Les astéroïdes : une vraie menace ?
Le 23 avril 2014, j’ai assisté à une conférence sur les astéroïdes donnée à la Cité de l’espace à Toulouse, et j’ai appris beaucoup de choses sur ces objets spatiaux. Voici ce que j’ai retenu de cette conférence animée par Mike Toplis, directeur de recherche au CNRS et Jean-Yves Prado, ingénieur au CNES, avec des ajouts personnels suite à des recherches sur le web.
Découverte des Astéroïdes
La loi de Titius-Bode est à l’origine de la découverte des astéroïdes. Cette loi empirique décrit une progression mathématique des distances croissantes entre les planètes, et implique qu’il devrait y avoir un corps situé entre Mars et Jupiter.
La découverte d’Uranus en 1781 par William Herschel a contribué à confirmer cette loi. Puis, la découverte des corps célestes Cérès en 1801, le plus gros des astéroïdes, Pallas en 1802 et Junon et Vesta (le 2e plus gros des astéroïdes avec un diamètre de 500 km) en 1807 a confirmé qu’il y a bien « quelque chose » à 2,8 UA du soleil.
La Ceinture d’Astéroïdes à 400 millions de km du soleil fait environ 200 millions de km d’épaisseur et n’est pas homogène.
En 1921, on dénombrait 1000 astéroïdes ; en 2000, 100 000 et on estime désormais qu’il y a plus d’1 millions d’astéroïdes.
Par contre, la masse totale de ces objets représente moins d’1% de la masse de la Terre, ou moins de la moitié de celle de la Lune.
La structure de la Ceinture d’Astéroïdes est en constante évolution en raison de l’influence de la gravité des planètes géantes, et surtout de Jupiter. L’hypothèse actuelle retenue est que les astéroïdes sont des vestiges de corps qui n’ont pu s’agréger en une planète lors du début de la construction du Système Solaire à cause de la force gravitationnelle de Jupiter.
Étude des astéroïdes et missions spatiales
La composition des astéroïdes est évaluée d’après leur spectre optique dans le visible ou le proche IR car la surface des astéroïdes absorbe différemment la lumière selon leur composition. Ils sont essentiellement composés de silicates (pyroxène, olivine) et de métaux.
La plupart des météorites trouvées sur terre sont en fait des morceaux d’astéroïdes ou des astéroïdes déviés de leur orbite par la force gravitationnelle de Jupiter ou à cause d’impacts entre eux.
Les météorites peuvent être classées en 2 catégories selon leur composition et leur structure :
- Les météorites primitives qui ont des inclusions réfractaires riches en aluminium et calcium. Grâce à elles, on a pu évaluer l’âge du système Solaire à 4567,3 millions d’années avec une précision à 160000 ans près.
- Les météorites différenciées : métamorphiques (agglomérats de matériaux) ou fondues, en raison d’une accrétion rapide.
La sonde Dawn de la NASA, lancée en 2007, a survolé l’astéroïde Vesta en 2001 :
Dawn a observé que Vesta avait un impact majeur à son pôle sud et que de la matière avait été éjectée. Dawn a permit de vérifier l’hypothèse qu’environ 1300 kg de météorites sur terre proviennent de Vesta en raison d’une composition similaire. Dawn devrait survoler CERES en 2015 et on en apprendra davantage sur les astéroïdes.
Auparavant, la sonde Galileo a survolé Gaspra et Ida en 1991 et 1993
En 2001, NEAR-Shoemaker a été le premier engin spatial en orbite autour d’un astéroïde et a faire la première descente contrôlée à la surface de l’astéroïde EROS.
En 2005, Hayabusa, une sonde japonaise, a étudié et photographié Itokawa pour plus de deux mois. Hayabusa a atterri sur l’astéroïde et aspiré une petite quantité de débris dans une capsule. En 2010, la capsule Hayabusa est revenue sur Terre et a été récupérée. La plupart des minuscules particules récupérées ont été identifiées comme des morceaux de ce qui semble être un astéroïde très primitif. Quant à l’atterrisseur MINERVA, il n’a pas réussi sa mission.
WISE ou plutôt NEOWISE depuis que la NASA a réaffecté en septembre 2013 ce télescope observant dans l’infrarouge à la recherche des astéroïdes. À ce jour, le projet a permis la détection d’environ 158 000 astéroïdes dans l’infrarouge thermique, y compris environ 700 objets géocroiseurs, et a découvert environ 34 000 nouveaux astéroïdes, dont 135 sont géocroiseurs. Le projet a également détecté plus de 155 comètes, dont 21 découvertes.
Les astéroïdes géocroiseurs
Les astéroïdes géocroiseurs ou NEA (Near-Earth-Asteroids) sont des astéroïdes qui se trouvent sur une orbite qui passe à moins de 45 millions de kilomètres de la terre.
Pus de 140 impacts dus à des astéroïdes géocroiseurs ont été identifiés sur la terre dont les plus connus ou imposants :
- Chicxulub au Mexique. Cet impact serait à l’origine de l’extinction des dinosaures il y a 65 millions d’années.
- Tunguska en Russie. En 1908, un astéroïde percute la Terre. Huit cents miles carrés de forêt ont été dévastés. Quatre-vingts millions d’arbres sont tombés.
- Meteor Crater en Arizona
- Météorite de Chelyabinsk [voir article précédent Météorite de Chelyabinsk, un an après]
A ce jour, 10817 astéroïdes géocroiseurs sont connus dont 1465 sont potentiellement dangereux. 90% des gros NEA, d’une taille supérieure à 1 km de diamètre sont maintenant catalogués.
La surveillance est désormais mondiale : le télescope LLST au Chili, le télescope Pan-Starrs à Hawaï, le radar Arecibo (observation de la forme par radar), NEO-Wise (voir ci-dessus), …
Mais que faire en cas d’astéroïde géocroiseur vraiment dangereux ?
En 1998, 2 films américains Deep Impact et Armageddon, ont commencé à faire voir l’ébauche d’une solution face à une menace réelle d’un géocroiseur.
Plusieurs méthodes de mitigation possibles selon le contexte de détection du géocroiseur :
- On a quelques années devant nous : fragmentation par engin nucléaire ou conventionnel en subsurface.
- On a une dizaine d’années de réaction : utilisation d’un engin nucléaire en surface ou en altitude, d’explosif ou d’un impacteur cinétique
- On a plusieurs décennies d’avance : utilisation d’un tracteur gravitationnel ou d’un système de modification thermique (modification de l’effet Yarkovsky)
Il n’y a pas de solution générale. Il faudra voir en fonction des caractéristiques de l’astéroïde. La solution nucléaire semble impossible en l’état des conventions internationales actuelles. Il faudra alors une décision internationale (ONU ou COPUOS)
Pour compléter : toutes les missions passées, présentes et futures sur les astéroïdes sur le site de la NASA, le projet Near Earth Objects de la NASA, le site NEO de l’ESA
Si jamais un astéroïde s’appelle Max, alors ce sera Max la Menace !
Amitiés,
Michel