L’Europe va lancer IXV, sa mini-navette expérimentale
Le 11 Février à 14h (heure de Paris), l’IXV (Intermediate eXperimental Vehicle) de l’Agence Spatiale Européenne (ESA) décollera depuis le Centre Spatial Guyanais à Kourou. C’est Vega, lanceur léger européen, qui déploiera l’engin pour une mission d’une durée d’1 heure et 40 minutes, lors d’un tir qui sera le quatrième de sa jeune carrière, débutée en 2012.
Initialement, ce lancement était prévu pour le 18 Novembre 2014 avant d’être reporté en dernière minute pour des questions de périmètre de sécurité non assuré sur la trajectoire de la fusée, d’après les sources officielles.
L’objectif de la mission est pour l’Europe de développer ses connaissances et ses technologies dans le domaine des rentrées atmosphériques contrôlées. À long terme, la maîtrise de celles-ci pourrait permettre à l’Europe d’effectuer des retours d’échantillons depuis des comètes, des astéroïdes ou même depuis Mars. En fonction des ambitions futures de l’ESA, elle serait également une clé pour le développement des vols habités autour de technologies européennes. Thales Alenia Space Italia, maître d’œuvre, est associée à une quarantaine d’entreprises européennes et la mission est principalement financée par 7 pays membres de l’Agence (Italie, France, Suisse, Espagne, Belgique, Irlande, Portugal).
Ce véhicule expérimental a des dimensions de 5m x 1.5m x 2.2m (longueur, hauteur, largeur), soit à peu près la taille d’une voiture. Il est surnommé mini-navette, puisqu’il effectuera sa rentrée atmosphérique à la manière de la Navette (Space Shuttle), nez vers le haut. Cependant, à la différence de la navette américaine, il ne dispose pas d’ailes et le contrôle de sa trajectoire s’effectuera grâce aux surfaces mobiles situées à l’arrière ainsi qu’à des propulseurs.
À l’issue du vol, les données provenant des 300 capteurs de température et pression répartis sur le véhicule permettront d’analyser son comportement aérodynamique et thermodynamique lors de la rentrée atmosphérique ainsi que les performances des matériaux utilisés pour la protection thermique.
La mission consiste en un vol suborbital (l’espace est atteint mais le véhicule suit une trajectoire balistique et retombe sur Terre, car il n’atteint pas la vitesse nécessaire à une satellisation) culminant à 412 kilomètres d’altitude, impliquant une rentrée atmosphérique hypersonique, à 7,5 km/s.
La mission se concluera après 1h40 par un amerrissage dans l’océan Pacifique, pour lequel des tests ont été effectués en Juin 2014 au large de la Toscane (Italie) avec le largage d’un modèle à l’échelle de la navette depuis un hélicoptère.
Les équipes chargées de la récupération de l’appareil ont d’ores et déjà levé l’ancre depuis le Panama, à bord du navire italien Nos Aries. Ce bateau fera également partie du segment sol de la mission (ensemble des moyens techniques permettant la communication avec la navette), aux côtés des stations fixes situées à Libreville (Gabon) et Malindi (Kenya), comme en témoigne l’antenne à la poupe du navire, sur la photo suivante.
La navette, en attente de lancement à Kourou depuis fin septembre, a d’abord été fixée le 26 Janvier sur le support qui la maintiendra en place une fois installée sur Vega. C’est ensuite le 28 Janvier qu’elle a été mise sous la coiffe qui la protégera durant l’ascension des frottements dus à l’atmosphère et dont elle devrait se séparer à environ 120 kilomètres d’altitude, soit 194 secondes précisément après le lancement ce 11 Février. Finalement, le 30 Janvier, l’étage supérieur a été installé sur le corps du lanceur Vega, qui se trouve désormais en attente de lancement.
En plus d’ouvrir la voie à de nouveaux types de missions pour l’ESA dans les décennies à venir, ce lancement est l’occasion pour les Européens, et notamment les Italiens, maîtres d’œuvres sur IXV mais aussi sur Vega, de prouver les capacités du lanceur léger à effectuer des missions variées. Il s’agira en effet du premier tir vers l’est sur une trajectoire suborbitale, puisque les lancements précédents avaient pour objectifs des orbites polaires et donc des trajectoires orientées vers le nord. Le lanceur est également prévu pour la mise en orbite héliosynchrone de charges utiles allant jusqu’à 1,5 tonne, se plaçant ainsi dans un créneau entre les lanceurs PSLV (Inde) et Dnepr (Russie).
Pour tous les détails de la mission IXV (VV04), n’hésitez pas à consulter le launch kit de l’ESA (en français).