Rêves d'Espace

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Fin de 196 jours en orbite pour Thomas Pesquet

La boucle est bouclée. 196 jours après leur départ de la Terre, Thomas Pesquet et Oleg Novitskiy sont de retour sur le sol ferme ce 2 juin 2017. Pour vous raconter ce retour, j’ai choisi un ton très personnel car les articles des grands médias vont presque tous se ressembler. A vous d’aimer, ou pas.

Il y a 6 mois, le décollage depuis Baïkonour

Il y a un peu plus de 6 mois, je vivais l’un des grands moments de ma vie. Dans une nuit froide comme je n’avais jamais connue (-18°C), je voyais décoller une fusée russe depuis le Cosmodrome de Baïkonour, avec à son bord 3 humains dans une minuscule capsule. Trois personnes dont l’un était un Français, Thomas Pesquet. Il me semblait le connaître car je suivais sa préparation depuis plusieurs années et j’avais pu m’entretenir par 2 fois avec lui en tête à tête. Un moment magique et rempli d’émotions multiples [lire Une semaine à Baïkonour – article 1 : le décollage de Thomas Pesquet].

Ce 2 juin, le retour sur Terre de Thomas et d’Oleg, je ne peux le vivre au Kazakhstan. Le voyage à l’emplacement de l’atterrissage de la capsule Soyouz n’est réservé qu’à très peu de personnes (personnel technique, médecins, personnel de l’ESA et de Roscosmos et quelques journalistes triés sur le volet). J’aurais pu aller à l’EAC, le Centre d’entrainement des astronautes de Cologne mais, pour des raisons personnelles, je suis restée à Toulouse. Mais heureusement, plutôt que de rester seule derrière mon écran d’ordinateur ou de TV, la Cité de l’espace de Toulouse avait organisé une journée spéciale pour le retour de Thomas.

Une journée à la Cité de l’espace

C’est donc depuis la Cité de l’espace à Toulouse, que j’ai suivi, dès le matin, les opérations nominales de la fermeture des trappes entre l’ISS et le Soyouz. J’y retrouve, avant l’ouverture au public, d’autres passionnés comme moi, Serge et Olivier en tête. Mais Florence, Cécile, Valérie, Aude, Philippe et bien d’autres de la Cité ont suivi aussi avec passion la mission Proxima.

Dès 9h, on suit les premières explications du retour données par Michel Tognini, un astronaute français (2 missions à son actif, l’une sur la station Mir, et l’autre en navette spatiale) et on a bien failli louper la fermeture des trappes à 9h31, un peu en avance sur le planning.

Direct à la Cité de l’espace à Toulouse pour le retour de Thomas Pesquet : (de gauche à droite) Philippe Droneau, Bernard Comet du MEDES et Serge Gracieux commentent la fermeture des trappes (photo perso)

On sent toutefois l’émotion lors de l’au-revoir entre Peggy Whitson, qui reste à bord de l’ISS pour encore 3 mois, et Oleg puis Thomas. Cela fait si longtemps qu’ils travaillent et vivent tous les 3 ensemble. Rarement un équipage ne rentre pas ensemble sur Terre. De plus, pendant ces 6 mois, et même avant, j’ai ressenti une vraie amitié entre ces 3 personnes, ce que l’on ne voit pas dans tous les équipages de l’ISS.

Photo de Jack Fischer juste avant la fermeture des trappes de l’ISS et du Soyouz MS-03 (credit NASA)

A 10h, le public commence à arriver à la Cité. Je rencontre pour la première fois quelques personnes avec qui j’ai partagé des informations sur l’ISS, principalement sur Facebook. Elles ont fait le trajet exprès pour vivre ici le retour de Thomas depuis Pau, Carcassonne ou Perpignan. Elles sont devenues passionnées de la mission de Thomas et ont appris plein de choses sur l’espace. J’en suis ravie. Mon souhait de faire partager ma passion et de vulgariser l’espace et la technologie de ce domaine a au moins porté ses fruits avec eux.

Quelques “fans” de Thomas Pesquet et de l’ISS réunis à Toulouse ce 2 juin 2017, avec quelques membres du CADMOS (photo perso)

A 12h47, c’est le désamarrage du Soyouz de l’ISS. Le public est de plus en plus nombreux et l’excitation le gagne de plus en plus. On continue avec les explications sur la séparation des 3 modules et la rentrée atmosphérique [lire Le 2 juin, retour de Thomas Pesquet sur Terre. Explications de son voyage retour].

Serge Gracieux et sa superbe maquette du Soyouz pour expliquer le retour sur Terre de Thomas Pesquet et son petit Thomas à l’échelle (photo perso)

Vers 16h, les premières images de la capsule du Soyouz MS-03 sous son énorme parachute, déclenchent les applaudissements des personnes de la Cité de l’espace. Un vrai soulagement aussi. Tout se passe normalement.

Grâce au temps clair sur la plaine kazakhe, nous avons droit à une longue descente. De temps en temps le module balance. Michel Tognini pense que les 2 cosmonautes à bord, en plus de la gravité désormais présente et douloureuse pour les 2 hommes, doivent ressentir un certain “mal de terre”.

A 16h10 heure de Paris, comme prévu, la capsule atterrit. Malheureusement les premières images ne nous permettent pas de voir les rétro-fusées en action ni l’atterrissage proprement dit. On voit surtout un nuage de poussières.

Les premières images de l’extraction d’Oleg puis de Thomas tardent à venir. Tout le monde est impatient de les voir dehors. Les premières images sont rassurantes, Thomas sourit et semble aller bien.

Landing Thomas Pesquet

Thomas Pesquet quelques minutes après son retour sur Terre (Credit: ESA-Stephane Corvaja)

D’autres images nous parviennent, meilleures cette fois-ci. On voit Thomas et Oleg au soin des médecins et des équipes des agences spatiales russes et européennes. puis on voit Thomas signer à la craie la capsule. “Ce Soyouz, on peut l’avoir en France, à la Cité de l’espace ?” je demande à Jean-Baptiste, son directeur. Affaire à suivre…

La capsule du Soyouz MS-03 signée par Thomas Pesquet (credit Dominique Derda)

Puis Thomas est porté dans la tente médicale pour des premiers examens. Fin du live.

Une nouvelle fois, plein de sentiments différents se mêlent chez moi. Joie, bonheur, fierté de cette participation française à l’aventure spatiale, mais aussi une certaine nostalgie. Ça y est, Thomas est revenu sur Terre. On ne le verra pas de sitôt flotter en impesanteur, partager ses images de la Terre, le voir en vidéo réaliser des expériences, entendre sa voix lors des contacts radioamateurs, … Finalement ces 196 jours sont passés très vite pour moi. Suivre la mission de Thomas a participé aussi à ce que je surmonte une grosse épreuve personnelle.

Donc, merci Thomas pour cette mission passionnante !

A venir, dans le récap de la semaine, les vidéos officielles et d’autres photos, et dans les jours à venir, une synthèse de la mission Proxima en vol, car elle continue encore quelques semaines avec les examens médicaux sur Thomas et quelques expériences qui perdurent à bord de l’ISS.

5 réflexions sur “Fin de 196 jours en orbite pour Thomas Pesquet

  • Merci Isabelle pour cet article, de chez moi, j’ai suivi tout ça. C’est formidable de voir le nombre de personnes fans de tout ça aujourd’hui grâce à Thomas Pesquet, super ambassadeur !

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  • Superbe article Isabelle je ne regrette pas de tout de t’avoir connu et d’être avec toi sur ta page et aussi ma page les fans de Thomas Pesquet et de l’ISS. J’ai beaucoup appris avec toi et l’aventure continue avec toi et nos pages.
    Merci Isabelle Alain et Julian

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  • Michel Clarisse

    NB : juste avant de signer, il s’était entretenu avec notre nouveau président, Emmanuel Macron, et en même temps il était heureux de retrouver la petite planète bleue comme une orange.

    A noter qu’à l’issue de cette mission, Oleg Novitskiy et Thomas Pesquet occupent respectivement les 41e et 85e places dans le classement des astronautes, cosmonautes et taïkonautes (ne pas les oublier !…) pour ce qui est de la durée passée dans l’espace, ceci sur un total de (seulement) 550, vols orbitaux seuls.

    Oleg Novitskiy est également le 33e « Russe ou autre ex-soviétique » (pour ce qui est de la durée) – 33 Russes sur 41… – et Thomas Pesquet à la fois le 8e « autre » (ni Russe ou assimilé ni Américain) et le 2e Français (après Jean-Pierre Haigneré).

    Quant à leurs trois collègues, Fyodor Yurchikkin, Peggy Whitson et Jack Fischer, ils occupent respectivement, à cette heure, les 7e, 8e et 189e places dans ce classement. Pour Fischer, c’est bien sûr de façon tout à fait provisoire.

    A l’issue de l’expédition 52, Fyodor Yurchikkin et Peggy Whitson occuperont les 6e et 7e places et Jack Fischer – dont la première mission devrait durer environ 136 jours – se retrouvera aux alentours de la 140e place (

    Pour Peggy A. Whitson (1ère femme et 1er Américain/Américaine), il s’agit de l’expédition ISS 50-52, pour Fyodor N. Yurchikkin (7e Russe, futur 6e) et Jack D. Fischer (dont c’est le 1er vol spatial) de l’expédition ISS 51-52. En principe, ils devraient revenir sur Terre le 3 septembre prochain.

    A noter que Fyodor Yurchikkin et Peggy Whitson se verront tous deux à leur tour dépassés par Oleg D. Kononenko lorsque ce dernier effectuera la mission Soyuz MS-11 / ISS 58-59 en 2018-19. Mais on n’en est pas encore là !…

    Pendant que certains tutoient les étoiles, d’autres prennent un malin plaisir à égorger leurs semblables au nom d’une religion d’amour, de tolérance et de paix, chacun ses goûts (et ses dégoûts) !…

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  • Michel Clarisse

    suite

    A noter aussi qu’avec 196 jours 17 h 49 mn (environ), cette mission, Soyuz MS-03 / ISS 50-51, est la 16e pour la durée en ce qui concerne bien entendu les vols habités.

    Le record est toujours détenu – et pour longtemps – par le second vol de Valery V. Pol’yakov, à savoir la mission Soyuz TM-18 / Mir 15-16-17 / Soyuz TM-20, qui avait duré 437 jours 17 h 58 mn 17 s, soit pour simplifier 437 jours et 18 heures. Elle avait eu lieu du 8 janvier 1994 au 22 mars 1995.

    ***

    Par ailleurs, à noter également qu’Oleg V. Novitskiy est, bien que Russe, le 3e cosmonaute né en Belarus (ex-Biélorussie) après Pyotr I. Klimuk et Vladimir V. Kovalyonok.

    Il y avait bien aussi Boris N. Belousov mais il n’est jamais allé dans l’espace de même que celui qui aurait dû être le 1er cosmonaute biélorusse à voler en tant que tel, Yuriy M. Krivoguz, mais, finalement, il ne fut pas sélectionné, seulement présélectionné, en 2004. Sinon, il aurait pu voler à bord d’un Soyuz TMA en 2007 ou 2008.

    Belousov et Klimuk faisaient partie du groupe TsPK-3 (1965), surnommé justement “les Klimuki”, et Kovalyonok du groupe TsPK-4 (1967) alors que Novitskiy fait partie du groupe TsPK-14 (2006).

    Répondre
  • Michel Clarisse

    suite – correction

    Dans mon commentaire du 5 juin à 12 h 42, lire :

    Quant à leurs trois collègues, Fyodor Yurchikkin, Peggy Whitson et Jack Fischer, ils occupent respectivement, à cette heure, les 8e, 9e et 189e places dans ce classement. Pour Fischer, c’est bien sûr de façon tout à fait provisoire.

    Peggy Whitson passera le cap des 600 jours dans l’espace (en 3 vols) le jeudi 29 juin 2017.

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