Rêves d'Espace

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Lancements

Isar Aerospace, nouvel acteur européen, décolle pour la première fois avec Spectrum mais échoue rapidement

De nouveaux acteurs émergent depuis quelques années en Europe au niveau des lanceurs . C’est l’entreprise Isar Aerospace qui inaugure les essais en vol avec son lanceur léger Spectrum. L’objectif annoncé avant le vol était de collecter un maximum d’informations pendant ce vol d’essai pour s’améliorer pour les vols à venir.

Le décollage a été effectué en début de fenêtre de lancement à 10h30 UTC ce dimanche 30 mars.

Peu après la manœuvre de tangage réalisée après moins de 20 secondes de vol, il semble y avoir eu une perte de contrôle.

Crédit live Isar/NSF

L’explosion du lanceur a eu lieu moins de 40 secondes après le décollage. Heureusement le lanceur a évité le pas de tir en retombant.

Crédit: Isar Aerospace / NSF

Isar a annoncé que la sécurité du personnel est restée sure à tout moment grâce aux mesures strictes mises en place par l’entreprise et le port spatial d’Andøya.

Spectrum, un lanceur léger, fabriqué à 95% en interne chez Isar Aerospace

ISAR Aerospace, située à Ottobrunn, près de Munich en Allemagne, a été fondée en 2018 par Daniel Metzler (PDG), Josef Fleischmann et Markus Brandl, ingénieurs issus de l’Université technique de Munich. L’entreprise tire son nom de la rivière Isar qui traverse Munich. Elle a levé jusqu’à 310 millions d’euros en tout, le record en Europe pour une entreprise privée du « New Space ». L’entreprise a été également soutenue par le Business Incubation Center et le prgramme Boost! de l’ESA lors de contrats en 2020 et 2021. Elle emploie actuellement plus de 400 personnes de 50 nationalités.

Spectrum est une fusée à deux étages, haute de 28 mètres et large de 2 mètres, avec une capacité de charge utile d’environ 1 000 kg en orbite basse (LEO) ou 700 kg en orbite héliosynchrone (SSO) pour des satellites de petite à moyenne taille et des constellations. La structure primaire du lanceur est en matériaux composites en carbone. Il utilise 9 moteurs Aquila, fabriqués en, interne par Isar, fonctionnant avec un mélange d’oxygène liquide et de propane (propolox) alimentés par une turbopompe haute pression. Le deuxième étage dispose d’un moteur Aquila optimisé pour le vide, doté d’une capacité multi-allumage, permettant des insertions orbitales précises.

Présentation de Spectrum (photo Isar / infrographie Rêves d’espace)

Le propane brûle plus proprement que le RP-1 en raison de moins de liaisons carbone-carbone, ce qui le rend bon à réutiliser en créant moins de cokéfaction du moteur et d’accumulation de suie par rapport au RP-1. Il est également plus dense que le méthane, ce qui permet des réservoirs de plus petite taille. Ces qualités en font un entrant potentiel dans le domaine moderne des carburants cryogéniques, récemment dominé par le méthane. Le mélange LOX-propane minimise la pollution, avec un indice d’octane élevé du propane et des propriétés à faible teneur en carbone améliorant la longévité du moteur. La NASA a fait des tests avec des moteurs alimentés au propane dans les années 60, mais sans y donner suite. Le moteur Aquila est un moteur à carburant liquide hautes performances qui a subi des tests approfondis, dont 124 tests « à chaud ».

Essais d’un moteur Aquila entièrement conçu, développé et construit en interne, lors d’un essai de tir à chaud sur le site d’essais de moteurs de l’entreprise à Esrange, en Suède (crédit Isar Aeropspace).

ISAR se concentre sur l’intégration verticale, l’évolutivité et autant d’automatisation complète que possible de la production ce qui, selon eux, leur permettra de construire de nombreuses fusées à des coûts compétitifs. 95% du lanceur Spectrum est développé en interne.

L’entreprise s’est dotée de nombreuses imprimantes 3D, de robots industriels usinant des pièces complexes 24 heures sur 24 en automatisant au maximum les usinages et les soudures, un grand autoclave pour la fabrication des coiffes en composites, des ateliers de fabrication de ses équipements électroniques comme l’avionique ‘ACU, Avionics Control Unit).


L’entreprise a signé en 2021 un accord avec la Norvège pour installer un pas de tir au sein du centre spatial d’Andøya. Compte tenu de son emplacement loin au nord sur le littoral, Andøya offre des inclinaisons de lancement allant de 87,4 à 108 degrés, favorables pour des orbites polaires et héliosynchrones. Le port spatial d’Andøya est actif depuis 1962 pour des lancements suborbitaux avec plus de 1 200 vols de fusées-sondes et fusées de recherche suborbitales.

Le pas de tir d’Isar à Andøya (crédit Isar)

Isar été sélectionnée par le CNES pour devenir l’un des acteurs privés pour lancer ses fusées depuis le centre spatial guyanais (CSG) à Kourou, depuis l’ancien pas de tir des fusées françaises Diamant, abandonné depuis 1975 mais en cours de réhabilitation par le CNES. La possibilité de lancer depuis 2 pas de tir permet d’ajuster la trajectoire en fonction de la demande des clients.

L’objectif d’Isar est de réaliser progressivement jusqu’à 20 lancements par an : 10 depuis la Norvège et 10 depuis la Guyane.


En avril 2021, Isar a signé un accord avec Airbus Defence and Space pour un seul lancement, avec des options de lancements supplémentaires, d’un petit satellite d’observation de la Terre. En octobre 2021, EnduroSat a signé un accord avec Isar pour lancer ses satellites sur des missions de covoiturage. En décembre 2021, Astrocast, fournisseur de nanosatellites, fait appel à Isar pour ses prochains lancements.

L’agence spatiale allemande, le DLR, a sélectionné 7 charges utiles de cinq institutions par le biais d’un concours de microlanceurs, pour le vol inaugural. Les charges utiles proviennent d’Allemagne, de Norvège et de Slovénie pour un poids total d’environ 100 kg.

En janvier 2023, Isar a signe un accord de covoiturage avec Spaceflight, le premier client américain d’Isar, intermédiaire entre le client et le fournisseur de lancement. Puis en mars 2025, Isar a signé consécutivement un contrat avec la société japonaise ElevationSpace pour le lancement d’un démonstrateur de rentrée atmosphérique AOBA de 200 kg dans la seconde moitié de 2026, et avec l’Agence spatiale norvégienne pour lancer deux satellites de surveillance de l’océan Arctique (AOS) en 2028.

Résumé du lancement

Isar Aerospace a annoncé juste après ce premier échec que 2 autres lanceurs étaient déjà en fabrication et donc qu’ils se préparent déjà à leurs prochains vols.

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