comète 3I/ATLAS avec le télescope de 1,2 m du mont Abu en Inde au télescope PRL à l’aide d’un imageur à grande surface dans le filtre rouge (source et crédit https://www.isro.gov.in/Observations_Interstellar_Comet.html).

Source principale : NASA

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