L’Inde sur la Lune : Chandrayaan-2 (chapitre 2 : l’atterrissage de Vikram)
Vendredi 6 septembre, l’Inde a tenté de faire atterrir son lander Vikram sur la Lune. Malheureusement, avec les informations connues à ce jour, l’exploit ne semble pas au rendez-vous pour la mission Chandrayaan 2.
Une arrivée sur la Lune sans problèmes
La mission de l’ISRO, l’agence spatiale indienne, avait très bien débuté : une mise sur orbite terrestre réussie grâce au lanceur lourd GSLV le 22 juillet, puis des manœuvres de rehaussement de cette orbite jusqu’à une injection sur une orbite translunaire le 14 août. S’en est suivie la mise sur orbite lunaire le 20 août jusqu’à la diminution de celle-ci le 1er septembre sur une orbite de 119 km x 127.
Le 2 septembre, la séparation de l’atterrisseur de l’orbiteur est effectuée sans soucis. [Chandrayaan-2 : préparations à l’atterrissage sur la Lune]
Puis, l’atterrisseur s’est rapproché de la surface lunaire après 2 manœuvres de désorbitation atteignant une orbite finale de 36 km sur 101 km.
Une descente contrôlée jusqu’à la perte de communication
Le 6 septembre (en UTC), le 7 pour l’Inde, la phase critique approche : faire atterrir le lander Vikram sur la zone visée, située près du pôle sud à 70,5° de latitude sud :
Cette visualisation a été générée à l’aide du portail Moon Trek de la NASA et des données provenant de Lunar Reconnaissance Orbiter (LRO) et Lunar Orbiter (crédit SSERVI)
Le 6 septembre à 20h07 UTC, la phase de descente de 15 minutes commence. Les 4 moteurs de freinage sont allumés.
Les moteurs de freinage ont été conçus pour ralentir la vitesse horizontale de Vikram de 1,6 km par seconde à zéro en vue de l’atterrissage.
La trajectoire est parfaitement dans celle attendue pendant plusieurs minutes. Mais peu de temps avant l’atterrissage, la courbe de la trajectoire donnée par les télémesures sort de ce qui a été prévu.
Dans les derniers mètres, un altimètre laser et une caméra dirigés vers la surface lunaire devaient fournir des informations à l’ordinateur de navigation pour contrôler sa vitesse de descente et viser le site d’atterrissage. Un moteur central devait s’allumer à une altitude d’environ 13 mètres pour contrôler les dernières secondes de l’atterrissage, afin de réduire la quantité de poussière soulevée lorsque Vikram aurait atteint la surface lunaire.
A environ 2 km de la surface, les télécommunications avec le lander ont été perdues. Pour le moment, on ignore si l’atterrisseur s’est écrasé ou non.
On ne sait pas encore quels sont les éléments qui ont dysfonctionné. L’ISRO tente de reprendre contact avec le lander et de faire une image du site d’atterrissage avec l’orbiteur.
Des objectifs remplis
Parmi les défis technologiques de cette mission, plusieurs objectifs ont déjà été remplis avec certitude par l’ISRO :
- Gestion d’un système de propulsion à différentes étapes pour une insertion en orbite lunaire.
- Navigation, guidage et contrôle d’orbite précis
- Systèmes de communication performants
L’orbiteur fonctionne normalement
L’ISRO n’a pas tout perdu avec le probable crash de Vikram. L’orbiteur Chandrayaan-2 reste en orbite lunaire pendant au moins un an (durée de vie initiale), mais le lancement précis et la gestion du système de propulsion permettraient d’assurer une durée de vie de près de 7 ans au lieu de l’année prévue.
L’orbiteur va commencer sa cartographie des minéraux et des molécules d’eau dans les régions polaires de la Lune, à l’aide de ses huit instruments scientifiques, dont une caméra stéréoscopique à haute résolution, un radar à ouverture synthétique bi-fréquence à la recherche de traces de glace dans les pôles lunaires, un spectromètre infrarouge pour faciliter la recherche de l’eau et des capteurs pour étudier l’atmosphère ténue de la Lune.
La caméra Orbiter est la caméra ayant la plus haute résolution (0,3 m) de toutes les missions lunaires à ce jour et doit fournir des images haute résolution de la surface.
Une mission indienne qui restera de toute façon intéressante pour les scientifiques.